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Birao, la détermination d’un enseignant volontaire à rouvrir les portes de l’école

Publié le mardi 10 decembre 2019  |  MINUSCA
Birao,
© Autre presse par DR
Birao, la détermination d’un enseignant volontaire à rouvrir les portes de l’école
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C’est un septuagénaire, majestueux dans sa djellaba et débordant d’humour mais aussi d’énergie, qui vient ce matin ouvrir les portes de l’école préfectorale de Birao. Zacharias Bangué, alias ‘’Atta-jeune’’ se livre à cet exercice tous les matins ou presque, espérant que le nombre d’élèves soit plus important que la veille.



Ce retraité de l’Armée centrafricaine s’est retiré dans sa ville natale pour, dit-il, pour y passer tranquillement le reste de sa vie. Une région où, du fait des problèmes liés au déploiement des enseignants, les élèves n’ont pas plus de cinq mois de cours dans l’année scolaire. Face à cet état de choses, le vieil homme a donc décidé de se rendre utile, en se reconvertissant en maître communautaire, communément appelé maitre-parent. En l’absence d’un directeur titulaire, il fait également office du premier responsable de l’établissement, en même temps qu’il est le président de l’Association des parents d’élèves de la Vakaga.



« Je suis maitre-parent depuis 20 ans. Birao est enclavé. C’est difficile de venir ici de Bangui. Les enseignants affectés par l’Etat arrivent souvent vers janvier ou février, ou ne viennent pas du tout », déplore-t-il.A la question de savoir comment il vit de ce nouveau métier, Atta-jeune répond qu’il vit grâce aux dons des parents d’élèves. « Parfois les parents se concertent et me donnent quelque chose en nature ou en espèce. De toutes les manières, je ne fais pas ça pour gagner de l’argent. Je veux juste être utile. J’ai fréquenté dans cette école en 1955. Je me sens redevable », dit-il avec une certaine fierté.



Une rentrée scolaire bien plus que timide



Aux environs de 8 heures locales, timidement, les élèves commencent à venir. Ils seront finalement une trentaine à faire le rang devant une salle de classe. Le maître volontaire, assisté de deux autres communautaires, les fait entrer dans une salle de classe après qu’ils ont chanté la Renaissance, l’hymne national centrafricain. « On les mets tous dans la même salle pour mieux nous occuper d’eux individuellement parce qu’ils sont de différents niveaux. Comme ils ne sont pas nombreux, on s’en sort », déclare l’un des enseignants communautaires.



Atta-jeune explique ce faible taux de présence par le fait que les parents ont peur. « Des rumeurs circulent fréquemment qu’il y aurait d’autres attaques, ce qui fait que les parents préfèrent garder leurs enfants avec eux. D’autres les envoient au champ », regrette-t-il.



« Tout est question de sécurité. Nous avons peur. Par exemple, la semaine passée, une rumeur circulait qu’il allait y avoir des affrontements. Comment laisser les enfants venir à l’école dans une telle incertitude ? Il faut que l’Etat fasse quelque chose, avec ou sans la crise, les enseignants viennent toujours tard ici. Ce n’est pas normal », confirme Daoud Hassan, un parent venu accompagner ses deux enfants.



Juste derrière l’école préfectorale, une poignée d’enfants jouent au ballon, tandis qu’une dizaine est regroupée sous une tente et écoute une histoire que leur raconte un moniteur. Ce sont les plus petits. Et ils sont réunis dans ce lieux appelé ‘’Espace ami des enfants’’ créé par l’ONG War Child, sur financement de l’UNICEF, afin d’occuper les enfants à travers des activités ludiques.



Vaille que vaille, Birao et ses fils tentent de garder leurs enfants à l’école, et espèrent un coup de main de l’autorité pour les loger à la même enseigne que ceux qui, dans d’autres régions, en ont repris le chemin depuis plus de deux mois.
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