Martin Ziguélé, Anicet Georges Dologuélé, voici bien aujourd’hui deux personnalités et deux grands noms de la politique centrafricaine, deux présidents de deux partis politiques du pays, le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) et l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA). Par ailleurs tous deux anciens cadres de compagnie d’assurance et des banques, Martin Ziguélé et Anicet Georges Dologuélé, furent en effet deux Premiers ministres du défunt Président Patassé et, on le sait désormais, en tant que deux figures de proue de la classe politique centrafricaine et deux poids lourds, ils représentent incontestablement, parmi bien d’autres, deux des plus importantes et sérieuses candidatures à la magistrature suprême de la RCA. Aussi, et bien que cela n’a pas une grande importance, les noms des deux personnalités se terminent par le suffixe « guélé »…
Même si les valeurs se meuvent de fois, les deux anciens chefs du gouvernement proviennent presque de la même famille politique. Quand bien même l’actuel président de l’URCA n’aurait jamais pris sa carte du MLPC, il n’en demeure pas moins qu’il bénéficia pendant longtemps du soutien de certains cadres de ce parti politique.
Admettons-le, du temps de leur règne, les « Guélé » savaient ratiboiser les polémiques et rares sont les fois où ils étaient à court mots. En outre, tous deux, avaient à cette époque, l’appui inconditionnel des caciques du MLPC. Orateurs infatigables et tribuns, les « Guelés » se différencient toutefois l’un de l’autre dans leur style de communication.
Fort de ce qui précède, pourquoi ces deux capitaux humains ne parviennent-ils apparemment pas à fédérer leurs énergies pour la cause nationale ? Doit-on insinuer que deux forces de même nature se repoussent inéluctablement ? La tentation d’y penser est souvent grande surtout lorsque l’on passe au peigne fin l’histoire contemporaine. Sans en donner l’impression, les états-majors des « Guélé » se disputent presque les mêmes militants voire les mêmes électeurs. Il suffit juste de suivre à la loupe les querelles de clocher entre les mutants des deux camps pour s’en rendre compte. Tout se passe comme si les « Guélé » sont des grossistes concurrents qui vont chez le même fournisseur.
A suivre les choses de près, l’URCA tente de couper l’herbe sous les pieds du MLPC. Sa présence émiettera-t-elle l’électorat du parti de Ziguelé ? De surcroît, la nouvelle formation politique de l’ex Secrétaire Général du parti Michel Madamba constitue également un caillou dans la machine stratégique du MLPC. Tout porte à croire que le MPLC subit depuis un certain temps, le franchissement irrévocable de certains cadres et militants, mais malgré tout, le MLPC demeure un grand parti. En dépit de la vague de défection qui secoue le parti, Martin Ziguélé réalisera-t-il l’exploit ? Le jeu reste très ouvert.
Certes le contexte n’est plus le même car, des élections passées, il n’y avait pas plus de dix (10) candidats qui convoitaient le Palais de la Renaissance or, à l’heure actuelle, plus de 40 prétendants à la magistrature suprême sont déjà en ordre de bataille pour le scrutin de 2015. Ce qui revient à dire que l’enjeu sera de taille surtout lorsque l’on sait que le scrutin sera aussi ouvert qu’une tombe.
Si Ziguelé et Dologuelé ne parviennent pas à convaincre les classes populaires ayant renié la politique des promesses fallacieuses, ils risqueront fort bien de subir les uppercuts des autres candidats. D’ores et déjà, il serait préférable qu’ils sachent que l’homme d’affaire Sylvain Patassé ne viendra pas jouer au figurant. Dès l’abord, l’on ne doit pas perdre de vue les scores sans appel de son défunt père aux élections groupées de 2011 dans les préfectures de Nana Bakassa, de l’Ouham, de l’Ouham Pendé, de Nana Gribizi et de Bamingui Bangoron où dans certains bureaux de vote, le défunt président a devancé de plus de 500 voix tous les autres candidats sans exception. Dans d’autres, il a même raflé la totalité des voix.
Loin s’en faut ! La popularité ne se délègue point et Sylvain Patassé devra faire ses preuves pour espérer marcher sur les traces de son célèbre père, mais les autres prétendants devront compter avec lui.
N’est-il pas temps pour les Guélé de fédérer les synergies ?
En tout cas, Ziguelé et Dologuélé ont du pain sur la planche. S’ils s’obstinent à se bouffer tout le temps le nez comme c’en est le cas à travers leurs avatars sur la toile, ils risqueront de se retrouver sur le chemin de « si je savais ». Et pour sauver la RCA, il faut juste des mots contre les maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste