rincipe élémentaire en matière de conflits armés, ne jamais négocier en état de faiblesse.
Au mieux, se positionner en situation de force pour contraindre l’adversaire à plier sous ses propres fourches caudines, et garder l’avantage pour gagner la reddition de l’autre.
Tel est en vérité le terrible casse-tête auquel doit faire face le gouvernement centrafricain, à chaque fois qu’il tente de négocier avec les rebelles, ayant mis le pays plus bas que terre depuis près de deux ans.
Les échos catastrophiques du passage des Séléka au pouvoir se font encore douloureusement ressentir.
En moins de 12 mois, ils ont rendu cadavre le moribond centrafricain.
PERVERSION VERSUS NAIVETE
Juger et condamner des criminels urbains à la petite semaine, la chose est aisée.
Cela se complique et vire à l’impossible lorsqu’il s’agit de meurtres de masse.
Et généralement, on louvoie par d’hypocrites discours de pardon national et autre balivernes, et qui se terminent toujours par l’impunité générale pour les organisations de meurtres de masse.
Le réalisme contraignant à agir quand c’est peu, et à laisser faire, puis à oublier quand c’est beaucoup.
ll n’y a pas de morale, juste du réalisme froid.
Les choses en sont à leur paroxysme en Centrafrique, où l’Etat depuis des années n’est qu’une simple vue de l’esprit.
Ne pas s’étonner donc que depuis des décennies, la ribambelle de rébellions s’en servent comme leur essuie-pieds, quand elles ne s’emparent pas du pouvoir pour leur satisfaction personnelle, comme le fit le très compulsif putschiste François Bozizé.
Pays fragile, il explose fin 2012.
Les chefs rebelles ont la main sur n’importe calendrier dans le pays, y faisant la pluie et le beau temps.
Le gouvernement n’a d’initiative que de suivre les impératifs des chefs assassins.
Les condamner ouvertement, c’est prendre le risque de sa vie et de celle de sa famille.
Les poursuivre de même.
A partir de là, on nage dans d’étranges ambiguïtés.
Ainsi, est-il plus facile de porter plainte contre un François Bozizé, hors du pays, donc immédiatement inoffensif, que de faire la chasse à, par exemple un Patrice N’Gaissona, le ci-devant auto-proclamé chef Anti-Balaka, libre comme l’air dans Bangui, et devenu un partenaire incontournable et crédible du pouvoir pour toute espèce de négociation.
LES MAUVAIS CALCULS DE SAMBA-PANZA
La déception internationale fut à la hauteur des trop d’espoirs portés sur elle.
Il y a bientôt un an, Catherine Samba-Panza mettait sur ses épaules les charges d’une mission impossible, celle de ramener la paix en RCA.
Car, il faut l’avouer, le cas centrafricain reste un inédit dans les annales des troubles publics.
Nul ne sait où il va, ni pourquoi il tue l’autre.
La haine est devenue un commerce ordinaire.
Les rebellions ne combattent pas pour de motifs clairs, comme la conquête du pouvoir ou pour des motivations approchantes, leurs luttes oscillent entre la criminalité de masse et la délinquance de grands chemins.
Sans projets politiques sur lesquels s’appuyer, impossible de négocier quoique ce soit avec elles, hormis temporiser, et supplier leur bonne volonté pour faire cesser les hostilités aveugles.
Catherine Samba-Panza a volontairement brisé les repères de compréhension de cette profonde crise centrafricaine.
Il est impossible d’isoler les rebelles de ceux qui sont censés les combattre.
Elle voulut acheter la paix en intégrant des chefs rebelles dans son gouvernement, quand elle ne les achète pas tout court financièrement.
Bien mal l’en prit.
Il n’ y a plus de visibilité, ni de lisibilité sur les contours de la crise.
Ce qui ne peut que faire craindre de la capacité de cette crise à cesser.
En donnant consistance à ces rebellions, on les ossifie sur le long terme.
Le laisser faire, et les collusions de la présidente transitoire centrafricaine l’a totalement décrédibilisée et puissamment fragilisée.
A contrario, les Anti-Balaka et les Séléka se posent plus que jamais en maîtres du domino.
Les dites “Forces vives de la Nation” dont la présidente aime à évoquer, dans un tel jeu de perversité ne sont que décoratives.
Le tempo est imprimé par les chefs rebelles, pas par les politiciens, les religieux ou la société civile.
En conséquence, comme les Forces internationales de paix en RCA, essentiellement la MINUSCA ont interprété à leur manière la résolution 2127 du Conseil de Sécurité sur la Centrafrique, en date du 5 décembre 2013, et stipulant entre autres :
Article 18 :
” Demande instamment aux autorités de transition de veiller à ce que tous les auteurs d’exactions et de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire répondent de leurs actes;”
Article 28 :
Alinéa iv)
“Soutenir les initiatives de désarmement, démobilisation et réintégration ou désarmement, démobilisation, réintégration et réinstallation ou rapatriement menées par les autorités de transition et coordonnées par le BINUCA;”
Si le général Francisco Soriano, le précédent chef des Sangaris y voyait matière à poursuivre et à arrêter les chefs criminels rebelles – il eut la mauvaise idée de faire arrêter N’Gaissona, que Samba-Panza s’empressa dès le lendemain de faire libérer – la MINUSCA quant à elle y voit motifs pour ne rien faire.
“Pas dans leur mission de désarmer, et encore moins d’arrêter les chefs rebelles.”
Néanmoins, force est de reconnaître que le jargon juridique de l’Onu sur ce point est confus.
Même si, il semblait évident, que désarmer des assassins allait de soi, si l’on espéra parvenir à la paix.
Dès lors, s’il n’y a aucune contrainte à désarmer les rebelles, pourquoi le feraient-ils eux, volontairement ?
On l’a vu à Brazzaville, leurs chefs ont signé des ‘papiers’, et puis sont passés à autre chose.
Pourtant, c’est sur les fausses conclusions de Brazzaville ayant abouties à du néant que dit-on, se fonde le prochain Forum de Bangui.
Des prémisses bien inquiétantes.
PLUS CA DURE ET PLUS CA COULE
A l’instar de la présidente de transition agissant comme si élue pour la durée, la grave crise du pays inexorablement s’enfonce dans le raidissement et le figé.
Les capacités de l’Etat étant à minima, le pays est hors contrôle.
Une situation pouvant devenir normalité, tant les forces internationales ne se contentant que de faire du coup par coup, sans prévisions à long terme.
On colmate de ci delà, mais sans réelles stratégies, ni humanitaire, ni politique, se contentant d’incantations à vide.
Les élections générales, plus que nécessaires pour mettre un terme à la parodie de légalisation de la chienlit n’a que trop duré.
Mais le terrain n’est pas préparé.
L’ONU appliquant en RCA ses vieilles recettes n’ayant fonctionné nulle part.
1- Déploiement de militaires, 2- Elections générales.
La non préparation sociale et politique de ces élections peut se révéler plus nuisible qu’utile, en ajoutant la confusion à la confusion sous le vernis de la légalité.
Comment faire campagne en province pour les candidats, dès lors que l’actuelle cheffe de l’état, déjà, n’ose y aller par peur pour sa sécurité ?
Un processus qui si non jugulé, sera extrêmement toxique, car non représentatif de la population.
On votera à Bangui au mieux.
En province l’urgence n’est pas d’aller voter, mais de survivre dans la précarité et l”insécurité.
Le casse tête Centrafricain risque encore de durer longtemps..