Samedi 20 décembre 2014, à l’hôtel Ledger Plazza, le président du parti FPP (Front patriotique pour le progrès), Alexandre Philippe Goumba, galvanisé par la décision de la Cour de cassation du 19 novembre 2014, rejetant le pourvoi formé par le ministère de l’Administration du territoire, en vue de la dissolution de son parti, a sifflé la fin du conflit fratricide qui a duré neuf ans durant. C’était lors de la conférence de presse qu’il a animée où il en a profité pour appeler les militants et sympathisants du FPP à reprendre leur place sur la scène politique nationale et à se préparer pour aux échéances électorales prochaines en RCA.
D’entrée de jeu, Alexandre Goumba a tenu a précisé que « l’objet de cette conférence de presse n’est pas de faire un rapport sur les raisons et les explications de ce long conflit, qui, à nos yeux, est sans intérêt face à la situation dramatique dans laquelle notre pays est plongé, ni de donner des leçons à qui que ce soit. Ce qui compte pour le FPP, c’est la fin du conflit et non le conflit lui-même. » Histoire de dissiper le doute autour de sa sortie médiatique qui correspond, à priori, à une décharge sur ceux que l’on qualifierait des détracteurs du FPP.
En effet, le parti FPP du Feu président Abel Goumba a traversé depuis 2006, un rocambolesque feuilleton avec la démêlée en justice sur l’épineuse question du bicéphalisme au sein de ce parti. Et la Cour de cassation – dernier recours judiciaire par excellence a coupé court. Cette juridiction a rejeté, mercredi 19 novembre 2014, le pourvoi formé par le Ministère de l’administration du territoire, de la décentralisation et de la régionalisation contre le FPP dont il demandait la dissolution pure et simple.
N’étant pas la préoccupation première du désormais unique président du FPP Alexandre Philippe Goumba, la question de festoiement après cette grande décision de justice salutaire pour le FPP n’a pas pris beaucoup d’espace dans la conférence de presse de samedi dernier, mais plutôt les questions liées au devenir de ce parti et partant de l’avenir de la RCA qui traverse une crise sans précédent ont préoccupé le président Goumba. « Notre s’est considérablement affaibli, ses capacités (de la RCA) dans tous les sens du terme ont été réduites. » a regretté M. Alexandre Goumba qui explique que les centrafricains manquent de tout à savoir « la fourniture d’eau potable à la population pour sa santé, l’énergie dont les personnes et les matériels ont besoins : les unes pour éviter la pénibilité, les autres pour fonctionner. La santé qu’il faut assurer à tous pour que chacun tienne à bon escient son rôle dans la société, notamment dans le domaine du travail. L’éducation à laquelle chaque centrafricain, quel que soit son sexe doit avoir accès. L’assainissement, les infrastructures, la défense, etc… » a-t-il énuméré avant d’engager que le FPP se doit d’apporter sa contribution pour la reconstruction du pays.
Par ailleurs, afin que le FPP soit en mesure de dire son mot et apporter sa pierre à l’édifice, Alexandre Goumba annonce l’ouverture immédiate des grands chantiers au sein du parti qui doit asseoir les bases de l’action politique à mener. « La tâche consistera à rassembler dans un très bref délai toute la base militante votante composée des Présidents des 17 Fédérations, des présidents des 71 Sous-fédérations, des membres du Comité central et des militants de base, qu’ils soient du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, du Sud. ». Car seront ces ressources humaines qui doivent en premier lieu être mobilisées pour mener les actions futures du parti dont la dotation du FPP d’un nouveau siège, l’organisation des Conventions entre janvier et mars 2015 devant déboucher sur la désignation des militants qui se présenteront aux élections législatives de 2015 et le militant qui représentera le FPP à l’élection présidentielle.
Entre temps, Alexandre Philippe Goumba a soulevé au passage, dans le cadre de la mobilisation générale des ressources humaines de son parti, la problématique de la « politisation » des militants de ce parti pour faire d’eux un « instrument au service de la croissance et du développement qui ne peut se faire sans la participation et sans l’implication des plus pauvres dont la majorité vit en dehors de la capitale Bangui, mais qui se dirige tous les jours sur celle-ci, poussée par la pauvreté. » Il s’agit selon le président du FPP, de promouvoir la bonne gouvernance à la base, afin justement d’éviter les frustrations qui sont souvent sources de conflits.
Aussi, le FPP a profité de l’occasion pour saluer l’intervention de la communauté internationale au chevet de la RCA, mais demande par la même occasion la réhabilitation des forces de défense et de sécurité nationales : « Notre plus vif souhait est que cette viabilité soit assurée progressivement par nos Forces armées, notre Police et notre gendarmerie » comme l’a noté M. Alexandre Goumba.
C’est sur un message d’espoir pour une sortie de crise en RCA que le président du FPP a conclu son exercice de question réponse avec la presse quand il affirme « le FPP estime qu’il est toutefois possible de sortir de ce bourbier par des politiques sectorielles simples, faites de petits pas qui évitent les grands écarts, sources d’échecs cuisants et dont les populations les plus pauvres sont les victimes. » Et cela passe, selon Goumba, par l’ « usage que a communauté international et l’Etat de transition feront des Forces armées, tant nationales qu’internationales, de la bonne utilisation des capitaux qui nous sont prêtés ou alloués au titre de subventions, de la capacité du gouvernement de transition à rendre compte à ceux qui lui ont confié leur destinée, leurs capitaux.
Fred Krock