Ambiance des plus paisibles, ce vendredi 6 décembre 2019, jour de marché hebdomadaire à Birao, ville située au nord-est de la Centrafrique, dans la préfecture de la Vakaga, forte de ses 14 000 habitants. Au Marché central, l’un de principaux lieux d’affluence de la ville, les relations sont conviviales, amicales et multi-ethniques pour une population récemment meurtrie par des violences intercommunautaires.
On y trouve toute une gamme de produits neufs ou recyclés. Tout cela dans une effervescence qui ne vous laisse pas indifférents. Tout au long de l’artère principale qui traverse le marché, des étals de fruits et légumes, ainsi que d’autres produits alimentaires tels que le poisson frais ou fumé. Toutes les langues y sont parlées, de l’Arabe, au Sango, en passant par le Sara.
Le marché de Birao, point de départ des malheureux événements de septembre 2019, semble avoir fait sa mue, et renait douloureusement mais joyeusement de ses cendres. Quatre mois après les escalades, les adversaires d’hier peuvent s’asseoir et dialoguer de nouveau.
Des avancées rendues possibles par les médiations successives du Gouvernement, de la MINUSCA, et surtout des autorités coutumières locales, avec à leur tête le Sultan-maire de la ville.
En bordure de la principale artère, entre un kiosque de recharge de téléphones et un vendeur d’oignons, se trouve l’étal de Khalid Ramadan, 32 ans et père de 7 enfants. Le jeune homme, vendeur de pièces détachées pour engins à deux roues et accessoirement mécanicien de son Etat, confie que la clientèle a chuté mais que ses compères commerçants et lui ne lâchent pas prise. « Nous essayons de redonner ses vraies couleurs àce marché », dit-il. « Dans un passé récent, le marché accueillait plus de monde en provenance de Bria, du Soudan, du Tchad, de partout ! Et les recettes étaient très bonnes. Avec l’engouement qu’on constate actuellement, j’ai bon espoir qu’on revient à cette époque », positive-t-il.
Que se taise une fois pour toutes le langage des armes
Mais ce qui le chagrine le plus, c’est de voir ses enfants à la maison. Et pour cause, les écoles de Birao n’ont pas effectué la rentrée scolaire 2019-2020. « Sincèrement c’est énervant. Que se taise une fois pour toutes le langage des armes, pour permettre à nos enfants de reprendre leur vie normale pour contribuer à la reconstruction de ce pays. Comment un père de famille peut-il être heureux de voir ses enfants à la maison, plutôt qu’à l’école ?», lâche le jeune commerçant en essayant de dissimuler une colère qui fait vite place à la sagesse et à l’espoir. « Que les jeunes qui se laissent manipuler par ces gens, et prennent conscience du mal qu’ils se font entre eux et aux personnes innocentes. Trop de sang a coulé. Qu’ils s’asseyent et se parlent, en toute franchise et honnêteté. C’est possible. Tout problème se résout par le dialogue ! », plaide Khalid, en espérant que son appel fera écho comme ultime solution pour le retour définitif à la paix dans la localité.
La présence des casques bleus du contingent zambien de la MINUSCA qui patrouillent régulièrement au marché comme dans toute la ville pour protéger les civils et leur permettre de reprendre le cours normal de leur vie est un atout pour important sur lequel il faudra capitaliser. Et la communauté internationale et le Gouvernement se tiennent aux côtés du peuple centrafricain en général, et des populations de Birao en particulier, pour un retour définitif à la paix et à la stabilité.