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Centrafrique : discours de Faustin Archange Touadera, président de la république, chef de l’Etat, a l’occasion du 1er décembre 2019

Publié le lundi 2 decembre 2019  |  Le Potentiel Centrafricain
Centrafrique
© Présidence par DR
Centrafrique : discours de Faustin Archange Touadera, président de la république, chef de l’Etat, a l’occasion du 1er décembre 2019
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Mes Chers Compatriotes,

Le 1er décembre 1958, sous la conduite éclairée du Président Fondateur, Feu Barthélemy BOGANDA, le territoire de l’Oubangui-Chari fut proclamé « République Centrafricaine ».

La célébration demain, 1er décembre 2019, dans la solennité républicaine, du 61ème anniversaire de la Fête nationale de la République Centrafricaine, m’offre l’agréable occasion de rendre un vibrant hommage au Président Fondateur Barthelemy BOGANDA, à ses compagnons de lutte et à tous nos Devanciers, pour les sacrifices immenses consentis pour la défense des droits fondamentaux de l’Homme centrafricain.

Ce soir, je voudrais tout d’abord féliciter et remercier toutes nos forces de défense et de sécurité, toutes ces femmes et tous ces hommes, ainsi que notre ardente et généreuse jeunesse, qui défileront demain en donnant à la fois une belle image de la jeunesse de notre pays, du dynamisme de nos forces vives et de la renaissance des Forces Armées Centrafricaines.

Je voudrais aussi, en votre nom, associer à cette fête nationale, l’ensemble de la communauté internationale, qui a toujours accompagné notre pays, dans ses moments de joie et de douleurs.

Mes Chers Compatriotes ;

Dans mon adresse du 13 août, je n’ai pas manqué de souligner que notre accession à l’indépendance fut l’achèvement d’un rêve, celui de Barthélemy BOGANDA, celui de nos pères fondateurs.

La proclamation de la République Centrafricaine qui fut l’aboutissement heureux d’une longue lutte, était accompagnée du rêve du Père Fondateur, le feu Président Barthélemy BOGANDA : rêve d’unité nationale, rêve de développement, rêve d’un Etat démocratique.

Des valeurs comme l’unité nationale, la dignité, le travail acharné ainsi que la responsabilité, la compassion et la détermination, ont constitué le crédo du Père Fondateur dans sa quête de notre rêve national.

Le 1er décembre que nous célébrons chaque année est donc l’incarnation calendaire la plus symbolique de ce rêve républicain.

En célébrant cette Fête nationale, nous devons être solidaires de nos devanciers et nous engager résolument à construire notre pays dans l’unité, la dignité et par le travail qui constituent la devise de notre République.

Mes Chers Compatriotes,

Nous célébrons ce 1er décembre à un moment crucial de l’histoire de notre pays. A cette occasion, je voudrais tenter de répondre à vos interrogations sur les problèmes qui nous préoccupent tous ; qu’il s’agisse de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, signé le 6 février 2019; qu’il s’agisse du contexte assez tendu de la politique intérieure de notre pays ; qu’il s’agisse des prochaines élections présidentielle et législatives.

Comme vous le savez, je me suis engagé à être continuellement à votre écoute, à trouver des voies et moyens de sortir notre pays de la situation dramatique dans laquelle il a été plongé par des choix politiques irrédentistes de certains de ses fils.
Les choix politiques et les sacrifices que nous avons consentis depuis le 30 mars 2016 ont abouti, grâce à votre soutien et l’appui de la communauté internationale, à la signature d’un Accord de paix, prometteur.

Cet Accord, qui demeure une œuvre humaine, donc perfectible, semble ne pas avoir levé tous les doutes dans l’esprit de certains d’entre nous.

Je vous exhorte à ne pas céder au pessimisme et aux manœuvres de diversion qui pourraient mettre en péril la perspective d’un retour à une paix durable en Centrafrique.

Cette paix durable, à laquelle nous aspirons tous et pour laquelle je consacre toute mon énergie, est avant tout une responsabilité nationale.

Il appartient donc aux Centrafricains, avec l’aide de nos partenaires, de s’approprier l’Accord pour la paix et la réconciliation et de trouver les voies et moyens pour sa mise en œuvre efficace et effective.

Les raisons évoquées, Mes Chers Compatriotes, pour expliquer la situation de notre pays ne sont cependant pas propres à la République Centrafricaine ; plusieurs nations à travers le monde se développent dans un contexte souvent difficile, voire contradictoire.

Je sais que nous sommes capables de transcender nos divergences et nos intérêts égoïstes et de nous mettre résolument au travail pour la relance économique de notre pays.

Si nous persistons dans les luttes fratricides, dans d’éternels débats et autres diatribes pour la revendication du pouvoir politique, il est à craindre que nous occultions l’essentiel, à savoir le développement socio-économique de notre pays.

Je vous invite donc à revenir à l’essentiel, aux fondamentaux de développement identifiés par le Père Fondateur de la République, à savoir : nourrir, vêtir, loger, soigner et instruire.

Mes Chers Compatriotes,

L’autre source de préoccupation que je souhaiterais aborder avec vous concerne le climat politique actuel. Sur le plan de la politique intérieure, j’observe deux faits dominants qui semblent attiser les humeurs et alimenter les contradictions.

Il s’agit de l’Accord de paix que je viens d’évoquer et les prochains scrutins présidentiel et législatifs.

Je déplore notamment le climat délétère qui s’est instauré dans le débat politique de notre pays.

Dans le contexte délicat qui est le nôtre, ma tâche est de me placer au-dessus des contingences partisanes et en particulier, d’éviter que les passions ne s’exacerbent et que le débat contradictoire, propre à toute démocratie, ne prenne l’allure de guérilla permanente et de règlement de compte.

Notre Constitution nous donne le droit à la liberté d’expression et selon ce principe, le débat politique se doit être libre, vigoureux, éducatif, digne et courtois.

Mais il ne doit pas semer la discorde et saper la confiance des Centrafricains envers leurs institutions démocratiques.

En ce qui me concerne, je me suis toujours efforcé de donner au débat politique toute sa dignité, toute sa noblesse et toute sa hauteur.

En ma qualité de Père de la Nation, je dois veiller à ce que chacun garde son sang-froid ; je dois veiller à ce que les principes républicains, consacrés par notre Constitution, soient respectés par tous.

C’est ce à quoi je me suis employé depuis un peu plus de trois ans sans me dédire.

L’approche des élections présidentielle et législatives ne justifie pas que l’on puisse céder aux passions les plus basses et les plus dangereuses.

Le peuple centrafricain a trop souffert. Le peuple ne veut pas la guerre. Le peuple veut la paix.

J’en appelle donc à la sérénité, à la responsabilité de chacun et à une conception plus haute de l’intérêt du pays et de la République.

La République ne se construit pas par la démagogie et le mensonge !

Mes Chers Compatriotes,

Permettez-moi enfin d’aborder le troisième fait dominant qui est au cœur de nos préoccupations actuelles. Il s’agit des prochains scrutins présidentiel et législatifs.

Ces scrutins constituent une occasion historique pour consolider les espoirs suscités par l’Accord pour la Paix et la Réconciliation entre le Gouvernement et les groupes armés.
La mobilisation des ressources financières est désormais une urgence et une priorité. A cet effet, j’ai donc instruit le Gouvernement de tout mettre en œuvre pour que le financement de ce double scrutin soit assuré.

Je me suis adressé aux partenaires internationaux de la République Centrafricaine et à la communauté internationale, pour qu’ils saisissent cette occasion historique pour garantir, dans les délais constitutionnels, la tenue d’élections crédibles, libres et équitables sur toute l’étendue du territoire national.

Mes Chers Compatriotes,

Il y a des signes qui ne trompent pas, il faut savoir les lire. J’observe que les contributions de l’Union Européenne et du Gouvernement ont déjà été mobilisées.

J’observe également avec satisfaction la récente décision du Conseil de Sécurité d’élargir le mandat de la MINUSCA pour l’assistance, la coordination et la sécurisation électorale en Centrafrique.

Cette décision constitue un signal fort envoyé à la communauté internationale et à nos partenaires afin d’indiquer que les élections doivent se tenir dans les délais.

Je ne doute pas un seul instant que ce signal arrivera à destination et qu’il nous permettra de combler le reste du budget.

Je ne ferai donc pas de politique fiction. Ce n’est ni mon rôle, ni ma mission. Je m’adresse à vous en toute responsabilité, en exerçant pleinement la charge qui est la mienne, avec la certitude que les élections se tiendront dans les délais constitutionnels.

Le Gouvernement est à pied d’œuvre, il y va de la pérennisation de l’Accord de paix et de la stabilisation politique de notre pays.

Je vous exhorte donc à la retenue.

Mes Chers Compatriotes ;

Je ne peux terminer cette adresse sans avoir une pensée particulière pour les milliers de nos Concitoyens qui se sont retrouvés sans abri, submergés par les eaux à travers tout le pays, après les pluies exceptionnelles et incessantes de ces dernières semaines.

En cet instant solennel où la Nation s’apprête à fêter sa République et son unité, où notre pays fait corps avec lui-même, je veux ici adresser en son nom notre compassion, notre sollicitude aux populations et aux familles victimes de ce terrible épisode climatique.

Je pense à ces maisons emportées par les eaux, ces quartiers où les habitants ont été contraints de se déplacer les pieds dans l’eau ou en pirogue, à ces familles contraintes de dormir sans toit ni moustiquaire pour les protéger.

Je pense à ces problèmes de nourriture et de santé, à la souffrance des enfants.

Le Gouvernement, en coordination avec les différents acteurs en charge de la situation, mène une concertation avec nos différents partenaires pour trouver dans les plus brefs délais les réponses les plus adéquates à la situation de nos Compatriotes sinistrés.

D’ores et déjà, je voudrais féliciter le Gouvernement, les acteurs humanitaires et tous les hommes de bonne volonté, pour leurs précieuses contributions qui ont permis de sauver des vies et préserver les moyens de subsistance de nos Compatriotes, victimes de ces catastrophes naturelles.

En terminant mon adresse, je formule le vœu ardent que cette célébration consacre solidement la réconciliation et l’unité de tous les Centrafricains.

Bonne fête nationale à toutes et à tous.

Vive la République !

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine !
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