Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

International

GEOPOLITIQUE Centrafrique : Duel entre Moscou et Paris au cœur de l`Afrique

Publié le samedi 20 mars 2021  |  Le Quotidien
Coopération:
© Présidence par DR
Coopération: la Fédération de Russie fait don de véhicules blindés de reconnaissance et de patrouille à l’Armée de la République Centrafricaine
Le Président de la République, Pr Faustin Archange TOUADERA a réceptionné dans la matinée du 15 octobre, 10 véhicules blindés des Forces Armées Centrafricaines offerts par la Fédération de la Russie. La cérémonie de cette remise de don s`est déroulée sur le tarmac de l’aéroport Bangui M`Poko en présence de l`Ambassadeur de la Fédération de la Russie en Centrafrique, Vladimir TITORENKO.
Comment


La Russie a renforcé sa présence militaire en Centrafrique, au grand dam de la France qui voyait ce pays enclavé comme son pré-carré.

«La Russie a investi dans des activités à forte visibilité», analyse Paul-Simon Handy, conseiller à l’Institut d’études de sécurité à Dakar. Officiellement, il y aurait des centaines d’instructeurs militaires russes en Centrafrique. Ils occupent une place stratégique, en assurant par exemple la sécurité du Président Touadéra. Ce qui offre à Moscou un accès privilégié au chef de l’Etat. A contrario, la mission européenne de formation de l’Armée centrafricaine, avec des centaines d’instructeurs, passe inaperçue.

L’opportunisme russe
La France voit d’un très mauvais œil cette omniprésence russe. Le 19 janvier, Paris a pris «note» de la réélection du Président Touadéra contestée par l’opposition. On a connu des messages plus chaleureux. «La France a été prise de court par l’implication russe qui ne découlait pas d’une stratégie mûrement réfléchie. Moscou a plutôt agi par opportunité», continue Paul-Simon Handy. La Centrafrique est un laboratoire sur le continent pour Moscou qui est également présent au Soudan, en République démocratique du Congo, en Guinée ou en Egypte.

L’opportunité, c’était le désengagement français et le dénuement du gouvernement centrafricain recherchant désespérément des soutiens militaires. Moscou a d’abord envoyé des mercenaires de la compagnie de sécurité privée Wagner, proche du Kremlin, pour tâter le terrain. Le modèle a été éprouvé en Syrie ou en Libye. Trois journalistes russes enquêtant sur les activités de Wagner en Centrafrique ont été tués en juillet 2018. L’organisation de l’opposition russe qui les avait mandatés soupçonne un crime commandité, mais l’enquête est au point mort.

L’ombre du Tchad

Des sociétés russes dépendant du groupe Wagner ont obtenu du gouvernement des permis d’extraction dans les mines de diamant et d’or. Moscou fournit de l’armement à la Centrafrique et milite pour une levée de l’embargo de l’Onu auquel le pays est soumis depuis 2013. Jeudi dernier, Bangui a essuyé un nouveau refus au Conseil de sécurité de l’Onu pour lever les restrictions sur le commerce des armes, malgré le soutien de la Russie et de la Chine. Les Occidentaux craignent qu’un afflux d’armes tombe entre de mauvaises mains. Ils font valoir qu’avec les exceptions prévues par l’Onu, l’Armée régulière a toute latitude pour s’approvisionner.

Paris et Moscou se livrent aussi une guerre de l’information en Centrafrique, comme en témoigne la suspension en décembre de plusieurs comptes Facebook accusés de diffuser de fausses informations pendant la campagne électorale. Certains étaient liés aux services de renseignement russes, d’autres à l’Armée française, selon le réseau social.

La France irait-elle jusqu’à soutenir les groupes rebelles pour donner une leçon aux Russes ? Les autorités centrafricaines accusent en tout cas le voisin tchadien, un proche allié de Paris, de déstabiliser leur pays. «Le fait qu’il y ait des mercenaires tchadiens en Centrafrique n’est pas une preuve de l’implication du gouvernement tchadien», répond Paul-Simon Handy.

En revanche, selon l’analyste camerounais, l’offensive des rebelles visant à empêcher la Présidentielle n’a pas pu se faire sans soutien extérieur, même si les rebelles peuvent se financer avec les ressources minières ou la taxation des voies de transhumance du bétail. «L’offensive des rebelles est un échec, car elle n’a pas de soutien populaire. Les Centrafricains sont fatigués de la guerre», conclut Paul-Simon Handy.

Le Temps
Commentaires