L’Archvêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzaplainga a visité, mardi 23 décembre 2014, les 591 Séléka cantonnés depuis janvier dernier au Camp du Régiment de défense opérationnelle du territoire (RDOT). Cette visite s’inscrit dans la suite logique d’une première en direction des Séléka de Camp Beal, puis les Anti-balaka de Boy-Rabe
Si le sens donné aux précédentes visites de Nzapalainga est celui de donner espoir à ces jeunes (Anti-balaka ou Séléka) ayant perdu de chemin, histoire d’écouter leurs doléances afin de faciliter leur réinsertion dans la société, la visite du Camp RDOT revêt d’un double enjeu parce qu’elle est intervenue à la veille de la fête de Noël. Occasion par excellence pour Nzapalainga de fêter avec les occupants actuels de ce site de cantonnement. « Nous sommes à quelques heures d’une grande fête, la fête de Noël – la naissance de l’enfant Jésus dans notre monde. Pour ceux qui croient en Dieu, il est proche de nous. C’est par cette occasion que nous avons décidé de venir témoigner notre solidarité à nos enfants qui sont ici au Camp Beal. C’est pour leur apporter la joie de Noël. » a déclaré Mgr Nzapalainga qui ajoute, « nous sommes venus ici exprimer notre désir d’aller vers la paix, mais aussi d’écouter les autres, afin que nous convergions notre cœur et s’acheminer ensemble vers la paix. »
Tout comme chez les Séléka du Camp Beal et les Anti-balaka de Boy-Rabe (site de Monastère Marie mère des verbes), Mgr Nzapalainga s’est fait accompagner par une équipe des religieux catholiques, notamment l’équipe médicale mobilisée par CODIS (Coordination diocésaine de la santé) conduite par le Frère Elkana, l’Ong CARITAS-Bangui, la Société Saint Vincent de Paul et biend’autres fraternités de l’église catholique. De la nourriture préparée sur place avec des stocks de réserve ont été distribuée ; des habits également ont pu être distribués et ; des soins ont été administrés aux Séléka malades…
La présence de Nzapalainga au Camp RDOT, un véritable soulagement
Le sentiment d’abandon qui brûle en ces Séléka a été dissipé d’un seul coup, faisant place à la joie et la réjouissance. « La joie que je ressens et ce que j’avoue ici ne sont pas seulement les miens, mais ceux de tous les éléments cantonnés au Camp RDOT. Cela a été une grande joie de voir Monseigneur et toutes les personnes qui l’ont suivi venir nous assister. » a affirmé Colonel Benoît Bamara, Commandant en chef dudit site. Il poursuit en disant « Nous, Séléka de Camp RDOT, nous ne voulons plus continuer avec cette guerre. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons accepté volontiers d’être cantonnés ici. Nous ne voulons que la paix désormais, car nous peinons de voir nos parents souffrir de froid, de la faim, de maladies … dans les ‘’ledgers’’. » Même satisfaction pour Mlle Ella Pounoué qui a remercié la délégation de l’église catholique qui leur est venu en aide : « Ici, nous sommes dépourvus de tout. On s’inquiétait de ce qu’on allait donner à nos enfants comme cadeaux de Noël. Dieu-merci, Monseigneur nous a fait un geste qui peut apaiser nos enfants. » Pour Hubert Mbéï, cette assistance arrive à point nommé car, « avant, c’est l’OIM (Organisation internationale pour la migration) qui nous alimentait avec des vivres ; alors que maintenant, c’est le gouvernement qui s’est chargé de nous donner 3 000 F Cfa tous les trois jours. Mais le versement n’est même pas régulier. C’est difficile ! Pire encore, en cas de maladie, il est difficile pour nous de nous soigner. C’est pourquoi, je suis très fier aujourd’hui de la visite du Monseigneur et j’en appelle à d’autres personnes de bonne foi de ne pas nous considérer comme des ennemies, mais plutôt leurs filles et fils et de nous venir en aide. » a-t-il dit.
Cependant, cette satisfaction est nuancée par l’attente des réponses aux revendications exprimées par les Séléka vis-à-vis des autorités et leurs partenaires. A cet effet, Benoît Bamara a déploré que le gouvernement n’a pas honoré de ses engagements vis-à-vis des Séléka cantonnés à Bangui. « Depuis le 11 novembre où nous étions sortis pour barricader la route jusqu’aujourd’hui, le gouvernement nous roule dans la farine sur nos revendications, à savoir l’incorporation des jeunes qui sont avec nous dans l’armée et de remettre en fonction les officiers qui sont parmi nous ; le payement de nos 11 mois de frais de cantonnement ; et la prise en compte de nos grades. » a-t-il expliqué. Mais, le commandant du site n’est pas resté là, car il a donné un ultimatum d’une demi-journée au gouvernement de payer les frais de cantonnement promis, sinon la fête de Noël sera gâtée.
CNC / Bangui / Fred Krock