Arrivée de Wagner en RCA en 2018…
En 2018, lorsque la société Wagner arrive discrètement en Centrafrique, de nombreux habitants expriment leur étonnement et leur inquiétude vis à vis de ces étrangers ne parlant pas leur langue. Il était encore plus étonnant de constater l’insistance de ces mercenaires pour installer leurs bases en province, dans des zones riches en ressources naturelles…
Malheureusement pour eux, en 2018, la grande majorité de ces zones sont aux mains de groupes armés locaux, notamment dans la région de Bria, riche en diamants. Pas de chance pour Wagner ! Surtout que le Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC), qui contrôlait cette zone, est connu pour sa violence.
Wagner choisit la corruption et la collaboration avec tous les acteurs
Pour s’assurer de pouvoir accéder aux ressources sans être dérangé, Wagner choisit alors de collaborer avec les seigneurs de guerre locaux. En 2019, à Khartoum, au Soudan, un accord de paix est négocié entre le gouvernement centrafricain et plus d’une dizaine de groupes armés. Parmi eux, nous retrouvons le groupe du Général Nourreddine Adam… le FPRC, très actif dans la région de Bria. Comme par hasard, voilà une affaire qui arrange bien les intérêts de Wagner.
L’accord de Khartoum, destiné à œuvrer en faveur de la paix en Centrafrique, a malheureusement été perverti par des intérêts privés obscurs. Il a en effet été révélé par la suite que plusieurs groupes armés signataires de l’accord avaient reçu de fortes sommes d’argent en échange de leur signature. Ainsi, cet accord, qui est pourtant une initiative nécessaire pour le bien du pays, est entaché de manœuvres de corruption pour faciliter l’accès aux ressources naturelles du pays à des individus peu scrupuleux.
Mais la stratégie de Wagner s’est retournée contre eux
En échange de leurs signatures, les groupes armés ont pu bénéficier discrètement de financement, et d’autres avantages. Mais une fois l’argent livré, il n’y a plus d’accord qui tienne. Pire, en achetant cette fausse paix, Wagner a contribué au financement des groupes armés qu’ils disent combattre aujourd’hui !
Ces derniers se sont alors empressés d’acheter armes et matériels pour poursuivre les combats et organiser le coup d’État de la Coalition pour le changement (CPC), lancé en décembre dernier.
Finalement, cette société privée russe a donc joué un double jeu en collaborant avec les groupes armés comme avec le camp présidentiel. En fournissant armes et financements aux rebelles, en échange d’un pillage sans scrupule des ressources des Centrafricains, cette collaboration a aggravé dangereusement la situation sécuritaire du pays de Boganda.
Et que dire du refus russe à l’ONU de voter pour le renforcement des effectifs de la MINUSCA ? Pourquoi refuser l’aide de la communauté internationale ? A l’heure actuelle, toutes les aides sont bonnes à prendre quand il s’agit de la sécurité des Centrafricains. Ne serait-ce pas une manœuvre pour que personne ne vienne mettre son nez dans les lucratives affaires et la course aux richesses naturelles de M. Evgueni Prigojine, le sulfureux patron de Wagner ?
A l’origine de la situation actuelle, c’est Wagner le pompier pyromane.