Bambari (République centrafricaine) – Après avoir été torturé, disant par erreur, par des mercenaires russes en janvier 2019, le malchanceux commerçant de Bambari a trouvé la mort dans des circonstances troubles. Comme pour l’assassinat, à l’été 2018, des trois (3) journalistes russes qui enquêtaient sur le groupe Wagner, voudrait-on faire croire aux Centrafricains que cette mort est due au hasard ? Est-ce vraiment un hasard si tous ceux qui ont la possibilité de dire la vérité sur la société Wagner se font assassiner ?
Il y a un an, le 11 janvier 2019, M. Mahamat Nour, un honnête commerçant de Bambari était arrêté dans sa ville par des membres de la Wagner, cette société russe de mercenariat. Dans un contexte sécuritaire tendu, les soudards russes le confondent avec un chef de l’ex-Seleka, l’emmènent dans leur camp et le torturent pour tenter de lui soutirer des informations dont l’homme de 38 ans ignore tout. Après cinq (5) jours de sévices, les bourreaux slaves finissent par comprendre leur erreur et par le relâcher. Mahamat Nour est toutefois meurtri dans sa chair et a perdu un auriculaire.
Les faits sont graves, la MINUSCA est informée, elle mène son enquête et consigne toutes les preuves dans un rapport dont le contenu sera révélé en février 2019 par tous les grands médias internationaux comme VOA, RFI, la Libre Belgique ou le Dailymail. Tous prennent la défense des Centrafricains contre la barbarie. Le masque de la Wagner tombe et laisse apparaître le vrai visage de cette milice privée déjà envoyée en Ukraine et en Syrie pour tuer et piller.
Très vite, les médias payés par la nébuleuse d’Evgueni Prigojine (qui contrôle aussi le groupe Wagner) tenteront de défendre l’indéfendable par tous les moyens quitte à payer pour obtenir un faux témoignage.
Car les enjeux sont importants pour Monsieur Prigogine. En effet, l’homme d’affaires russe, qui a la confiance du Kremlin, a investi des sommes importantes dans l’aventure centrafricaine. Des centaines d’hommes de la Wagner se relèvent depuis des mois dans le pays avec pour mission, officiellement, de contribuer à la formation des forces armées centrafricaines. Le coût est important et l’investisseur compte en retour sur les dividendes économiques qu’il amasse à travers la société d’exploration minière Lobaye Invest. La filiale locale de Prigogine a en effet obtenu des concessions de mines d’or et de diamants dans le pays dès le milieu de l’année 2018.
Le système est bien pensé, prévu pour être rentable, et Evgueni Prigojine, qui tire les ficelles depuis la Russie, ne peut pas laisser salir la réputation de ses hommes de main une seconde fois. Déjà à l’été 2018, la Wagner a été mise en cause dans l’affaire des trois (3) journalistes russes d’investigation, assassinés dans la région de Sibut par des « hommes armés non identifiés » alors qu’ils enquêtaient sur les sombres agissements de la SMP Wagner en Centrafrique.
Or, comme ces journalistes, le malheureux Mahamat Nour a été assassiné à la fin du mois de septembre dernier alors qu’il devait être entendu par des enquêteurs. Lui aussi a été tué par des « hommes armés non identifiés » alors qu’il devenait gênant pour la Wagner et pour les intérêts de M. Prigojine. Comment penser que cet assassinat puisse être dû au hasard ou à la malchance ?
Comment ne pas s’interroger sur l’origine des commanditaires qui éliminent discrètement ceux qui gênent les actions de prédation économique de la Wagner ? A Bambari, il se murmure qu’ils viennent de Russie et qu’ils ont déboursé 10 000 dollars pour faire faire leur basse besogne.