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Bangassou, des rebelles centrafricains aux Casques bleus, l’éternel recommencement

Publié le mardi 16 fevrier 2021  |  Corbeau News Centrafrique
Un
© Autre presse par DR
Un casque bleu
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Bangui ( République centrafricaine ) – Un mois qu’elle n’était pas sortie de la base des Casques bleus de la force de l’ONU en Centrafrique. Escortée par leurs blindés, Pierrette Benguere descend de son pick-up. Madame la préfète du Mbomou est venue dans la forêt environnant Bangassou pour tenter de rassurer les déplacés.

Comme plus de 200.000 Centrafricains, depuis une offensive rebelle déclenchée il y a deux mois, juste avant la présidentielle – et comme un tiers de la population dans tout le pays en sept années de guerre civile -, ces déplacés ont fui cette bourgade lorsque les rebelles y sont entrés le 3 janvier.

Là, à 700 kilomètres à l’est de Bangui, des milliers de familles se terrent en forêt sous des abris de branchages. Bangassou, cité commerçante d’environ 30.000 âmes, s’est transformée en ville-fantôme.

Mi-décembre, six des 14 groupes armés qui occupaient deux tiers de la Centrafrique depuis le début de la guerre civile en 2013, ont lancé une offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra.

Ce qui ne l’a pas empêché d’être réélu une semaine plus tard, mais dans un scrutin très contesté: moins d’un électeur sur deux a eu la possibilité de voter en raison de l’insécurité.

– Semblant d’autorité-

La situation de Bangassou est à l’image de celle de nombreuses villes depuis sept ans. Les groupes armés contrôlent plus ou moins l’essentiel d’un vaste pays peu peuplé et couvert de forêts et de brousse.

L’Etat tente de maintenir des enclaves de semblant d’autorité administrative, policière et judiciaire dans ces bourgades, grâce à quelques fonctionnaires qui doivent vivre et travailler avec des rebelles omniprésents ou infiltrés. Et se réfugier chez les Casques bleus de la Mission de l’ONU (Minusca) au moindre problème.

Le 3 janvier, plusieurs centaines d’hommes lourdement armés ont attaqué, dans Bangassou, les positions des militaires centrafricains et de leurs alliés paramilitaires de la société de sécurité privée russe Wagner, dont les effectifs soutiennent le gouvernement Touadéra et ont reçu d’importants renforts dépêchés par Moscou fin décembre, à la rescousse d’une armée nationale mal équipée et peu formée.

Après plusieurs heures d’affrontements, la Minusca a volé à leur secours et ramassé les blessés, les valides et toutes les autorités de la ville. Direction la base des Casques bleus. Ils ont retrouvé la préfète qui s’était réfugiée là une semaine plus tôt.

“Nous sommes en pleine bataille et la Minusca ne va pas m’abandonner”, clame Pierrette Benguere à l’adresse des déplacés venus s’agglutiner autour d’elle en ce début de février. “Qu’ils le veuillent ou non, les rebelles vont finir par quitter la zone”, tente-t-elle, sans guère convaincre.

Car, s’ils ont quitté la ville le 15 janvier après un ultimatum de la Minusca, les groupes armés sont toujours présents alentours, dans la brousse et les villages, et contrôlent les axes routiers.

Leur général autoproclamé Mahamat Saleh commande une troupe de quelques dizaines de combattants installés dans la paroisse catholique de Niakari. Un village désert, comme toutes les localités avoisinantes depuis leur arrivée dans la zone.
-Ecoles fermées-

“Nous ne sommes pas là pour attaquer la population”, se défend-il, dans un entretien accordé à l’AFP fin janvier, en tenue civile, entouré de jeunes hommes lourdement armés. “Nous avons attaqué Bangassou parce que le président Touadéra a vendu la Centrafrique”, assène-t-il. Leur objectif ? “La démission de Touadéra”.

A Niakari et les villages alentours, les commerces sont fermés, comme les écoles, et les centres de santé ne fonctionnent plus. Les miliciens en armes font peur.

“S’ils ne quittent pas ces localités, il sera difficile de reprendre les cours et si les enfants restent à la maison, ce sont les rebelles de demain que nous allons fabriquer”, se lamente la préfète.

Victoire Ngokpou a choisi de mettre sa famille à l’abri, juste de l’autre côté de la rivière Mbomou, en République démocratique du Congo (RDC).

Psychologue à l’hôpital de Bangassou, elle loue une chambre dans une maison en terre battue, désormais cernée par un camp de réfugiés. “Mais certains de mes collègues de l’hôpital sont entassés à plus de 15 dans des abris en bâches de plastique”, lâche-t-elle.

Chaque matin, Victoire fait le trajet inverse en pirogue pour aller au travail. Sur l’autre rive, elle enfourche une moto sous le regard des Casques bleus marocains qui gardent l’entrée du pays.

A l’hôpital, soutenu par Médecins sans frontières (MSF), son bureau est cerné par des déplacés venus chercher une protection. “Pas mal de gens ont perdu leurs biens, leurs parents. Et puis même, entendre les crépitements des armes, certains ne le supportent pas”, explique la psychologue.

Mme Benguere a fini sa visite, elle salue les déplacés et repart avec son escorte. Elle voudrait voir les rebelles partir aussi, mais bon nombre sont des enfants de la région…

C’est tout le problème. Le gouvernement égrène depuis 10 jours les villes “reprises” grâce à ses “alliés” russes et rwandais, mais à Bangassou, comme dans d’autres villes, tant que la présence de l’Etat n’y sera pas durablement rétablie, la vie normale ne reprendra pas. Les rebelles sont partout, en armes en brousse ou incognito dans leurs villages.
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