La capitale kényane, Nairobi, abrite une rencontre consacrée à la paix en RCA, et réunissant les différents responsables de l’ex-coalition Séléka et des chefs anti-balaka. Et pour la première fois, les deux derniers présidents de la République centrafricaine (RCA), François Bozizé et Michel Djotodia, y sont associés. Mais il y a un hic : les autorités centrafricaines de la transition s’indignent de n’avoir pas été associées à cette rencontre censée décider de l’avenir de la RCA. Une colère légitime, car Catherine Samba-Panza incarne tout de même l’autorité centrale en RCA. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, elle est et demeure la personne que les Centrafricains ont choisie pour diriger la transition. Il est donc difficilement concevable qu’une rencontre sur la paix en RCA, se tienne sans qu’elle ne soit au courant. A moins qu’on ne veuille l’écarter définitivement de la transition. Mais une telle éventualité pourrait avoir de graves conséquences sur le retour définitif de la paix en RCA. Toutefois, une telle hypothèse n’est pas à exclure. En effet, l’autorité de Dame Panza a été récemment mise à rude épreuve, à cause de la fameuse mallette de dollars qu’elle aurait reçue du président angolais. Des voix et non des moindres s’étaient même élevées pour lui demander de rendre le tablier. C’est dire que sa mise à l’écart peut bien être envisagée, surtout que certains acteurs lui reprochent de n’avoir pas réussi à ramener la paix comme elle l’avait promis. Cela dit, comment faire accepter et appliquer tout accord éventuel de Nairobi par Catherine Samba Panza et son équipe, si elles n’ont pas été consultées au départ? D’ailleurs, pourquoi le choix de Nairobi et pas de Brazzaville où ont eu lieu les précédents pourparlers? Denis Sassou Nguesso a-t-il voulu refiler la patate chaude à un autre médiateur pour mieux s’occuper de son projet de révision constitutionnelle qui devrait lui permettre de briguer un autre mandat? Cette question mérite d’être posée, d’autant plus que le Parti congolais du Travail (PCT) vient d’afficher clairement son intention de modifier la loi fondamentale, au terme de son congrès.
Les filles et fils de Centrafrique ont assez souffert des affres de la crise
Cette rencontre des protagonistes de la crise centrafricaine au Kenya, même placée sous l’égide de l’Union africaine, risque de jeter un froid sur les relations bilatérales entre la RCA et le Congo Brazza. Car, il subsiste des zones d’ombres autour de cette rencontre de Nairobi. Certes, elle pourrait être la première étape d’une série de rencontres. Une première étape qui consisterait à réunir d’abord autour d’une même table, les vrais acteurs de la crise, en l’occurrence François Bozizé et Michel Djotodia. Car, on le sait, ce sont eux les parrains des groupes armés, anti-Balaka et Séléka, qui sèment la mort et la désolation en RCA. Et tant que ces deux chefs ne fumeront pas le calumet de la paix, toute initiative de paix en RCA sera vouée à l’échec.
La seconde étape consisterait à associer les autorités de Bangui, sur la base d’un accord qui aura été trouvé entre les deux anciens chefs d’Etat de la RCA. On espère donc que la paix passera ainsi par Bozizé et Djotodia. Si cette rencontre de Nairobi peut permettre donc d’aboutir à la paix en RCA, ce sera tant mieux. Les filles et fils de Centrafrique ont assez souffert des affres de la crise et il faut bien travailler à y mettre fin, peu importe le lieu.
Dabadi ZOUMBARA