Lors de son entretien avec notre consœur RFI, le premier ministre centrafricain Firmin Ngrébada a déclaré qu’«il y a un mandat d’arrêt déféré contre l’ancien président Bozizé depuis le 31 mars 2014 pour assassinats, arrestations et séquestrations arbitraires, enlèvements, exécutions sommaires et extrajudiciaires… Toujours est-il que la justice passera».
Il a refusé de commenter cette affaire. On ne sait pas encore qui ou quels sont les plaignants et ceux qui se constitueront partie civile à ce procès. A propos des assassinats, des arrestations, des séquestrations…aucun nom n’a été cité. C’est le jour du procès qu’on saura tout cela.
Selon un juge centrafricain que nous avons interrogé afin d’en savoir un peu plus sur ce dossier, celui-ci nous a fait savoir que le dossier judiciaire est secret, on ne peut pas communiquer à la presse là-dessus. L’intéressé sait qu’il est poursuivi, la procédure suit son cours. Si nous voulons avoir des plus amples informations sur ce dossier, il faut écrire au ministre de la Justice Garde des Sceaux ou attendre l’audience publique pour venir prendre des informations.
En Centrafrique, il n’y a pas le principe de cumul de peines, parmi les infractions citées par le premier ministre, ce sera la peine la plus élevée qui sera appliquée en cas de condamnation de l’intéressé. Pour l’instant, il bénéficie de la présomption d’innocence.
Pour éviter des troubles, il faudra mettre cette affaire en stand-by et attendre le moment favorable. Déjà l’année dernière, lors d’une audience du Tribunal Administratif de Bangui relative à la demande de sursis à exécution concernant la circulaire du ministre des Transports et de l’Aviation Civile, interdisant aux compagnies aériennes de transporter Bozizé, demande formulée par les avocats de ce dernier. Demande de sursis à exécution rejetée par cette juridiction a suscité un tollé des militants du parti KNK venus massivement à cette audience.
On a vu les Forces de Sécurité Intérieur s’interposer entre les juges et l’assistance. Du jamais vue. Au sortir de l’audience, il y avait de l’électricité dans l’air, les militants étaient ivres de colère. Des propos très durs contre le pouvoir fusaient de partout. Une militante du parti KNK a failli s’en prendre à un casque bleu.
Le procès Bokassa qui s’est déroulé en 1986 n’a jamais été une école pour les Centrafricains. Or quand les audiences de la Cour Criminelle sont transmises en directe sur les ondes de la radio nationale, c’est pour éduquer et servir de garde-fou. Hélas !
La justice est une vieille dame qui marche lentement et surement. Plus elle marche plus elle avance vers son objectif. Personne ne peut l’arrêter. Même si elle s’arrête, elle pourra un jour reprendre sa marche.