Si la charte constitutionnelle qui régit la transition Centrafricaine à ce jour avait été un petit être vivant, il y a fort longtemps qu’elle aurait été victime de meurtre avec préméditation.
Indiscutablement, les châtiments et viols répétés, les tortures et autres sévices graves que cette charte n’arrête de subir, nuit et jour, depuis sa naissance, prêtent à imaginer qu’il aurait eut un jour où les légistes auraient été conduits à constater, sur le corps inanimé de ce petit être, les nombreuses séquelles de « coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner ». Cette charte constitutionnelle, dis-je, aurait été enterrée depuis plusieurs mois. Et de ce fait, certaines personnes auraient très franchement poussé des cris de douleur qui, généralement en cas de malheur, montent des tripes à la gorge avant de se transformer en un torrent de larmes qui jaillit des yeux et tord le visage du mauvais côté. D’autres – les assassins – par contre, auraient trouvé ici l’occasion de se livrer officiellement à un concours de rhétorique funèbre afin de traduire, avec une émotion feinte, leur immense tristesse de devoir assister à l’enterrement prématuré d’une si illustre charte constitutionnelle de transition dont, au fond, ils regrettent le coup de grâce venu d’ailleurs très tardivement, suivant leur entendement. Quoiqu’il en soit, il y a belle lurette que tous les Centrafricains – pro et anti charte, au gré des circonstances – auraient oublié le défunt petit être. Chacun aurait tourné définitivement la page et serait passé à autre chose.
Seulement cette charte a la peau dure. Flagellée, défigurée, assommée et laissée pour morte, elle résiste et résiste toujours. Mais jusques à quand et jusqu’où ?
A l’heure où vous lisez ces lignes, chère lectrice ou ami lecteur, je vous invite dès que l’opportunité s’offrira à vous, d’essayer de poser quelques questions autour de l’inéligibilité, à n’importe lequel d’entre la centaine de candidats pressentis ou déclarés à la prochaine élection présidentielle centrafricaine. Je vous en conjure, très peu mais alors très peu de prétendants au siège du Palais de la Renaissance – du haut de leurs ambitions présidentielles aveuglantes et de leur obsession pour les oripeaux du pouvoir -, auront l’intelligence et la lucidité d’examiner sans passion avec vous, les dispositions de la charte constitutionnelle avant de déclarer de manière péremptoire qu’ils ne sont pas concernés par le fameux « verrou constitutionnel » qui empêche clairement et à juste titre certains individus ciblés de s’inscrire sur la liste des concurrents à la magistrature suprême. Ni le criminel Djotodia et son alter ego et prédécesseur Bozizé, ni Alexandre Ferdinand Nguendet le très ambitieux président du CNT, moins encore Cathérine Samba-Panza l’insatiable recordwoman de l’enrichissement personnel, tous les quatre, refusent de comprendre, d’intégrer et d’accepter la simple évocation de leur inéligibilité.
Du coup je me demande très franchement, pour qui a-t-on donc conçu et rédigé « noir sur blanc », toutes les dispositions de la charte constitutionnelle relatives à l’inéligibilité de certaines personnes à certaines fonctions de la république post-transition? Très certainement pas pour les extra-terrestres ou les fauves de bas-oubangui. Mais alors, pourquoi cherche-t-on à ruser ainsi avec le peuple centrafricain, au risque de perpétuer sa souffrance à l’heure où il commence à sentir le vent du changement qui pourrait emporter au loin, toute la « puanteur » de cette « maudite » transition ?
Après plusieurs tentatives non réussies de manipulation de la charte et de l’opinion, de prétendus juristes spécialistes de la fraude électorale, croient enfin avoir trouvé la méthode imparable pour rendre subtilement éligible les principales candidatures inéligibles, en jouant sur le RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL.
Comme chacun peut aisément le deviner, le projet de la nouvelle constitution centrafricaine élaborée par le CNT et qui devra être soumis au référendum, ne reprend pas en effet intégralement, les différents critères d’inéligibilité exceptionnellement prévus par la charte constitutionnelle de transition. Aussi, le jeu du pouvoir en place actuellement, consisterait à accélérer l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution – en tout cas avant le dépôt des candidatures pour les élections présidentielle et législatives -, ce qui rendrait caduc l’ensemble des dispositions de la charte constitutionnelle dont principalement celles relatives au « verrou constitutionnel ». Ainsi donc, la voie serait juridiquement ouverte grandement aux inéligibles de la charte d’hier qui deviendraient éligibles sous l’empire de la nouvelle constitution. Génial non ?
Il va de soi, que le plus grand bénéficiaire de ce jeu pernicieux dont l’enjeu est la conservation des rênes du pouvoir suprême, est une bénéficiaire, qui n’est autre que l’actuelle Présidente de la transition Samba-Panza. Au final, croyez-en le défunt président gabonais Omar Bongo, on n’organise pas l’élection présidentielle pour la perdre. Et cela je ne cesse de le répéter depuis plusieurs mois à travers des tribunes parmi lesquelles je voudrais rappeler :
élection présidentielle inflammable en RCA : l’inévitable choc des critères d’éligibilité Samba-Panza candidate et que la campagne commence les sept péchés capitaux de Samba-Panza
je suis Catherine 1er reine de la transition le consensus c’est moi
Samba-Panza veut la paix et prépare activement la guerre…ou quand comment pourquoi
Tout le monde le sait désormais, l’avidité, les ambitions et surtout la roublardise de Samba-Panza ne sont plus à démontrer. Et ce n’est pas à cette chef d’Etat qui n’a fait que nous mentir depuis presqu’un an maintenant qu’il faut faire confiance, même si comme elle le dit, elle ne sera pas candidate à la présidentielle. Qui vous a menti une première fois en vous regardant droit dans les yeux et sans s’en repentir par la suite, recommencera certainement une autre fois et ainsi de suite.
En définitive :
l’inéligibilité adoptée au sommet de Libreville en janvier 2013 et prévue par la charte constitutionnelle, est et demeure un principe fondamental, intangible et inaliénable de la transition qu’il convient de réaffirmer avec force;
Toute tentative de la part du pouvoir en place - garant du bon fonctionnement des institutions et de la bonne application des textes de la transition -, et qui viserait particulièrement à rendre caduque la mesure d’inéligibilité, constitue en effet le crime de haute trahison et devrait être punie comme telle.
Toute mesure visant à rendre éligible Samba-Panza, ce qui entraînerait ipso facto l’éligibilité de Bozizé, Djotodia et tous les grands criminels et chefs rebelles est de nature à annihiler tous les rares acquis la transition. Faudrait-il revenir à la situation anté-Libreville ?
La levée de la mesure d’inéligibilité est non seulement une dangereuse fraude électorale ou pré-électorale, mais surtout un crime contre le peuple. Plus est, c’est au nom de cette inéligibilité prévue par la charte constitutionnelle que beaucoup de cadres politiques et techniques compétents qui nourrissaient des ambitions post-transition, ont préféré se mettre en « réserve de la République ». Cette posture a très certainement permis à Samba-Panza d’être élue Présidente de la Transition et l’émergence d’une classe « de fiers incompétents avides et corrompus ». A quoi aurait donc servi ce « sacrifice royal » des grands commis de l’Etat?
Enfin, la seule solution consisterait à fixer l’ultime date du dépôt des différentes candidatures avant le référendum constitutionnel si celui-ci devait avoir lieu. Faute de quoi, il conviendrait de trouver moyen de préciser et de faire accepter par tous, que la charte constitutionnelle reste valable jusqu’aux élections et que la nouvelle constitution n’entrera en vigueur que le jour de la désignation du nouveau « Président démocratiquement élu ».
Ainsi donc, EN ATTENDANT L’INÉLIGIBILITÉ DES BÊTES SAUVAGES, celle qui nous intéresse ici concerne bien des êtres humains doués d’intelligence et de raison, des Centrafricains vivants et pour la plupart connus.
Décidément, la Centrafrique rend fou. Et des centrafricains effectivement fous, tiennent à rendre fous, ceux qui ne sont pas du tout fous, et ceux qui ne sont pas encore totalement fous.
Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social