RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : L’OR ET LES DIAMANTS DE LA MORT
PATRIOTISME
Cette inaction. Ce silence qui s’amplifie de jour en jour. Ce sentiment insupportable d’absence de patriotisme de la part du Gouvernement de Transition. Gouvernement qui, après avoir suscité tant d’espoir à ses débuts. n’exprime pas son pouvoir avec la ténacité nécessaire. On ne voit plus ses membres monter au créneau pour garantir l’intégrité de la Nation centrafricaine, alors qu’elle est en train de se désintégrer sous les coups de boutoirs, sournois ou retentissants, des ex-Sélékas repliés dans les provinces. Est-ce que, désormais, on n’est pas en droit de s’interroger sur le pouvoir réel de la Présidente de Transition, madame Samba-Panza ?
On dirait que tout se décide de Paris. Monsieur Le Drian, Ministre des forces armées françaises, donne l’impression d’être devenu le mentor du Gouvernement centrafricain. Il régente quasiment la vie politique et stratégique de l’Afrique francophone en général et du Centrafrique en particulier. Il fixe et impose la date des élections en R.C.A., sans se préoccuper des réalités sociales politiques du pays. Comment peut-on organiser des élections alors que l’administration est aussi défaillante ? Comment recenser la population ? Comment procéder à toutes les opérations nécessaires ? Pour que les Centrafricains n’en viennent pas à contester la stratégie de la France, il faut d’urgence que la force Sangaris remplisse ses missions premières : elle doit, d’abord et avant tout, contribuer à la restauration de la paix dans le pays et garantir l’intégrité du territoire. Ce qui est loin d’être le cas : depuis plus d’un an, les massacres sont quotidiens sur quasiment tout le territoire. Il n’est donc pas envisageable que la France réduise aujourd’hui ses forces et se désengage d’un pays en plein marasme. Cherche-t-elle à donner plus de poids au Président du Tchad ? Le pouvoir français semble avoir désigné Idriss Déby Itno comme le gardien du temple minier de la R.C .A. Il est sans cesse consulté par Paris en ce qui concerne le sort du Centrafrique, alors qu’il a lui-même financé les bandes de séditieux qui ont ensanglanté et ensanglantent encore le pays. S’il y a bien des artisans du chaos dans lequel est tombée la R.C.A., Idriss Déby, Président du Tchad, est le premier d’entre eux. Et qu’en est-il de l’Union Africaine ? S’est-elle manifestée pour tenter de trouver une issue à la crise centrafricaine ?
LA LITANIE INCESSANTE DES MASSACRES
En attendant, les dérives sanglantes perdurent et ont même tendance à croître. Visiblement, les forces étrangères, malgré leur bonne volonté et leurs efforts, n’ont pas encore réussi à restaurer la paix et la concorde nationale. Les provinces du nord et du nord-est sont entre les mains des ex-Sélékas. Les Antibalakas sont bien obligés de défendre les populations contre une islamisation rampante de ces provinces, frontalières du Tchad et du Soudan. Ce sinistre processus vient de se dérouler à MBRES, à environ 200 kilomètres de la capitale Bangui, le 19 décembre dernier : 28 morts au moins. Six à dix mille enfants soldats sont enrôlés dans les milices. Drogués, ils font régner la terreur en participant aux massacres aux côtés des factieux. Les rivières de Centrafrique charrient, chaque jour, le sang des suppliciés…
L’OR ET LES DIAMANTS DE LA MORT
Les ex-Sélékas contrôlent les régions minières et se livrent à de la contrebande pour financer leurs forfaits meurtriers. L’urgence absolue, aujourd’hui, est de reprendre le contrôle de ces régions. D’y rétablir le pouvoir légal. D’arrêter les séditieux. D’expulser les mercenaires islamiques. Et, enfin, d’appliquer le processus de Kimberley. La paix entre tous les Centrafricains, catholiques et musulmans, ne réapparaîtra que si le peuple est écouté. Il faut cesser les calculs politiciens sans lendemain. La priorité est de penser, dès aujourd’hui, à jeter les bases d’une Nation centrafricaine socialement juste et politiquement vertueuse.
« ALA ZIA NI A TI PEPE. ALA GBOU NI NGANGOU. » (Tenez bon ! Ne laissez pas tomber !) A DE KITIKI (23 décembre 2014)
Le processus de Kimberley est un régime international de certification des diamants bruts, qui réunit gouvernements et industriels du diamant, dans l’objectif d’éviter de négocier sur le marché mondial, l’achat des diamants présentés par des mouvements rebelles dans le but de financer leurs activités militaires (mai 2000).