Jamais dans l’histoire de l’Afrique et du monde un peuple n’a été autant trahi par ceux là même qui sont censés le conduire à sa destinée, jamais la RCA n’a connu autant des leaders aussi médiocres, liges, transparents et égoïstes. Boganda, Bokassa, Dacko, Kolingba et Patassé doivent se remuer dans leur tombe au vu du spectacle que leur offre au quotidien leurs successeurs qui ont perdu le sens de la dignité. Le coup d’Etat du 24 mars pouvait se justifier par le clanisme, le financement et l’entretien des groupes armés, la stigmatisation des intellectuels, la négligence des forces armées centrafricaines, la corruption, la dictature, en gros la main mise du président Bozizé et de sa famille sur l’appareil de l’Etat et son incapacité à diriger tout le territoire centrafricain.
Vingt deux mois plus tard, les tueries massives déclenchées par Djotodia et la coalition Seleka contre les chrétiens, l’inaction du PM Tiangaye et la réaction tardive des forces «molles » pardon les Forces «Vives » de la nation, ont fini par faire le nid aux Anti-Balaka qui vont déclencher une vengeance aveugle en vers tous les musulmans sans exception.
Signalons que Djotodia et Tiangaye ont été déportés en terre étrangère le 10 janvier 2013 pour recevoir leur bon de sortie suite à leur incapacité à stopper les violences. Gratifiés par des milliards de FCFA par les gouverneurs de la Françafrique pour des bons et loyaux services rendus aux puissances invisibles, ces derniers mêmes humiliés n’ont jusqu’ici pas livré le secret de la guerre centrafricaine.
L’arrivée de Cathérine Samba-Panza, la première femme à diriger ce pays qui avait été applaudie par les centrafricains va vite tourner à la désolation. Un an après, c’est le statut quo. Le pays ne décolle pas. Les mêmes personnes qui ont échoué depuis des décennies sont toujours présentes. Le tribalisme a été renforcé, les liens amicaux sont actuellement érigés en mode de gouvernance. L’angolate gate a eu le privilège de justifier la nomination d’un proche de la présidente: Mahamat Kamoun à la primature plutôt qu’un intrus qui se permettrait de commander un audit au bénéfice du peuple qui attend depuis 55ans sa part du gâteau.
Ce serait trop facile de tout remettre sur CSP. Si son pouvoir est fort et déterminé à protéger les siens comme c’est le cas avec la Directrice générale des Douanes Mme Rachèle Ngakola qui n’est autre que la cousine de la présidente et la campagne du PM, c’est parce qu’il n’y a pas d’opposants en face. Des voix discordantes réclament en vain la tête de cette dame pour de nombreux manquements dans l’exercice de ses fonctions, . Tout se passe comme si le pays était bien dirigé et qu’aucun leader ne devrait défendre les intérêts du peuple qui ne sont pas pris en compte.
La classe politique et les autorités de la transition se distinguent plus par leur propension à défendre leur beaf-teck et leurs divers avantages au lieu de s’investir à fond pour l’édification de ce pays en décrépitude avancée depuis des décennies d’abandon.
D’après le microcosme centrafricain plusieurs proches du pouvoir affirment régulièrement que CSP gagnait bien sa vie et qu’elle n’avait rien demandé à ceux qui l’ont imposée comme cheffe de l’Etat. Ce n’est donc pas étonnant de savoir que cette dame qui était si brillante quand elle dirigeait son entreprise d’Assurance, n’était pas préparée pour diriger un pays aussi difficile que la RCA.
Devenue présidente, elle a été avalée par les dinosaures du système politique centrafricain qui est resté intact en dépit de la faillite du pays. Il faut également ajouter ses proches et ses amis qui ne font qu’appliquer la théorie de « Tango ti yé a Si Awè » «Notre tour est arrivé » qui consiste à se faire de l’argent et des biens entre complices en si peu de temps.
Il n’ y a pas eu de changement depuis le départ de Bozizé.Bien que suicidaire pour le pays qui garde à travers les pourparlers Kenyans son incapacité à laver son linge sale en famille,aux prises Djotodia et Bozizé ainsi que leurs lieutenants à l’heure où nous mettons cet article sous presse. La rencontre de Naïrobi qui met aux prises Bozizé et Djotodia sonne comme une lueur d’espoir pour des milliers de centrafricains qui ne croient plus aux autorités de la transition.
Ces derniers se retrouvent à la case du départ entre le marteau CSP et les forces vives de la nation incapables d’une part, et par les sanguinaires Bozizé et Djotodia d’autre part. Ces deux dictateurs restent après tout incontournables pour le retour de la paix dans leur pays.
Puisque personne ne peut prédire la bonne foi de ces protagonistes des remous sociaux centrafricains, une solution s’impose: La Rue.
Au Gabon, les opposants parmi lesquels l’ancien ministre et président de l’Union africaine, Jean Ping et l’ancien premier ministre Eyené NDong s’étaient récemment retrouvés dans les rues de Libreville pour contester le pouvoir D’Ali Bongo.
Au Burkina, des chefs de parti, des anciens ministres et des généraux ont encadré le peuple lors de la révolution Burkinabé, en Centrafrique, il n’y a pas de meeting ni des marches pour l’opposition. C’est le Congo, le Tchad, et la France qui font les rois lesquels n’ont point besoin de la légitimité de leur peuple pour arriver au trône.
Seule une contestation pacifique avec des nouveaux acteurs et des anciens de bonne moralité soucieux de l’avenir de tous les centrafricains peut sauver ce peuple du joug de la françafrique. Sans une action collective pour siffler la fin de cette récréation, l’on se retrouvera éternellement avec les mêmes acteurs. Le décret de la présidente nommant les membres du comité préparatoire du dialogue en est la parfaite illustration.
Mais comme nous sommes dans le pays de tous les paradoxes, il est fort à parier que les centrafricains acceptent une énième fois de subir les caprices de leurs dirigeants et de leurs leaders en dépit des limites de leur patriotisme avérées.
Bangui, Wilfried Maurice SEBIRO