Ça y’est, le pays s’achemine vers le dialogue tant attendu de Janvier 2015. D’ores et déjà, les supputations vont bon train sur l’issue du Forum de la paix. Si certains Centrafricains pensent que la future plate-forme de paix accouchera probablement une souris comme les précédentes, d’autres affichent plutôt un optimisme conciliant et estiment que celle de Janvier 2015 devrait être atypique afin de réconcilier les enfants du pays entre eux.
Une chose est sûre, tant qu’on ne tire pas la leçon du passé, on risque encore de répéter les mêmes erreurs et l’on sait à quel point les faits antérieurs sont têtus. Sinon, comment le dialogue de Janvier 2015 pourra-t-il échapper au partage du pouvoir entre les protagonistes de la crise centrafricaine? L’on se souviendra encore des anciens Premiers Ministres, Ministres, Députés qui sollicitaient sans coup férir un statut particulier lors des discussions à huis clos du Dialogue Politique Inclusif de 2008, au grand dam des victimes du conflit. A vrai dire, lorsqu’on a l’estomac au talon, l’on ne pense finalement qu’a soi-même. C’est d’ailleurs à ce titre que le défunt Président Houphouët Boigny aimait répéter la célébre citation de Adlai Ewing Stevenson: « Un homme, qui a faim, n’est pas un homme libre ».
Advienne que pourra, vous comprendrez pourquoi le nombrilisme et la danse du ventre font bon ménage pendant les pourparlers de paix en Centrafrique. Grâce aux multiples dialogues qu’a connus le pays, certains trublions sont devenus des ministres, d’autres occupent des postes clés un peu partout. Ce style redondant risque de se reproduire en Janvier 2015. La probabilité est très grande car les belligérants disposent tous d’un moyen de pression pouvant leur permettre de recourir à la force à tout moment en vue d’obtenir gain de cause.
Fort de tout ce qui précède, nous souhaiterions que les organisateurs de la table ronde de paix mettent un bémol substantiel sur les questions de sociétés. Il n’est un secret pour personne que les questions de défense (sécurité), de politique et d’économie constituent très souvent les trois Commissions qui alimentent les dialogues successifs. Compte tenu de la spécificité de la brume contemporaine, il serait aisé qu’il y’ ait une Commission sociétale durant la concertation de 2015. A travers cette Commission, l’on pourra débattre de l’injustice sociale, de la redynamisation et revalorisation du socle sociale, des mesures républicaines contre l’ethnocentrisme, l’égocentrisme, le népotisme et le clanisme dans la gestion de la chose publique. Cette Commission donnera certainement lieu à des recommandations fortes sur la géopolitique, la « méritocratie » et sur un nouveau pacte sociale entre les différentes obédiences.
En partant du principe que toutes les cartes doivent être rabattues durant ce dialogue, nous préférerons que les problèmes de société soient en tête de gondole de ce marathon à venir. Encore les mots contre des maux qui empoisonneront les futurs pourparlers de paix.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste
Par RJPM