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Premiers Centrafricains décédés du coronavirus en France

Publié le mercredi 1 avril 2020  |  Autre presse
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Le COVID-19 qui après la Chine fait des ravages en Europe et particulièrement en France, frappe a déjà aussi commencé à cogner à la porte de la communauté centrafricaine. Rien que dans la journée du 30 mars 2020, trois de nos compatriotes ont été successivement emportés en région parisienne. Il s’agit de Mme Monique MAGEOT, du Pr Raymond Max SIOPATHIS et Manoel MAGEOT, frère de Monique du même nom. D'autres Centrafricains sont hospitalisés en raison du coronavirus et luttent contre la mort.

La rédaction de Centrafrique-Presse s’incline devant la mémoire de ces vaillants compatriotes et présente à leurs familles respectives et leurs proches ses condoléances les plus émues et souhaite aux compatriotes malades une totale guérison.

Elle tient à relayer ci-après le texte des hommages rendus par quelques compatriotes sur les réseaux sociaux à Monique MAGEOT par le compatriote et néanmoins confrère, Félix Yépassis Zembrou ainsi que celui de Martin ZIGUELE et Médard POLISSE BEBE qui rendent aussi hommage aux illustres disparus.

Rédaction C.A.P

Le Professeur RAYMOND MAX SIOPATHIS,

Pédiatre, ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Bangui (RCA), vient de nous quitter.

Après avoir exercé à Paris jusques à la retraite, il décède ce jour 30 mars 2020, suite à l’infection du Coronavirus (Codiv-19).

Que son âme repose éternellement en paix.

HOMMAGE AU PROFESSEUR SIOPATHIS par Médard Polisse Bébé

Ce matin du 30/03/2020, je me suis réveillé loin d’imaginer que j’allais avoir un coup de massue sur la tête. Même si la période que nous traversons actuellement est émaillée de coups de massue, celui de ce jour est particulièrement dure à supporter parce qu’il m’a pris aux tripes. Ce coup de massue, c’est celui de la nouvelle du décès de Professeur SIOPATHIS avec qui j’étais très attaché. Nous étions tellement attachés que beaucoup me prenaient pour son fils, son cadet, son conseiller, son alter ego…

Oui, en effet, Professeur SIOPATHIS, en tant que président de la Fédération France-Europe du RDC plusieurs années durant, était pour moi et beaucoup de mes frères et sœurs du Rassemblement Démocratique Centrafricain, un vrai frère, un grand-frère, un père spirituel, un conseiller et un guide. Nous avions presque tout appris à ses côtés, en sa compagnie ; nous avons appris à lutter avec lui, en s’appuyant sur son immense expérience politique et surtout son riche vécu ponctué de haut et de bas. Son charisme naturel et son aura donnaient une dimension certaine à la Fédération France-Europe du RDC, ainsi que la crédibilité et surtout le respect qu’elle inspire encore aujourd’hui.

Professeur SIOPATHIS était également un père de famille, d’une grande famille, un responsable qui savait prendre soins des siens. Il était un homme généreux et altruiste pour quiconque le connaissait. Beaucoup de centrafricains peuvent aujourd’hui témoigner des services divers et variés rendus par cet homme de cœur. Il faisait partie de ces créatures exceptionnelles dont la particularité est de se sacrifier pour les autres. Pour l’avoir connu de près, j’ai pu mesurer à quel point il pouvait taire ses ambitions personnelles lorsque l’intérêt général était en jeu. Du haut de son rang social, il pouvait, par humilité, se mettre au niveau d’un individu lambda.

Professeur SIOPATHIS était aussi d’une grande utilité pour notre pays la République Centrafricaine dans différents domaines : non seulement la politique, mais aussi le sport et surtout la médecine. Après avoir été président du club Tout Puissant USCA de Bangui, il s’était engagé, par ailleurs, comme président de la Fédération de Karaté. Son investissement pour la promotion de la jeunesse était l’un des plus admirables engagements de quelqu’un qui avait la ferme conviction que la nation centrafricaine pouvait prospérer grâce à l’épanouissement de sa jeunesse. Et pour couronner le tout, il s’était pleinement investi dans la formation des médecins et autres personnels de santé. Doyen de la faculté des sciences de la santé et directeur des services de pédiatrie, Professeur SIOPATHIS était respecté dans le milieu par son incontestable compétence, faisant ainsi de cette faculté l’une des plus attractives de l’Afrique centrale. Son immense expérience reconnue au-delà des frontières par ses pairs lui ouvrit les portes de l’exercice de sa profession dans l’hexagone jusqu’à sa retraite. Belle carrière donc !

Je garderai de Professeur SIOPATHIS l’image de quelqu’un qui aimait la vie. Le sens du goût qui le caractérise lui faisait aimer les belles choses : bons vins, bons plats, l’élégance, etc. ; c’est chez lui que nous dégustions les whiskys de grande qualité. C’était un homme de grande sagesse, très réfléchi et dévoué aux autres. Pur produit de la méritocratie centrafricaine, il restera à jamais un exemple de réussite pour les jeunes générations.

A toi Professeur, qui nous quittes dans les circonstances les plus épouvantables, toi qui nous avais habitué à braver toutes les difficultés, à franchir tous les obstacles, à affronter tous les problèmes, à relever tous les défis, te voilà emporté par la maladie à un moment où le monde entier est fortement secoué par la pandémie de coronavirus. Ne pouvant te rendre un hommage mérité, à la hauteur de ton rang, me voici résolus te dire simplement ces quelques mots : « Vas en paix avec le sentiment du devoir accompli ! ADIEU mon vieux !


HOMMAGE À UNE GRANDE DAME : MONIQUE MAGEOT

Monique Mageot est décédée. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe au sein de la communauté centrafricaine de l’hexagone, puis comme une traînée de poudre, s’est répandue au rythme effréné de cette pandémie du covid-19 qui tue impitoyablement à grande échelle. Oui notre sœur, mère et digne fille du Centrafrique nous a quittés ce 29 mars, victime du coronavirus à l’âge de 73 ans. (Une date qui coïncide avec la disparition tragique du père fondateur de la Nation Barthélémy Boganda, il y a 61 ans).

Ce malheur imprévisible plonge les parents, amis et connaissances dans la consternation d’autant plus qu’on a vu Monique en début du mois à l’anniversaire des 100 ans de la mère Piroua. Elle débordait de santé et de joie de vivre ; elle occupait une place d’or dans les cœurs de ses compatriotes, notamment celles et ceux de la génération post-indépendance.

Monique Mageot est née à Libengue, province de l’Equateur en RDC. Fille de Joseph Mageot (demi-frère de l’ancien basketteur Dr Gérard Kimoto), et de Renée Mageot née Perriere que les proches appelaient affectueusement « Maternelle ». C’est elle qui a appris à ses filles Monique, Paulette et Josette, encore élèves au lycée Marie-Jeanne Caron, à jouer au basket-ball. Ainsi Monique a évolué dans le club Hit -Trésor et a obtenu la médaille de bronze avec la sélection féminine des Fauves du Bas-Oubangui au championnat d’Afrique de Conakry en 1966. C’était l’époque où le basket centrafricain était au zénith sous l’impulsion d’un génie, François Pehoua alias Boston.

A signaler que le père Joseph Mageot est issu d’une famille portugaise , Saraiva dont le patriarche s’est établi pendant la période coloniale au Congo-belge d’abord puis en Oubangui-Chari où il a rencontré sa femme originaire de la Basse-Kotto avec qui il a eu des enfants.

Après des études supérieures en France, Monique Mageot est nommée professeur d’éducation physique au lycée Marie-Jeanne Caron à Bangui. En ce temps, le pays était au rendez-vous de toutes les manifestations sportives et culturelles. Et pour cause, le président Jean-Bedel Bokassa fidèle à sa philosophie stratégique de développement, l’Opération Bokassa, avait voulu faire de Bangui la Coquette, Ville de pari, le miroir de l’Afrique centrale. L’objectif recherché étant de hisser son pays sur l’échiquier international. Dans la foulée le Tropical Fiesta de Charlie Perriere effectue une tournée en Roumanie, tandis que Makembe de Georges Ferreira se rend à Ajaccio et quelque temps plus tard Bokassa invite les majorettes de L’ile de la Beauté au défilé du 1er décembre à Bangui. Ce fut un triomphe. Fort de cette expérience, Monique Mageot reprendra en main la direction des majorettes sous le régime du président André Kolingba. Pour cela, des jeunes filles de 10 à 18 ans sont sélectionnées dans les différents établissements scolaires de la capitale selon des critères très stricts : Pas de taches sur la peau, belle prestance physique, pas de rondeurs... Les répétitions s’effectuaient à l’intérieur et à l’extérieur du stade de Basket Martin Ngoko au grand bonheur des habitants environnants. La discipline était de rigueur d’autant plus que la formatrice était une femme de poigne. « Oh ! Tantine Monique nous grondait lorsque les mouvements d’ensemble n’étaient pas bien exécutés » se souvient avec une pointe de nostalgie Annick M, l’une des majorettes de l’époque aujourd’hui quinquagénaire. Et puis, les uniformes (jupettes, gants, chaussures bottes, chapeau-képi avec diadème et plume, canne de tambour-majorettes, etc) étaient choisies sur mesure et achetées en France. Monique faisait spécialement le déplacement pour cela.

Les majorettes étaient l’attraction du défilé civil du 1er décembre sur l’imposant avenue des Martyrs. Devant la tribune officielle, le spectacle était époustouflant. Elles présentaient au bonheur du grand public et des officiels différentes figures de leur savoir-faire ce au rythme de la fanfare de la police municipale ou parfois sur la musique de l’orchestre Musiki : « Rouler mama denda nga ma...Rouler - Changer mama denda nga ma...changer -Tamboula mama denda nga mo...so gne ». Une belle époque qui restera dans les mémoires. Malheureusement le déclenchement des mutineries dans les années 96 a contraint Monique Mageot à prendre le chemin de l’exil en France où elle a demeuré jusqu’à sa mort, laissant derrière elle trois filles, Angela, Salomé et Alaina et six petits enfants. Rappelons qu’elle était l’ainée d’une fratrie de 23 enfants.

Toutes nos condoléances à la famille et formulons un prompt rétablissement à son frère Manœl Mageot et sa femme Pierrette née Indo, qui se battent en ce moment contre le coronavirus. J’ai perdu une cousine.

FYZ
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