Dans un communiqué publié quelques heures après la sentence, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) se félicite de la décision de la cour criminelle condamnant lourdement cinq responsables des milices antibalaka reconnus coupables des crimes de Bangassou en 2017, ce vendredi 07 février.
La réaction des associations des droits de l’homme n’a pas tardé après le verdict de la cour criminelle. La FIDH y voit un signe de la volonté grandissante des autorités judiciaires centrafricaines à mettre un terme au cycle de l’impunité dans le pays.
« Nos organisations, parties civiles au procès, saluent ce verdict, qui démontre la volonté grandissante des autorités judiciaires centrafricaines à mener à leur terme des procès de premier plan contre les responsables des violences et crimes internationaux qui endeuillent la République centrafricaine depuis 2012 », se félicite la FIDH dans un communiqué publié quelques minutes après le verdict de la cour criminelle.
Les 5 chefs de guerres ont été reconnus coupables de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, atteinte contre les personnes jouissant d’une protection internationale, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre et assassinat et ont été condamnés à une peine de prison et de travaux forcés à perpétuité. 17 de leurs éléments ont été condamnés à 15 ans de réclusion et 6 autres à 10 ans, tous pour association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre et assassinat.
« Par la décision rendue aujourd’hui la justice centrafricaine marque son attachement à la lutte contre l’impunité. Il faudra toutefois poursuivre les efforts pour que la situation des autres victimes soit prise en compte dans un avenir proche, car la justice demeure le dernier rempart pour toutes les victimes des crimes de droit commun et de crimes internationaux », a déclaré Maître Mathias Barthélémy Morouba, Président de l’OCDH et avocats des victimes de Bangassou.
Dans le même ordre d’idée, Joseph Bindoumi, Président de la LCDH, estime que ces jugements sont des signaux forts envoyés aux auteurs des graves crimes commis en Centrafrique et espère voir la CPS à l’œuvre. « Les tribunaux ordinaires viennent de faire un exemple en jugeant ces crimes internationaux et qui nous rassure sur la lutte contre l’impunité. La Cour Pénale Spéciale qui a débuté ses instructions, donnera plus de poids à ce combat judiciaire, ce qui, nous l’espérons, ne permettra plus aux principaux responsables de crimes graves de se tenir en dehors de la justice ».
Drissa Traore, secrétaire général de la FIDH, souhaite que tous les responsables des crimes graves en Centrafrique soient jugés, « il est désormais essentiel que les autorités continuent à soutenir les importants efforts lancés en matière de lutte contre l’impunité afin de traduire en justice les nombreux autres responsables des conflits en RCA, tant anti-balaka que ex-Seleka, et que la Cour Pénale Spéciale puisse prendre le relais de la cour criminelle en s’assurant que tous les auteurs de graves violations soient poursuivis et jugés. Nous espérons enfin que les nombreuses victimes pourront bénéficier de réparations pour leurs dommages subis », a-t-il déclaré.
Deux ans et demi après les violents épisodes de mai 2017 à Bangassou ayant causé la mort de plusieurs dizaines de civils et de plusieurs casques bleus, la cour criminelle de Bangui a rendu aujourd’hui et après 3 semaines de procès un verdict très attendu. Elle a condamné lourdement cinq responsables de milices anti-balaka : Kevin Bere Bere, Romaric Mandago et Crépin Wakanam (alias Pino Pino), Patrick Gbiako, Yembeline Mbenguia Alpha, ainsi que 23 autres miliciens sous leurs ordres.
Cette condamnation est prononcée au lendemain du premier anniversaire de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA signé le 06 février 2019, qui a vu la participation des principaux chefs rebelles impliqués dans plusieurs violations graves des droits de l’homme à l’intérieur du pays.