Samedi 4 janvier 2020, vers 19 heures, l’autorité nationale des élections (ÂNE) avait déclaré Faustin Archange TOUADERA réélu au premier tour avec 53,92% des suffrages , contre 21% pour l’opposant Anicet Georges Dologuélé, et 7,41% pour le Président du MLPC Martin Ziguélé. Mais ce résultat doit encore être validé par la Cour constitutionnelle. Cependant, un réseau des acteurs de la société civile, qui note de nombreux cas d’irrégularité lors du scrutin, interpelle les juges électoraux à dire le droit et rien que le droit pour sauver une Nation en péril.
Ci-dessous, le propos liminaire de Monsieur Ben Wilson GASSAN
Propos liminaires de la conférence de presse des acteurs de la société civile centrafricaine sur les élections 2020/2021
Citoyens centrafricains,
Chers professionnels de médias,
Vous êtes aujourd’hui conviés afin de recueillir l’avis des acteurs de la société civile que nous sommes sur la mise en œuvre du processus électoral ayant abouti lundi 04 Janvier 2021 à la délibération provisoire de l’Autorité Nationale des Elections (ANE).
Chers conférenciers, malgré les irrégularités qui ont entaché la mise en œuvre de la dernière élection en Centrafrique, comme si c’était prévisible, l’ANE a donc rendu vainqueur le président sortant avec une marge de près de 54% de voix. Hélas ! Sans rentrer dans les débats de fonds au sujet de cette statistique, nous, observateurs de la vie publique voudrons par l’occasion de cette rencontre médiatique relever un certain nombre de faits constatés :
1-Le vote du 27 Décembre 2020 s’était tenu sous une forte tension politique et sécuritaire.
2-Plus d’un tiers du pays vivait au rythme des assauts des rebelles de la CPC dont les actions sont revendiquées par l’ancien président François Bozizé. Un état de fait que nous condamnons fermement.
3-Sur 1.800.000 électeurs convoqués, seuls 900.000 ont eu l’opportunité d’exprimer leur droit de vote.
4-Dans plusieurs parties du pays notamment dans la Mambéré-Kadéi, la Nana-Mambéré, l’Ouham, l’Ouham-Pendé, la Ouaka, le vote a été perturbé, les électeurs étaient contraints de quitter les bureaux de vote, des situations de violence ont été constatées, des urnes ont été brulées.
5-Pour les bureaux de vote où l’élection s’était tenue, les procès-verbaux ont été refusés aux représentants des partis politiques en totale violation du code électoral centrafricain.
6-Pour certaines régions, les décomptes des voix ont été même fait 24 heures après que l’élection ait eu lieu.
7-A la grande surprise du grand ensemble, lors de la proclamation de l’ANE, les résultats des bureaux de vote où l’élection a été perturbée ou ne s’est pas quasiment tenue, les chiffres ont été comptabilisés. Les urnes brulées ont-elles été ressuscitées ? Quelle a été l’alchimie qui a provoqué la mise en ligne de ces chiffres ? Ces questions demeurent jusque-là sont réponses.
8-Mesdames et messieurs, il vous souviendra que lors du délibéré provisoire de l’ANE, il nous a été dit que cette élection a connu un taux de participation estimé à près de 72%. Or, si l’on doit se référer au corps électoral convoqué, l’on retiendra amplement qu’il s’agit d’un taux de 32% de participation, contrairement aux 72% vendus par l’ANE ? Est-ce des stratégies pour légitimer un vote qui n’a pas respecté les standards nationaux et internationaux ? Encore là, nul ne le sait si ce n’est que ceux qui le soutiennent peut-être à tort ou à raison.
9-Devrions-nous encore rappeler que la délibération de l’ANE continue de surprendre plus d’un ? En effet, aux oreilles de tous, le président de l’illustre institution en charge des élections avait tout d’abord donné un chiffre qui fait un peu plus de 110% de suffrages pour venir le rectifier à 101%. Scandale ! Sans savoir que notre pays était devenu depuis le 04 Janvier la risée du monde. En témoignent les rapports des observateurs indépendants et des médias internationaux qui interviennent en République centrafricaine.
10-Ce qui est d’autant plus inquiétant pour la paix civile au lendemain de ces élections, c’est surtout le communiqué signé des 10 candidats à ladite présidentielle qui ont à l’unisson rejeté les résultats et ont appelé à la reprise de celle-ci.
Fort de toutes ces analyses et ces constats vérifiables et vérifiés, nous acteurs de la Société Civile présents à cette rencontre citoyenne n’avons qu’une seule revendication à porter aux juges de la Cour Constitutionnelle qui seront très attendus le 19 Janvier 2021.
Mesdames et messieurs, permettez-nous de retourner notre cible et de parler directement au cœur de nos juges suprêmes. Vous, voilà pour une fois face à cette grande épreuve. Celle de dire le Droit et rien que le Droit pour sauver une Nation en péril. Soit de vous laisser inféoder aux pressions internes et externes afin de compromettre la Démocratie et l’Etat de Droit.
Chers juges constitutionnels, il convient de vous dire que la délibération de l’ANE a été le démenti cinglant de l’intellectualisme centrafricain. Par cette démonstration moins méthodique, nous avons compris à quel niveau l’intellectuel centrafricain est capable de brader ses valeurs morales et de se plier aux exigences anti républicaines.
Bref, viendrez-vous aussi constitutionnaliser la manœuvre moins cartésienne ? Nous acteurs de la vie politique centrafricaine, voudrons bien croire à l’existence d’un Etat de Droit, d’une Nation démocratique. L’histoire retiendra quelque chose si vous vous déroberez de l’espoir que la Nation a placée en vous.
Pour finir, nous veillerons quotidiennement par l’éveil des consciences de nos compatriotes à qui la barbarie a ôté la voix pour que la démocratie triomphe, pour que le PEUPLE SOUVERAIN triomphe.
Chers juges constitutionnels, rendez nous notre SOUVERAINETE, rendez nous la confiance à nos institutions.