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Centrafrique : « pendant le premier semestre 2019, MSF a pris en charge près de 600 patients à l’hôpital SICA », selon Yannick Arone

Publié le mercredi 13 mai 2020  |  rjhd.org
Centrafrique
© Autre presse par DR
Centrafrique : « pendant le premier semestre 2019, MSF a pris en charge près de 600 patients à l’hôpital SICA », selon Yannick Arone
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L’hôpital de MSF à SICA a pris en charge près de 600 patients au premier trimestre 2019, a expliqué au RJDH Yannick Arone, infirmière à MSF à l’occasion de la journée internationale des infirmiers célébrée le 12 mai de chaque année.

RJDH : Tout d’abord, pourquoi nous célébrons cette journée internationale ? Pouvez-nous expliquer de quoi s’agit –il ?

YA : Cette journée est célébrée tous les ans le 12 mai, en référence au jour anniversaire de la naissance de Florence Nightingale. Florence était une infirmière britannique, née le 12 mai 1820 à Florence, morte le 13 août 1910 à Londres, pionnière des soins infirmiers modernes. Cette célébration a été lancée en 1965 par les Conseil International des Infirmiers, et c’est une opportunité pour rappeler le travail fondamental fait par tous les infirmiers dans le monde. Cette année, avec la crise COVID-19 au niveau global, c’est encore plus important de rappeler les efforts des infirmiers, en première ligne dans la lutte contre ce nouveau virus dans tous les pays qui ont été touchés.

Chez Médecins Sans Frontières, nous célébrons cette journée toutes les années, car en plus que les médecins, le personnel de notre organisation est aussi composé par des milliers d’infirmiers sans frontières qui travaillent sans cesse dans tout le monde pour sauver des vies humaines. Cette journée c’est pour nous tous.

RJDH : Parlez- nous de votre parcours d’infirmière et pourquoi vous avez décidé de travailler avec Médecins Sans Frontières

YA : Par rapport à MSF, quand on est un infirmier on met de côté ce qu’on pense de la personne qu’on reçoit sur un brancard, ce qu’elle a fait/qui elle est, pour se concentrer sur ses besoins médicaux immédiats et ce dont elle a besoin pour vivre/guérir en toute impartialité, et tel que prévu par le droit international humanitaire.

RJDH : Ensuite, pour entrer toute de suite dans le vif du sujet, est ce que vous pouvez nous rappeler de quoi s’agit –il le projet où vous travaillez ? Qu’est-ce que MSF fait à l’hôpital SICA à Bangui ?

YA : L’hôpital SICA est un centre de traumatologie chirurgicale dédié aux victimes de violences et de traumatismes de plus de 15 ans. D’une capacité d’hospitalisation d’environ 80 lits, il comprend un service d’urgence, deux salles d’opération, un service de soins post-opératoire et un service de kinésithérapie. Les équipes MSF y travaillent depuis 2017 afin de garantir une aide médicale gratuite et de qualité à la population. Pendant le premier semestre 2019, MSF a pris en charge près de 600 patients à l’hôpital SICA, dont 70% étaient des victimes d’accidents de la voie publique tandis qu’environ 30% étaient des blessés par balles ou armes blanches.

Il faut rappeler que dans cette période de COVID, en plus MSF s’engage à poursuivre la provision de soins gratuits et de qualité dans les 13 projets dans tous la RCA, où 260 employés internationaux et plus de 2000 employés centrafricains travaillent actuellement. Beaucoup entre eux ces sont des infirmiers ou des aides-soignants.

RJDH : Nous voyons - comme partout dans le monde- que les structures de santé sont mises à dure épreuve par le COVID-19 : dans ce nouveau scénario, la protection du staff médicale et des patients est vitale pour arrêter la propagation du virus. Surtout pour le personnel soignant, qui est en 1ère ligne et donc le plus exposé au risque. Quelles sont les gestes barrière que vous considérez fondamentaux ? Est-ce que vous menez des sensibilisations au sein de votre équipe et des patients ?

YA : A présent nous travaillons pour mettre en place des mesures préventives et d’isolement sur nos projets, ainsi que pour supporter les autorités sanitaires nationales à répondre à un possible nombre élevé de patients atteints par le virus, à travers la mise en place d’un plan d’intervention d’urgence et des mesures préventives. En RCA, la plupart de la population n’a pas accès à l’eau courant, vive à plusieurs dans des petites habitations et ne peut pas compter sur une source de revenu stable. Nous renforçons notre engagement auprès des communautés pour informer sur le COVID-19 et nous travaillons pour adapter les mesures de prévention au contexte de la RCA.

RJDH : Mais en temps de COVID-19, les patients souffrant des autres pathologies continuent aussi à nécessiter de l’assistance : quels sont les défis pour assurer la continuité des soins pendant cette période de coronavirus ?

YA : Médecins Sans Frontières travaille en République centrafricaine depuis 1997, fournissant des soins vitaux et gratuits dans plusieurs régions du pays, et dans la capitale Bangui. MSF est resté à côté de la population centrafricaine pendant des périodes très difficiles, et nous continuons aujourd’hui à prendre soin des personnes souffrant des maladies les plus meurtrières, comme le paludisme, la diarrhée, la malnutrition, le VIH/TB, nous aidons les femmes à accoucher en sécurité, nous fournissons une prise en charge chirurgicale d’urgence et nous prenons soin des victimes de violence sexuelle. A présent, nous sommes confrontés à un nouveau virus, le COVID-19, qui a lourdement affecté certains des systèmes de santé le plus avancés au monde, dans des pays avec des systèmes de sécurité sociale et où la plupart de la population a accès à l’eau courante et dispose d’un endroit où s’isoler. En ce moment difficile, nous nous engageons à rester à côté de la population centrafricaine et à continuer d’aider les personnes qui ont le plus besoin de soins.

La prestation de soins médicaux en RCA, de même que dans de nombreux pays où nous travaillons, est devenue plus difficile depuis le début de la pandémie, car les restrictions actuelles de voyage limitent notre capacité à déplacer notre personnel. Il existe également une pression globale sur la production de certaines fournitures médicales, en particulier des équipements de protection individuelle spécialisés pour les professionnels de santé. Nos projets sont toujours en mesure de poursuivre les activités médicales, mais nous nous préoccupons d'assurer l'approvisionnement futur de certaines fournitures essentielles, telles que des masques chirurgicaux, des tampons, des gants et des produits chimiques permettant le diagnostic du COVID-19.

RJDH : Mademoiselle Yannick Arone, nous vous remercions.

YA : Je vous remercie.

Propos recueillis par Vianney Ingasso
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