A cinq semaines des élections groupées en Centrafrique, la rédaction de Radio Ndeke Luka a décidé de s’intéresser à la circulation des armes dans le pays. L’Accord de paix de Khartoum du 6 février 2019 engage les rebelles à se désarmer. Qu’en est-il aujourd’hui, à un moment où la jeune démocratie centrafricaine s’apprête à être testée ? Une enquête sur la situation sécuritaire, menée ces derniers jours dans le Nord-est du pays.
Il apparait clairement dans les témoignages recueillis par Radio Ndeke Luka ces dernières semaines que des armes neuves de type Kalachnikov, lance-roquettes RPG7, mitrailleuses 12/7 montés sur de véhicules flambants neufs circulent à l’intérieur du pays. Du matériel qui circule librement au vu et au su de tous.
La région dont on parle, est celle qui s’étend de Bria, Obo, Bambouti, Nzako, Alindao, jusqu’à Mobaye, une zone contrôlée et sous-influence du groupe armé UPC d’Ali Darassa. Toujours selon nos sources, ses hommes arborent des tenues militaires de premières mains, leurs bérets sont aussi similaires à ceux des Forces armées centrafricaines (FACA) et patrouillent régulièrement sur l’étendue de ce territoire.
Leur objectif, collecter des impôts et toutes sortes de taxes sur les véhicules, les marchandises et les commerces. Selon nos informations, ces derniers exigent aussi que des éleveurs peuhls leur versent une somme d’argent avant de faire paître leurs bétails. Cependant au Nord-ouest du pays, on rappelle qu’un des gradés des FACA est toujours détenu depuis 2 mois par Abbas Sidiki à Degaulle dans l’Ouham-Pendé, région contrôlée en partie par le mouvement 3R. D’après des habitants de Koui, une des localités de la région, qui ont accepté de parler, ce mouvement continue de recruter des hommes. Ses véhicules, lourdement armés, ne cessent de faire la navette entre la République centrafricaine, le Cameroun et le Tchad.
Il y a de cela deux semaines, deux parlementaires en la personne de Martin Ziguélé et Ernest Mizedio ont dénoncé des exactions commises par ces rebelles sur les populations civiles. Martin Ziguélé, va même jusqu’à parler d’un véritable « Far-West » lorsqu’il évoque la situation dans ces régions.
De son coté, la Minusca affirme travailler main dans la main avec le gouvernement afin de garantir la protection des civils. Elle précise que ses troupes sur le terrain ne resteront pas inactives face à la recrudescence des armes ou des véhicules armés des rebelles. Lors d’une conférence de presse le mercredi 18 novembre 2020 à Bangui, la mission onusienne se dit consciente de la réalité de la situation sur le terrain. Elle a voulu aussi se montrer rassurante. Toutefois, des check-points, nous dit-on, sont en train d’être installés dans ces région. Un tour de vis, censé réduire les déplacements et la capacité d’action de ces hommes en armes.