Le CENTRAFRIQUE est en Afrique un pays qui donne à tout spécialiste avisé des analyses politiques, l’image d’un pays atypique. En effet depuis son accession à la souveraineté publique, le pays est passé dans les laboratoires d’études politiques, aussi bien au niveau de l’organisation de l’Etat que de celui d’une nation. Ainsi, des régimes démocratique, mon-opartite, impérial, militaire, ethnique ou tribaliste, on a voulu tenter un régime confessionnel pour aboutir à ce qui s’apparente aujourd’hui à une crise en forme d’Hydre de Lerne, ce serpent à sept têtes qui faisaient renaître plusieurs autres dès qu’on en coupait une.
Les conférences et les dialogues pour ramener la paix et la conciliation dans ce pays sont innombrables, mais en dépit de tous ces « efforts », rien n’a été résolu, les crises se sont succédé les une aux autres, avec les mêmes résultats, parfois souvent avec les mêmes acteurs, pour continuer à reproduire le même schéma qui favorisera d’autres crises.
Que n’avons-nous pas crié à l’époque pour prévenir des dérives politiques qui miroitaient en leur temps les nuages d’une grosse tempête dans le ciel centrafricain?
Les élections organisées d’une manière très cavalière avaient été tant dénoncées par les uns et les autres qu’un ultime appel à un dialogue national avait été lancé pour tenter de recoller les morceaux. Ce fut un échec total.
Des avions ont transporté les centrafricains hors de leur pays pour tenter de les mettre d’accord en terres lointaines. Combien de fois ? Encore des échecs.
Dans un pays où le mot de « JUSTICE » n’existe que parce qu’il existe ailleurs et qu’il est réel, on ne peut pas s’étonner que des responsables de crimes, qu’ils soient directs ou indirects, qu’ils en soient les initiateurs ou qu’ils aient laissé faire, soient aujourd’hui ceux qu’on reçoit ailleurs pour les réunir dans une farce de conférence pour les impliquer dans la résolution de la crise centrafricaine, parce que dit-on, ils sont « incontournables ».
La réunion de ces hommes au KENYA pour entreprendre une telle démarche est une honte pour le CENTRAFRIQUE, une honte qui n’est rien d’autre qu’une façon de rire sur le sang des milliers de centrafricains et de centrafricaines qui sont tombés à cause de la cupidité de ces soi-disant hommes « incontournables ».
La conférence du KENYA montre à quel point le CENTRAFRIQUE suscite tant d’intérêts, tant d’intérêts qui ne sont pas malheureusement et réellement pas ceux des centrafricains eux-mêmes.
Cette initiative qui n’est pas unique en son genre doit vraiment interpeller tous les centrafricains dans leurs associations, dans leurs partis politiques et dans tout autre structure.
Bozize et Djotodia sont « incontournables » dans la résolution de la crise en CENTRAFRIQUE, mais cela doit nécessairement passer par les instances judiciaires qui doivent leur donner l’occasion de s’exprimer pour expliquer aux centrafricains l’étendue de leurs responsabilités, ou de leur innocence s’ils sont capables de le prouver.
Ceci étant dit, nous ne cesserons de le répéter, le destin du CENTRAFRIQUE réside entre les mains des centrafricains qui n’ont pas d’autre alternative que celle de rester unis pour défendre les causes nationales majeures, c’est un choix, une leçon que le peuple Burkinabe nous a enseignée, une leçon de bon sens. A nous de la saisir pour dépasser nos passions individuelles, qui nous aveuglent depuis que nous sommes incapables de nous libérer de nos attaches politiques et politiquement ethniques.
Adolphe PAKOUA