BAMBARI — Pendant que la présidente intérimaire de la république Mme Catherine Samba-Panza, qui refuse toujours de mettre les pieds en province, préférant voyager à l’étranger – elle revient là d’Egypte – cette province (oublié par la “cheffe de Bangui” comme notre confrère A. FALL la surnomme ironiquement) s’embrase de nouveau depuis une quinzaine de jours.
LE MARTYR DE MBRES
Depuis près de deux années, la région de Kaga-Bandoro ne connaît pas la paix – lire nos différentes publications sur cette ville depuis deux ans.
Plus récemment, les violences inter-rebelles auront frappées la ville de Mbrès située à 80 km de Kaga par deux fois.
En août déjà des affrontements entre les rebelles causaient plus d’une cinquantaine de morts dans cette ville, le 19 août plus précisément.
La semaine dernière, de nouveau des violences dans cette cité, pour un bilan terrible affiné récemment, s’élevant à plus d’une soixantaine de morts.
Cela, à seulement quelques jours après la tenue dans cette ville, sous l’égide de la MINUSCA, d’une cérémonie dite de réconciliation.
BAMBARI
300 km Est plus bas de Kaga, c’est la ville de Bambari qui de nouveau entre en ébullition.
Ceci s’ajoutant en plus au climat de tension continue depuis quelques mois entre les différentes factions de la Séléka, dont une s’y est installée comme étant sa “capitale”.
En début de semaine dernière, pour la première fois, une lueur d’espoir vers la paix s’annonçait là bas.
Les milices criminelles Séléka et Anti-Balaka décidaient de se rencontrer en présence de représentants de la MINUSCA et de la SANGARIS pour tenter de faire la Paix.
Mais… arrivant de la zone de Grimari, vendredi, des Anti-Balaka lancent une offensive dans l’Est et le Sud-Est de Bambari contre les Peuls et les Séléka.
L’amorce de dialogue est rompue, à peine initiée.
On comptera près d’une vingtaine de morts.
Samedi 21 décembre, le lendemain, le cycle de représailles se met en place, démarrant quelques 130 km plus bas, à Kouango.
Violents heurts entre Anti-balaka et des Peuls armés, pour un bilan mortel d’une vingtaine de morts officiels, une cinquantaine selon nos relevés terrain, dont une trentaine d’Anti-Balaka – et autant de blessés, sans compter les centaines de maisons incendiées.
Quant aux populations, comme d’habitude, faute de meilleur salut, c’est la fuite dans la brousse. Pour les plus chanceux, c’est le refuge dans la capitale Bangui.
Et des cas de conflits sont signalés un peu partout dans le pays. Pour les plus notables, à Carnot, Yaloké, Berbérati, Nola…
FORUM DE BANGUI
Et c’est justement Thomas Ndomété, le très concerné maire de Kaga-Bandoro qui mettait les points sur les “i” il y a quelques heures en évoquant le prochain Forum de réconciliation nationale dans un tel climat d’intense tension :
« Avant que le dialogue ne se tienne à Bangui, il faut une concertation locale. Les hostilités ont démarré dans les provinces avant d’atteindre Bangui. Le gouvernement doit comprendre que ce sont les paysans qui sont beaucoup plus frappés par la crise.
Pour que le forum ait un bon résultat, il doit commencer dans les communautés locales ».
Car à la base, après le Dialogue non préparé et raté de Brazzaville en Juillet dernier, l’idée de la présidente Samba-Panza était originellement de ne rassembler dans son “dialogue inclusif”, que les participants de Brazzaville, en y incluant les partis politiques et la très floue dite société civile – en gros essentiellement des entités de Bangui. L’horizon national de Mme la présidente ne se circonscrit qu’à Bangui.
Des cris de haro depuis ont retenti, dont ceux des religieux, menaçant de boycotter si les provinces n’y étaient représentées.
Le GIC-RCA embrayait en exigeant la participation de toutes les entités représentant les provinces, afin que le Forum soit effectivement inclusif, crédible et à conséquences concrètes et efficaces.
Le premier ministre Mahamat Kamoun se surprend d’une crise de lucidité : « Il faut que les autorités aillent vers la population pour ne pas laisser champ libre à toutes les bandes armées de sévir ».
Depuis deux jours, le gouvernement centrafricain en séminaire pour préparer le Forum.
Une aberration, un gouvernement n’est pas un groupe de réflexion, il n’ a pas à entrer en séminaire, mais à agir; car qui dit séminaire, dit “On ne sait pas comment faire”.
Et de quoi sera fait le dit séminaire ?
A éplucher les cris de détresse de la population de l’intérieur du pays. Il est temps !
Car à un mois de ce FORUM DE BANGUI, le gouvernement n’a toujours pas de feuille de route.
Pendant ce temps là, la France par la voix de son ambassadeur en RCA fait dans la démagogie.
Charles Malinas parle “d’accords avec les groupes armés non conventionnels sur le désarmement et la cessation réelle des hostilités.”
Accords purement imaginaires, ils n’existent pas.
De quels accords de désarmement et d’accords de cessation des hostilités parle-t’il ? Et respectés par qui ?
Mais pour la France, qu’importe le comment de ce Forum de Bangui, pourvu qu’il y’ait des élections en août.
D’ailleurs Charles Malinas toujours : « C’est un moment (le Forum) qui n’est pas la fin d’un processus mais c’est une étape d’un processus qui doit conduire aux élections ».
Mais la réalité du terrain contredit de manière sanguinaire ces petites combinazioni banguissoises et françaises.
De quoi sera fait ce FORUM DE BANGUI si les principaux protagonistes, Séléka et Anti-Balaka sont toujours en conflits violents avec la population toujours prise en otage et de plus en plus fragilisée ?
La moitié de la population centrafricaine est soit en exil forcé dans les pays voisins, soit déplacée interne, avec le commun dominateur de fragilité extrême.
Quand à l’autre moitié, elle survit très difficilement, avec économiquement parlant, un taux d’inflation à plus de 25%.
Evidemment, quand on ne reste qu’à Bangui, difficile de s’en rendre compte.
La sens des réalités est nécessairement biaisé.