La Minusca s’inquiète des conséquences du projet de réforme constitutionnelle engagé par le président centrafricain, qui lui permettrait d’assurer son propre intérim en cas de report de l’élection présidentielle de décembre.
Alors que le président centrafricain Faustin Archange Touadéra s’apprête à valider une modification de la constitution qui lui permettrait d’assurer son propre intérim en cas de report de l’élection présidentielle de décembre 2020, le projet suscite les plus vives inquiétudes au sein de l’ONU. Dans une note interne consultée par Africa Intelligence, la Minusca, la mission des Nations unies dans le pays, s’inquiète des conséquences d’un tel projet, alors que la quasi-majorité des partis d’opposition sont d’ores et déjà vent debout contre l’initiative. Validée le 22 avril par le cabinet du président, elle doit prochainement être présentée en conseil des ministres.
Pour prendre le pouls du projet, une délégation de la mission onusienne s’est entretenue avec plusieurs députés de la coalition au pouvoir, le 22 avril. Cette réunion s’est tenue en présence du G5, un groupe d’Etats et d’institutions partenaires de la RCA, composé notamment des Etats-Unis, de l’Union européenne (UE), de la France, de la Russie ainsi que de la Banque mondiale (BM). A l’instar de la Minusca, les principaux membres du G5 affichent eux aussi depuis plusieurs jours leur extrême perplexité quant au projet de réforme constitutionnelle porté par le président centrafricain.
Conscient d’avancer en solitaire, Faustin Archange Touadéra s’est lancé depuis le début du mois d’avril dans une recherche tous azimuts de soutiens sous-régionaux. Il a ainsi activement sollicité l’appui de Denis Sassou Nguesso et de Félix Tshisekedi lors d’une mini-tournée diplomatique entamée le 22 avril et qui l’a amené dans les capitales des deux Congo. A Brazzaville, il a néanmoins dû faire face aux vives réserves du président congolais.