TEXTES: (Is. 9, 1-6; Ps. 95/96; Tt. 2, 11-14; Lc. 2, 1-14)
« Paix sur la terre »
En période de paix, toutes les activités, mêmes menées la nuit, glorifient leurs auteurs : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Nous célébrons la douce nuit du Prince de la paix. En effet, le prophète Isaïe nous présente Dieu, bien que assis dans son trône de gloire là-haut, comme celui qui se rend présent à son peuple en partageant pleinement son histoire. Dieu répond au peuple qui murmure contre lui, lui reprochant de l’avoir abandonner dans une longue nuit de turbulence ; une nuit qui fait peur ; une nuit d’insécurité qui fait obstacle à la paix, et qui empêche de dormir en paix.
« Dans les ténèbres, une grande lumière s’est levée ;
Du pays de l’ombre, une lumière a resplendi »
Israël était alors plongé dans les ténèbres du désespoir. Le peuple est cerné par les ennemis qui lui font porter le joug dont la barre lui meurtrie l’épaule. Il entend des bruits de bottes, non pas de ceux qui annoncent la bonne nouvelle, mais des hommes aux manteaux couverts de sang qui frappent le sol et affichent leur orgueil. C’est le scandale. Le peuple est découragé. Les dieux de la grande Babylone, dispensateurs de la prospérité, qui ont séduit Israël ne peuvent pas le libérer et le sauver. Le Vrai Dieu, le Dieu d’Israël, est le seul Dieu de qui le peuple attend des jours nouveaux, des jours meilleurs. Isaïe jette le pont de la nouvelle alliance avec Dieu. Dieu ne tourne pas le dos à Israël. Il ne peut pas l’abandonné. Il fait éclater sa puissance dans les ténèbres de l’histoire du son peuple. A l’égard des ingrats qui se sont détournés de sa volonté en accumulant des crimes, sources des malheurs du peuple, Dieu par sa grande lumière expose au grand jour leurs activités des ténèbres, et leurs révèle sa justice, le don de sa grâce.
« La grâce nous apprend à renoncer aux convoitises de ce monde »
L’Apôtre Paul nous rappelle la cause de nos malheurs : « la convoitise ». Cela nous renvoie à Adam et Eve au jardin d’Eden, et à Jésus au désert. Le premier couple humain avait fait preuve de son insatisfaction de tout ce qui était mis à sa disposition. Il voulait tout avoir pour lui. Il n’y avait donc pas de raison qu’on lui interdise un seul fruit de tout l’ensemble. Il a usé de son intelligence et de la force de son bras. Il a cueilli le fruit défendu et en a mangé. Sa convoitise l’a conduit à la chute. Il a attiré le malheur sur lui et sur toute sa descendance. Incapable de gérer la suite de son histoire de vie, il a fallu pour lui un autre homme, capable de résister à la convoitise pour lever le malheur qui pèse sur sa descendance. Cet homme nouveau, c’est Jésus représenté par le petit bébé que nous voyons dans la crèche : un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire et dans une étable. C’est lui la lumière qui brille dans les ténèbres. C’est lui qui par sa naissance donne naissance au nouveau peuple de Dieu.
« Un peuple ardent à faire le bien »
Avec Jésus, Lumière du monde, l’humanité fait son entrée dans une nouvelle ère pour une histoire nouvelle. Cette nuit-là, tous ceux de la lignée de David s’étaient rassemblés à Bethléem. Les bergers, eux, avaient choisi de rester dans la campagne avec leurs troupeaux. Mais l’évènement est si grand. Il n’exclut personne. Car Dieu ne fait pas de distinction entre les peuples. Il faut aller les chercher. Qu’ils sortent des ténèbres de leurs campagnes et qu’ils viennent eux aussi à la lumière. Qu’ils se joignent aux autres, car ils n’ont plus à craindre la marginalisation. « Aujourd’hui, dans la ville de David, est né un Sauveur ». Jésus réunit les peuples. Il relève le faible, l’impuissant. Sa lumière brille dans les ténèbres de nos cœurs, et dissipe la fumée de la haine, du régionalisme, de l’égoïsme, de la division et de la guerre. Jésus comble notre espérance. Il nous fait entrer dans la paix : la paix entre nous, la paix avec les autres, la paix avec Dieu.
Alors, comme dans les campagnes de Bethléem, que toutes les régions se retrouvent dans le grand élan de la réconciliation nationale, et que la joie explose : « Paix sur la terre aux hommes qui aiment Dieu ».
TONGAMBA Pascal