La Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) a dénoncé mercredi la tentative d’asphyxie de la capitale Bangui par une coalition armée qui cherche à renverser le président Faustin Archange Touadéra, et alerté sur le « drame social et humanitaire que pourrait subir la population ».
Depuis le début de l’offensive des rebelles une semaine avant les élections présidentielle et législatives du 27 décembre, Bangui subit un blocus des principaux groupes armés qui contrôlent les deux tiers du territoire et ont mené plusieurs attaques sur les routes nationales 1 et 3 reliant la capitale de ce pays enclavé au Cameroun voisin.
Dans ce pays en guerre civile depuis 2013, M. Touadéra a été proclamé réélu lundi par la Cour constitutionnelle, mais deux électeurs sur trois n’ont pas voté en raison de l’insécurité.
« Les attaques contre les convois commerciaux par les anti-Balaka, le 3 R, le MPC et l’UPC, et leurs alliés politiques, dont l’ancien président (François) Bozizé, pourraient rendre impossible la disponibilité et l’accessibilité aux biens alimentaires, aux médicaments et à d’autres produits essentiels au fonctionnement des services publics tels que les hôpitaux », a déclaré Vladimir Monteiro, porte-parole de la MINUSCA.
« Ces groupes armés et leurs alliés politiques sont responsables de violations graves du droit international humanitaire ainsi que des droits de l’Homme », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Embuscade
Lundi, un convoi de camions commerciaux escorté par les Casques bleus est tombé dans une embuscade des groupes armés et a été contraint de stopper sa route. Trois chauffeurs de camion ont été blessés dans l’attaque, affirme la MINUSCA.
« La Force a fait de la réouverture de l’axe Béloko-Bangui (qui relie le Cameroun à la capitale, NDLR) une priorité pour permettre la reprise des mouvements logistiques », a insisté le lieutenant-colonel Abdoulaziz Fall, porte-parole de la force de la Minusca.
« Les contraintes actuelles sur l’approvisionnement alimentaire déjà fragile font à nouveau grimper le prix des produits alimentaires de base », s’est également inquiétée la coordinatrice humanitaire pour l’ONU, Denise Brown.
Le prix de certains produits de base a augmenté d’au moins 50 % dans certains endroits, et dans le deuxième pays le plus pauvre du monde, plus d’un tiers de la population (1,9 million de personnes) est confronté à un niveau élevé d’insécurité alimentaire, selon l’ONU.