"Les communautés musulmanes et chrétiennes commencent à se parler" en Centrafrique, ravagée par des violences depuis près de deux ans, mais "des clivages" demeurent, estime lundi à Bangui la Conférence épiscopale de Centrafrique (CECA).
"Les communautés (....) se rencontrent de plus en plus. Les yeux se dessillent et chacun se rend compte de ses égarements", affirment-ils dans un communiqué.
Ils notent toutefois une "haine persistante qui engendre la division et qui induit le repli communautaire que nous observons dans certaines localités" dont Bangui, Bambari (centre), Kaga Bandoro (centre nord) ou Mbres (centre Nord) ou Ndele (nord), où "des clivages restent forts".
Les conditions sécuritaires et humanitaires ne sont pas les mêmes sur l'étendue du territoire centrafricain, rappellent-ils.
"Dans certaines villes, la sécurité revient progressivement. Le redéploiement partiel des policiers, des gendarmes et des magistrats est un soulagement pour la population", font remarquer les évêques qui appellent les leaders politiques "à dépasser leurs intérêts personnels et partisans, à promouvoir l'unité, le rassemblement autour des valeurs républicaines".
"L'heure est grave, la Centrafrique se meurt. A quoi sert toujours de recourir à des forces obscures en vue d'imposer ses idées et d'accéder au pouvoir?", s'interrogent-ils.
Les évêques saluent les efforts déployés par la communauté internationale pour venir en aide au peuple centrafricain, et demandent l'application des différentes résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, "afin de désarmer systématiquement les groupes armés non conventionnels et d'assurer la sécurité des civils".
Au moins six personnes ont été tuées la semaine dernière lors de violences entre deux groupes rivaux de miliciens anti-balaka (essentiellement chrétiens) à Bambari (centre), selon la gendarmerie centrafricaine.
Bambari, où s'est installé l'état-major de l'ex-coalition Séléka, a été depuis le mois de juin le théâtre de violents affrontements qui ont fait plus de 100 morts et au moins 200 blessés, pour la plupart des civils, ainsi que plusieurs dizaines de milliers de déplacés.
Ces affrontements ont opposé les anti-balaka, essentiellement chrétiens, aux hommes de la Séléka et à des civils musulmans armés. Plusieurs factions de l'ancienne rébellion se sont ensuite affrontées.
Depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka - chassée à son tour en janvier 2014 - la Centrafrique a sombré dans une crise sécuritaire et politique sans précédent. La présence de la force française Sangaris et des soldats de l'Union africaine stabilise la situation sans pour autant pouvoir pacifier l'ensemble du territoire.