Non, la réinsertion des jeunes dans l’armée nationale n’est pas une solution, y compris la prime DDR, cette prime de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) que tous les combattants séléka et anti-balaka attendent ici comme une récompense.
Nos jeunes, ils forment 80% de la population active. Ceux qui vivent dans un état d’extrême précarité, sont ceux dont les parents ne sont pas instruits ; ils sont les plus nombreux et sont les plus exposés à toutes les aventures périlleuses. Ils sont pour la plupart illettrés. Ces jeunes gens manquent d’orientation et ont perdu tout espoir. Ils trinquent, ils se droguent. Il faut les prendre par la main et leur montrer une nouvelle voie, la voie de la réussite. Les tâches à leur offrir doivent être exaltantes et pleines d’épanouissement.
Ce sont les jeunes qu’ils ont utilisés hier dans les coup-d’ états, dans les mutineries, dans les rebellions. Ils les ont utilisés comme des ressources. En contrepartie de tout le travail que les jeunes ont abattu pour eux, ils les ont abandonnés. Ils sont des sans emplois, des délinquants, des laissés-pour-compte.
Depuis 30 ans, les jeunes n’ont appris que la violence et ne vivent que du fruit des forfaits de leurs actes. On les a détournés du travail nécessaire à la vie d’homme. Les jeunes ne font que répondre aux ordres de ceux qui les tiennent et qui commanditent leurs actes. Ceux qui ont échappé ou qui ont refusé de prendre des armes, les uns vivent de petites activités de débrouillardise et d’autres vivent d’escroquerie et de contrefaçon de tout document administratif.
Les jeunes, tellement qu’on les a habitués à la violence, ils ne pensent qu’à entrer dans l’armée ; ils ne visent que l’armée. Il suffit de lancer un avis de recrutement dans l’armée, c’est des milliers et des milliers de jeunes, même des diplômés, qui se bousculeront devant le portail du ministère de la défense.
L’armée n’est pas une solution et ne sera pas la solution pour ces jeunes. Il faut les orienter vers la production ; seul le travail leur permettra de retrouver l’espoir et le plaisir de vivre.
Quand nous parlons de production, c’est toute activité liée à la terre que nous entendons valoriser. C’est d’abord une agriculture techniquement élaborée, structurée, variée et diversifiée sur tout le territoire. C’est également l’élevage.
Notre terre est riche pour abriter par région des cultures adaptées et variées. Notre pays n’a pas encore mis en exploitation sa riche terre. Le jour où notre pays arrivera à cette mise en exploitation, nous rentrerons dans l’ère de la production massive, nous pourrions nourrir d’autres hommes sous d’autres cieux et faire appel à la main d’œuvre étrangère.
Il est bon de le dire, mais il faut les moyens de le faire. Une chose est certaine, si un tel programme comporte un dossier bien ficelé comme un programme de développement dont l’Etat lui-même est porteur, il trouvera des financements.
Mais avant cela, il faut penser à l’éducation de la jeunesse. Il nous faut faire un investissement en capital humain et c’est la jeunesse qu’il faut former éduquée.
Le besoin en éducation de la jeunesse sera énorme et multiforme à la fois pour qu’enfin elle arrive à se redresser et devenir une force motrice. Elle ne connaît pas le travail, il faut lui le faire apprendre, à aimer le travail, le travail qui rend l’homme libre.
Il nous faut créer un dynamisme entre l’Etat, la jeunesse et la population. L’Etat doit se rapprocher et être dépendant de la société. La société est sa source d’énergie qu’il transforme en énergie de développement. L’Etat doit travailler sur l’esprit, la pensée de la jeunesse et la pousser vers l’effort et la responsabilité.
Ce drame que nous avons vécu, il causera à notre pays d’énormes déficits dans tous les domaines : la démographie, l’éducation, l’économie, la santé, etc.
La jeunesse est notre richesse, elle est comme notre riche terre que nous n’avions pas encore mise en exploitation, il faut la mettre en valeur.