La situation reste tendue à Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, malgré la présence de l'armée française dans la ville, après les violents affrontements qui l'ont opposé la semaine dernière à d'anciens rebelles Séléka, a-t-on appris de sources concordantes mardi.
"La situation est stabilisée à Batangafo et on ne peut parler d'affrontements à l'heure actuelle.(...) Les habitants qui avaient fui commencent à rentrer timidement chez eux", a affirmé à l'AFP un officier de l'opération française Sangaris.
Mais "la tension est toujours là, puisqu'il y a des hommes en armes de part et d'autres, cela fait peur" à la population, a-t-il ajouté.
Selon cet officier, la force africaine Misca "mène ses activités dans la localité avec l'appui des éléments français de Sangaris". Les forces internationales "continuent de faire appliquer les mesures de confiance".
Les combattants armés de l'ex-Séléka qui "sont cantonnés ne sont nullement inquiétés. Mais tous ceux qui essaient de se balader munis de leurs armes sont systématiquement désarmés", a-t-il prévenu.
Batangafo, à 300 km au nord de Bangui, avait été le théâtre de violents affrontements la semaine dernière entre soldats français et ex-Séléka, ex-coalition rebelle à dominante musulmane (au pouvoir à Bangui de mars 2013 à janvier 2014).
Le 4 août, les militaires français ont lourdement riposté à une embuscade tendue par des Séléka aux abords de la ville. D'autres accrochages ont éclaté les jours suivants, au cours desquels deux soldats français ont été blessés, selon Sangaris.
Ces affrontements ont fait une soixantaine de morts du côté Séléka, selon une source sécuritaire à Bangui.
Beaucoup d'habitants avaient fui pour se réfugier dans les lieux protégés par la Misca (mairie, paroisse, hôpital), ainsi que dans les localités voisines ou en brousse, a expliqué à l'AFP un habitant de Batangafo, Pierre Ndoutouol.
"Il y a des gens qui repartent chez eux par vagues successives. D'autres, craignant des exactions des ex-Séléka, ou d'être prisonniers des affrontements, n'osent pas quitter leur lieu de refuge", selon cet habitant.
"La présence de Sangaris et de la Misca nous rassure. Les activités reprennent peu à peu. Mais on ne sait pas s'ils vont rester longtemps, ou s'ils vont partir pour nous abandonner", a expliqué Pierre Ndoutouol.
"On a tous peur. On ne peut pas aller d'un point à l'autre sans hésitation", confirme une commerçante, Suzanne Mbaïkam.
Fin juillet, des affrontements entre Séléka et milices anti-balaka à Batangafo avaient déjà fait au moins 25 morts, dont vraisemblablement deux soldats de la Misca dont la mort n'a pas été confirmée de source officielle.