Voici déjà 2 ans, notre pays après un coup d’état sanglant, s’installe inexorablement dans un chancre mou de crise à ne pas s’en sortir.
De séléka à anti-balaka, tout porte à croire, que ce sont des musulmans et chrétiens qui s’entretuent, c’est faux. En réalité, les séléka et les anti-balaka sont des instruments, ils sont ni musulmans, ni chrétiens. L’amalgame qu’on voulait faire porter à la religion est connu. Les séléka et les anti-balaka sont des instruments aux mains des pouvoirs qui ont échoué.
Pour preuve, Nairobi abrite des pourparlers entre les chefs séléka et les anti-balaka, le gouvernement de transition n’y est pas convié et ni un autre centrafricain. Parce que fondamentalement, c’est eux qui tiennent les cordes. Ils ont une emprise réelle sur la crise que traverse le pays au prix de nos souffrances. Et leur rencontre à Nairobi ne peut pas se tenir autrement qu’entre eux. C’est eux qui nous opposent tous les jours leurs armes contre nos appels humains, incessants à la cessation des hostilités, à la paix.
Tout comme DJOTODIA et TCHANGAYE ont été fait déportés à Ndjamena pour écouter la sentence de leur licenciement, le scénario de Nairobi est de la même couleur mais de nature différente.
Pendant ce temps, les centrafricains restent toujours débout et veulent la paix. Il y a un brin de réchauffement social entre les communautés au niveau du KM5. Il y a un élan de prise de conscience qui est amorcé. La paix est possible. Mais Bangui est une ville poudrière. Le 4è arrondissement est un champ de tirs et le 3è arrondissement ferait à lui seul une manufacture d’armements de tout genre et de toutes les gammes. La nuit du 31 décembre, il y a eu des coups de feu partout, au KM5 nous en avions été dégoutés, nous avions écouté des séries de tirs à l’arme légère, aux armes lourdes, des grenades dégoupillés qui explosent, certaines armes étaient placées sur des véhicules et ils tiraient en l’air, même les forces de la MINUSCA ont dû chercher refuge. A ce point, nous reconstruirons le pays sur des armes. Que l’on s’en tienne, le KM5 est une cave d’armes.
Nous avons déjà demandé au gouvernement de pouvoir s’installer au KM5 afin d’accélérer le processus du désarmement des cœurs mais aussi pour relancer le KM5, le business-center et poumon économique de la capitale et vous avez refusé, et si vous pouvez essayer Monsieur le « gouvernement ».
Aujourd’hui, de MISCA à MINUSCA, aucune résolution n’a été appliquée et ne sera appliquée pour de rien au monde. Les différentes forces sur le terrain qu’il s’agisse de MINUSCA, SANGARIS, SÉLEKA ET ANTI-BALAKA, elles vivent en communion, elles se connaissent et se communiquent, elles s’échangent tout, au point de dire qu’elles se ravitaillent mutuellement pour rester en vie. Certains éléments de la force MINUSCA le disent eux-mêmes, « nous ne sommes pas là pour mourir pour vous, démerdez-vous à régler vos problèmes ». Voilà comment notre pays est tenu par ces forces.
Mais pour qui ?
La RCA est sans administration, le gouvernement de Bangui ne peut se prévaloir de détenir un pouvoir, ni le destin d’un peuple. La transition qui devrait être un soc, c’est-à-dire la grosse lame pointue devant la charrue qui s’enfonce dans le sol pour ouvrir des sillions dans la terre et qui permet de labourer, malheureusement la transition est un pair de bœufs placé derrière la charrue.
REÉCRIVONS ENCORE ENSEMBLE CECI : L’ONU N’A RIEN RÈGLÉ DES CRISES AU MONDE, SINON UNE FORCE TAMPON DE DISSUASION. IL NOUS APPARTIENT CENTRAFRICAINS À NOUS MOBILISER POUR ARRÊTER CETTE CRISE.
NOUS POUVONS ARRÊTER CETTE CRISE, LES BURKINABÉS L’ONT FAIT: FIXER L’AUTODÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE.
Robert ENZA