La guerre de l’information en RCA ouvre des possibilités asymétriques utiles pour réduire son potentiel et influencer ses structures étatiques et sa population.
Guerre de l’information, un instrument de politique intérieure ?
L’annonce le 9 Février 2021 par Monsieur Fidèle Gouandjika (FG), Ministre conseiller spécial du président Faustin Archange Touadera (FAT) de l’arrestation du Général François Bozizé, ex-président de la RCA par les autorités tchadiennes, a suscité beaucoup de questions dans l’opinion nationale et internationale.
Le Ministre conseiller spécial FG, surnommé “Chegué”, s’exprime en Sango, la langue nationale, parlée sur tout le territoire national et une partie du Tchad. On comprend que sa cible est nationale. S’agit-il d’un choix politique ?
Monsieur FG est un personnage controversé. Le Général François Bozizé dit que “c’est un démoniaque», LeTsunaminet du 9/2/2021. Mr Guy José Koussa écrit un article, “Dans la tête de Gouandjika : des excentricités à la pathologie”. Letsunaminet 31/8/2020.
En 2017, le journal Mondafrique publie un article sur les relations de Touadéra et de Gouandjika, « Gouandjika, le redoutable gourou de Touadera ». Ce dernier n’est pas si fou que cela : “sans son mentor Fidèle Gouandjika, Faustin Archange Touadéra serait resté universitaire reconnu pour ses travaux en maths”.
Touadéra est une sorte de « victime » d’une habile utilisation de l’ethnie, du droit d’aînesse et de la magouille politicienne centrafricaine : “Gouandjika est de la même ethnie que son cadet, le président centrafricain. Il a toujours eu de l’ascendant sur l’intellectuel affectueusement surnommé “le petit”. FAT a pris goût à la politique par la suite.
C’est FG, ministre qui a présenté Touadéra à Bozizé .“En sa qualité de ministre… du président Bozizé, FG avait chaudement recommandé son « frère » au général-président, pour qui le monde universitaire était évidemment totalement inconnu”.
Bozizé nomme Touadéra 1er Ministre dont le monde politique lui est aussi étranger :”Faustin-Archange Touadera fut ainsi bombardé dans le marigot politique centrafricain qui était aussi, pour lui, étranger. Bozize en fera son 1er Ministre durant cinq ans”
La personnalité de FAT pouvait rassurer les partenaires financiers et permettre les pratiques mortifères pour le pays. Le premier ministre avala sans broncher les assassinats politiques “.
M Fidèle Gouandjika restera dans le gouvernement Touadéra jusqu’à sa chute en 2013. Il occupe les postes juteux des télécoms, de l’Agriculture et de l’Élevage. Cette longévité lui permet de développer ses réseaux d’obligés
Il est de la lignée des Bokassa et autre Patassé, des personnages que l’on rencontre rarement à des postes aussi importants pour leur pays. A la fois saltimbanque, guitariste, entrepreneur, politicien, fêtard. Baptisé «Chègué enfant de la rue » en lingala.
“Chégué trouverait son origine le révolutionnaire cubain Ché Guévara. Chégué est utilisé dans plusieurs contextes, on l’utilise en remplacement des mots merde, je m’en fous. On peut l’utiliser comme une expression d’étonnement”, selon un jeune Centrafricain.
Cette vidéo est supprimée par celui qui l’a mise en ligne. Pendant l’interview FG semble s’étonner que des internautes le suivent. Il affirme sans sourciller ,“Oui, il est arrêté. Ah! Il y a des internautes qui veulent savoir? Il est arrêté. Au lieu de rester en RCA, il l’a quittée. Peut-être on lui aurait fait appel pour la prochaine concertation.”
FG reconnaît que F Bozize est très mobile sur le terrain et le président Touadéra interdirait de le « toucher ». “Avant-hier, Bozizé était à Bossangoa. Il y a deux semaines, il était à Boda. Il a fui. Nous ne l’avons pas touché. C’est un ancien chef d’Etat”.
Pour le pouvoir de Bangui, Bozizé est fâché. Mais il est suivi sur le terrain. Il doit être arrêté ou extradé, pas tuer. Il doit parler au peuple. “Il est fâché. Quand il sera arrêté ou extradé, il dira pourquoi il y a toujours des coups d’État?”
La progression des forces loyalistes (FACA, mercenaires russes, libyens, tchétchènes, rwandais) fait fuir Bozizé vers Bémal où il serait arrêté: “Il est allé au Tchad pour acheter des armes, des mercenaire pour venir tuer des Centrafricains. Mais Dieu a écouté leurs pleures”
Les autorités de la RCA ne seraient pas responsables de l’arrestation de Bozizé à Bémal. “Ce n’est pas Touadéra (Président de la République) qui l’a arrêté, ce n’est pas Ngon Baba (président de l’Assemblée nationale) qui l’a arrêté, ce n’est pas Grébada (1er Ministre) qui l’a arrêté, ce n’est pas Mme Darlan Danielle (présidente de la Cours constitutionnelle) qui l’a arrêté” dit Gouandjika.
FG précise que «Ce sont les Tchadiens qui l’ont arrêté. Ils nous ont téléphonés. Ils disent, nous l’avons arrêté qu’allons-nous faire de lui? Nous leur avons répondu qu’il relève de la CPI. C’est quelqu’un qui a commis des crimes. Il y a des plaintes contre lui”
La guerre de l’information un instrument de politique extérieure ?
Cherif Mahamat Zene , ministre tchadien de la communication, porte-parole du gouvernement a formellement démenti l’arrestation de l’ancien président centrafricain François Bozizé : « Notre surprise est grande, devant les allégations persistantes relayées par quelques médias, faisant état de l’arrestation de l’ex-président Bozizé de la RCA à la frontière avec ce pays et de son transfèrement vers N’Djamena. Je tiens à y apporter un démenti formel ». Koaci 11/02/2021.
Démentis du KNK et du CPC: “Le Kwa Na Kwa (KNK), parti politique fondé par l’ancien Président François Bozizé dément son arrestation par les autorités tchadiennes. Même son de cloche du côté de la coalition des patriotes pour le changement (CPC)” CNC 9/2/2021