L'Organisation mondiale de la santé a certifié, ce mardi 25 août, que le continent africain était « exempt de poliovirus sauvage », quatre ans après l'apparition des derniers cas dans le nord-est du Nigeria, région dévastée par un conflit contre les jihadistes de Boko Haram.
« Grâce aux efforts déployés par les gouvernements, le personnel soignant et les communautés, plus de 1,8 million d'enfants ont été sauvés » de la polio, se réjouit l'OMS dans un communiqué.
Provoquée par le « poliovirus sauvage » (PVS), la poliomyélite est une maladie infectieuse aiguë et contagieuse qui touche principalement les enfants, attaquant la moëlle épinière et pouvant provoquer une paralysie irréversible. Elle était endémique partout dans le monde, jusqu'à la découverte d'un vaccin dans les années 1950. Les pays les plus riches y ont eu rapidement accès, mais l'Asie et l'Afrique sont restées longtemps d'importants foyers infectieux.
Le Nigeria, épicentre de la maladie dans les années 2000
Épicentre de la maladie dans le monde au début des années 2000, le Nigeria, géant africain de 200 millions d'habitants, figurait encore il y a peu à leurs côtés. Dans le Nord musulman, sous la pression des milieux salafistes, les campagnes de vaccination antipolio s'étaient arrêtées entre 2003 et 2004, accusées par la rumeur d'être l'outil d'un vaste complot international pour stériliser les musulmans.
Il a fallu un énorme travail avec les chefs traditionnels et religieux pour convaincre les populations de faire vacciner leurs enfants. Pourtant, dès 2009, l'émergence du conflit contre Boko Haram a douché les espoirs d'avoir enfin éradiqué la maladie : en 2016, quatre nouveaux cas de poliomyélite étaient enregistrés dans l'État du Born, dans le nord-est du pays, foyer de l'insurrection jihadiste.
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Situation sécuritaire volatile
La situation sécuritaire reste extrêmement volatile dans le nord-est du Nigeria, dont Boko Haram et le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) contrôlent de larges zones, particulièrement autour du lac Tchad. Dans les zones partiellement accessibles, les campagnes de vaccinations ont été menées sous protection de l'armée et des milices d'autodéfense. Dans les zones totalement contrôlées par les jihadistes, l'OMS et ses partenaires ont approché les populations sur les routes ou les marchés pour tisser un réseau « d'informateurs santé » et des « sentinelles » pouvant alerter de cas ou de potentielles épidémies.
En 1988, l'OMS dénombrait 35 000 cas à travers le monde et encore plus de 70 000 cas rien qu'en Afrique en 1996. Mais grâce à une rare prise de conscience collective et à d'importants efforts financiers - 19 milliards de dollars sur 30 ans - seuls deux pays au monde comptent aujourd'hui des contaminations par le « poliovirus sauvage » : l'Afghanistan, avec 29 cas en 2020, et le Pakistan, avec 58 cas recensés.... suite de l'article sur RFI