Selon les Nations unies, la crise sanitaire provoquée par la pandémie du nouveau coronavirus pourrait plonger des dizaines de millions de personnes dans la pauvreté dans le monde.
Dans la plupart des pays, les stocks des dernières récoltes s’épuisent lentement, avec les mesures restrictives. Cette pandémie signifie pour une bonne partie des populations un fardeau supplémentaire d’après huit organisations non gouvernementales, dont Oxfam.
Dans certains pays, la crise sanitaire est venue aggraver celle sécuritaire qui les déstabilisait déjà. Et les plus exposés sont les populations déplacées, estime Claire Le Privé, chargée de communication chez Oxfam à Dakar :
“Au Burkina Faso par exemple, qui est confronté à une crise humanitaire sans précédent, plus de 800.000 personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays et souffrent du manque d’aide alimentaire. Et la réponse aujourd’hui n’est pas suffisante face à l’explosion des besoins. Le coronavirus vient donc empirer une situation déjà très difficile.”
Parmi les plus vulnérables, il y a aussi les enfants. Les organisations humanitaires s’appuient sur des chiffres de la Communauté économique ouest-africaine.
Flambée des prix
Selon la Cédéao, le nombre de personnes qui pourraient avoir besoin d’aide humanitaire en Afrique de l’Ouest passerait de 17 millions à 50 millions entre juin et août prochain.
Les prix des denrées alimentaires ont en effet augmenté en raison des couvre-feux et des fermetures de frontières.
Dans certains pays, les denrées de base sont souvent indisponibles malgré les efforts des gouvernements. Et pour la nouvelle saison, les agriculteurs auront du mal à obtenir des semences et des engrais de bonne qualité.
Enfin, les éleveurs nomades risqueraient d’être interdits de transhumance, toujours selon les organisations humanitaires.
“Pour les producteurs et les éleveurs également du Burkina Faso, l’impact du coronavirus se fait sentir très fortement. Par exemple, les productrices laitières affirment avoir perdu 75% de leur marché à cause du confinement de certaines villes. Elles ne pourront plus payer leurs employés et fournisseurs. Et de même, à cause du couvre-feu, la possibilité d’abreuver les animaux la nuit n’est plus possible pour certains éleveurs – du coup, ils se retrouvent très nombreux dans la journée autour des points d’eau, causant des conflits”, a déclaré Claire Le Privé d’Oxfam à Dakar.
Les organisations humanitaires demandent que les personnes vulnérables aient accès à une aide d’urgence et que la production alimentaire dans la région ouest africaine soit assurée.