La transition centrafricaine va se poursuivre encore six mois, impossible d’organiser des élections en février 2015 comme promis. 12 mois n’ont pas suffit pour réconcilier les groupes armés toujours actifs malgré la présence des forces françaises et onusiennes. Les élections sont désormais prévus en juin et juillet prochain, un calendrier encore incertain. L’année 2015 annonce-t-elle un tournant en Centrafrique? Voilà maintenant un an que le pays tente de penser ses plaies à la faveur d’une transition dirigée par Catherine Samba-Panza.
Une transition arrivée à son terme mais prorogée pour de très bonnes raisons. L’instabilité persiste toujours malgré la présence sur le terrain depuis le mois de septembre dernier de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (Minusca). Les groupes armés incontrôlables continuent de provoquer des violences qui visent également les soldats onusiens. Ils continuent de semer le trouble et n’ont en réalité jamais cesser d’être actifs dans le pays depuis le coup d’état en mars 2013 du chef de la coalition rebelle et musulmane Séléka Michel Djotodia contre François Bozizé.
Le cycle des violences imputés alors aux rebelles Séléka a conduit à la dissolution de la rébellion puis à la démission de Michel Djotodia en janvier 2014 alors que le pays est plongé dans le chaos, en proie à des combats intenses entre les ex-rebelles et les milices chrétiennes anti-balaka d’auto-défense. Les populations musulmanes sont victimes de représailles et forcées de quitter le territoire centrafricain pour rejoindre notamment le Tchad voisin.
La tension est telle dans la sous-région que N’Djamena pourtant en première ligne dans la médiation pour sortir le pays de la crise se retire de la MISCA, la force africaine chargée de sécuriser et de désarmer le pays avec les troupes françaises, (Sangaris). Lorsque Mme Samba-Panza arrive au pouvoir, les promesses de réconciliation et de paix redonnent espoir au peuple centrafricain. Mais les violences ne cessent guère et la nouvelle présidente de la transition demande avec insistance l’aide de la communauté internationale et l’intervention urgente des Casques bleus.
Impossible réconciliation des groupes armés?
12 mois plus tard, la transition minée par des rivalités politiques et des scandales n’est pas parvenue à tenir les délais pour organiser des élections libres et transparentes en février prochain. Elle a demandé une prorogation de six mois, une requête que le Congo principal médiateur dans la crise centrafricaine a accepté. Il ne fait aucun doute que les conditions pour organiser des élections ne sont pas réunies. Le président français François Hollande avait lui aussi promis des élections.
Là encore déception à Paris enlisé dans un conflit qui devait se régler rapidement au départ… Signe de la lassitude française, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait prié les autorités centrafricaines de trouver une solution politique à la crise en Centrafrique. Pressé par Paris, le Congo a organisé en juillet dernier le Forum de Brazzaville pour réconcilier les groupes armés. Ces derniers ont accepté de signer l’accord de Brazzavile sans pour autant l’appliquer.
Plus que jamais sous pression, la présidente de la transition Catherine Samba-Panza est montée au créneau samedi dernier en priant les groupes armés d’agir sur le terrain pour sensibiliser leurs bases encore à l’origine de pillages et de violences. L’autorité de l’état est encore soumis à rude épreuve, ce qui fragilise et rend difficile le processus de réconciliation, un préalable à la réussite du processus électoral et l’élaboration d’une nouvelle constitution.
Mme Samba-Panza est consciente qu’un nouvel échec risque de nuire définitivement à sa crédibilité. Les élections futures devraient se dérouler en juin 2015 pour le premier tour et en juillet pour le second conformément au chronogramme électoral de l’Autorité nationale des élections (ANE) validé par la communauté internationale. Une fois encore, ces délais sont incertains. Les violences en République Centrafricaine ont fait plus de 3000 morts. Plus de 850 000 personnes, près d’un cinquième de la population, ont été déplacées par les violences, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
La rédaction