La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) dénonce une campagne de manipulation dont elle fait actuellement l’objet dans certains médias et d’autres secteurs centrafricains et étrangers. Au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission mercredi à Bangui, le porte-parole Vladimir Monteiro, rejetant en bloc les accusations de partialité et manquement au mandat, a souligné que « cette campagne inacceptable vise à désinformer l’opinion publique sur l’engagement de la MINUSCA pour la paix et la stabilité en République centrafricaine, conformément à son mandat ».
« Le Représentant spécial du Secrétaire général, le leadership de la MINUSCA et l’ensemble du personnel civil et militaire restent plus que jamais concentrés dans l’exécution du mandat de la Mission, en appuyant les autorités centrafricaines face aux nombreux défis, notamment d’appui au processus de paix, de relance du dialogue politique par les bons offices du le Représentant spécial, de protection des populations civiles et de restauration de l’autorité de l’Etat », a indiqué Monteiro.
Selon le porte-parole, depuis quelques jours, la MINUSCA fait face à des déclarations publiques, rapports, articles de presse et publications sur les réseaux sociaux l’accusant d’être responsable du maintien de l’embargo sur les armes et de mener des opérations avec des forces bilatérales, en violation des principes des Nations unies. En ce qui concerne l’embargo, « la MINUSCA rappelle que cette question est du ressort exclusif du Conseil de sécurité des Nations unies, seul organe à même de prendre des décisions y afférant », a renchéri Monteiro.
« Sur la question des forces bilatérales russes et rwandaises, la MINUSCA rappelle qu’elles sont en République centrafricaine dans le cadre d’accords avec le gouvernement souverain de ce pays et que la Mission se doit de respecter cette souveraineté, conformément aux différentes résolutions du Conseil de sécurité », a précisé Monteiro, ajoutant que la MINUSCA n’a pas mené des opérations conjointes avec les forces bilatérales et n’a aucune coordination structurelle directe ou indirecte avec une quelconque force internationale opérant dans un cadre bilatéral en République centrafricaine, hormis la France, conformément à la Résolution 2552 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui prévoit l’appui des forces armées françaises aux éléments de la MINUSCA (paragraphe 52).
Le porte-parole a par ailleurs précisé que compte tenu de la présence sur le terrain de ces nouveaux acteurs, il a été créé un mécanisme présidé par le Premier ministre réunissant la partie gouvernementale avec les représentants de toutes les forces sous son autorité et la MINUSCA. « Ce mécanisme est exclusivement destiné à partager la cartographie sur la présence des différentes forces sur le terrain pour éviter qu’elles ne se neutralisent ou ne se tirent dessus. Ce mécanisme d’échange d’informations est essentiel dans le cadre de l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations vulnérables », a-t-il précisé. Par ailleurs, ce mécanisme d’échange d’informations permet de disposer d’un système de notification des mouvements des acteurs humanitaires pour une prise en compte par toutes les forces présentes sur le terrain qui sont tous tenues de protéger l’espace humanitaire pour un acheminement sans entrave de l’aide aux populations vulnérables, a ajouté le porte-parole.
En ce qui concerne le processus électoral, dont les résultats définitifs du premier tour des législatives du 27 décembre ont été proclamés lundi par la Cour constitutionnelle de la République centrafricaine, la MINUSCA a annoncé la poursuite de son soutien à la tenue du second tour et des élections partielles qui se tiendront dans 118 circonscriptions restantes. « Conformément à son mandat qui prévoit les bons offices et les soutiens opérationnel, logistique, technique et sécuritaire, la MINUSCA va poursuivre son appui aux autorités centrafricaines dans la préparation et l’organisation de ce scrutin », a rassuré le porte-parole, rappelant que « la MINUSCA appelle tous les acteurs impliqués dans le processus électoral à contribuer à la tenue d’élections apaisées ».
Sur la situation des droits de l’homme dans le pays, la Division des Droits de l’homme de la MINUSCA a publié son rapport mensuel relatif à décembre 2020. Selon ce rapport, 104 incidents affectant 196 civils ont été documentés. « Il s’agit d’une hausse importante du nombre d’incidents et du nombre de victimes par rapport au mois de novembre 2020, 30 incidents pour 58 victimes, liés à la tenue des élections présidentielle et législatives le 27 décembre », a souligné le porte-parole, ajoutant que « les groupes armés sont auteurs de 94 incidents ».
De son côté, le porte-parole de la Force de la MINUSCA, le Lieutenant-colonel Abdoul Aziz Fall, a noté que la situation sécuritaire, la semaine écoulée, a été globalement calme, avec une reprise progressive des activités quotidiennes par les populations. Selon l’officier, après l’échec de tentatives de prise de contrôle de certaines localités, les groupes armés s’adonnent à des activités qui entravent la liberté de circulation des populations et des biens : « Pour faire face à ces menaces, la MINUSCA a mis en œuvre des moyens conséquents, et la Force a fourni des escortes de sécurité et mis en place, en liaison avec les FACA, un plan de sécurisation du corridor Bangui-Béloko ».
Il a également salué la solidarité intermissions des Nations Unies, avec l’arrivée à Bangui, fin décembre, du renfort des casques bleus de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS) : « Cette contribution a permis d’avoir plus de ressources pour faire face aux défis sécuritaires dans la capitale. La MINUSCA et les forces de défense et de sécurité centrafricaines renforcent leurs actions sur le terrain pour assurer la quiétude et un environnement sécuritaire propice à la reprise de toutes les activités par les populations ».
Faisant le point sur les activités de la Police de la MINUSCA, la porte-parole Capitaine Mazalo Agba a souligné que les policiers onusiens se sont focalisés sur des opérations de sécurisation des populations à travers des patrouilles conjointes des unités de police constituées, celles de mentorat au profit des Forces de sécurité intérieure centrafricaine dans les unités à Bangui et en régions. « Dans le cadre des élections, le leadership de la composante police poursuit les rencontres notamment pour une sécurisation renforcée du second tour des législatives », a-t-elle ajouté, expliquant que l’envoi de policiers des Nations Unies à l’intérieur du pays a été abordé.
La Capitaine Mazalo Agba a également souligné que la composante Police continue d’appuyer les Forces de Sécurité Intérieure (FSI) dans l’interpellation des personnes en conflit avec la loi et dans l’élaboration des procédures d’enquêtes afin que les intéressés soient traduits devant les juridictions compétentes. « Au total, 16 personnes ont été interpellées pour diverses infractions à Bangui et en provinces au cours de la semaine écoulée et cela grâce à l’intensification des patrouilles diurnes et nocturnes conduites conjointement par les FSI, UNPOL et l’Etat major intégré », a-t-elle précisé.