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Centrafrique : le président de la république envisage t-il de racheter la légitimité de sa réélection par l’ambigu dialogue républicain ?

Publié le dimanche 28 mars 2021  |  Corbeau News Centrafrique
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© Autre presse par DR
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l`auteur de l`article
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Depuis sa réélection contestée et controversée aux élections groupées du 27 décembre 2021, le président de la république s’abreuve et excelle dans des discours ambigus, avec des contours flous dont la capacité de pénétrer la quintessence du message n’est réservée qu’aux initiés. Contre vents et marrés, le virus de l’erreur a conduit le pouvoir de Bangui à signer un accord infructueux et exclusif avec les groupes armés. Cet accord dit de Khartoum alors signé à coût de billets de banque à Bangui le 6 février 2019 a légitimé ou institutionnalisé de façon insipide les bourreaux du peuple faisant de ces derniers les partenaires privilégiés du pouvoir. Les conséquences juridiques et politiques de cet fameux accord de Khartoum ont offert des postes juteux et sensibles dans la haute administration de l’état en violation des prévisions constitutionnelles.



A ce stade, il apparaît important de rappeler qu’en dépit des engagements scellés dans l’accord de Khartoum par les groupes armés, le peuple sans défense subissait des violences, des sévices, des tortures, des pillages, des spoliations, des enlèvements et des innombrables tueries aux vus et aux sus des autorités sans la moindre réaction si ce n’est que des condamnations de principe. Ainsi, il a fallu les évènements militaires du mois de décembre 2020 visant à empêcher la tenue des élections et qualifié par le pouvoir de tentative de coups d’état pour que le pouvoir se réveille de son long sommeil pour se rendre à l’évidence que les groupes armés étaient véritablement des fossoyeurs de la république…

la peur a ainsi changé de camp car le pouvoir était menacé. Désormais le pouvoir utilise le langage de fermeté qui se matérialise par les différentes offensives des forces armées centrafricaines appuyées par les alliés russes et rwandais qui ont abouti à la reconquête d’une bonne partie du territoire national. Parallèlement à cette opération militaire qui n’annihile pas véritablement les capacités de nuisance des ténors de la rébellion et pour éviter d’ouvrir un autre front suite à l’hostilité caractérisée de l’opposition démocratique, le président de la république a esquissé un dialogue dit républicain avec un format sectaire, peu audible qui nous ramène à la frontière du malheureux accord de Khartoum. Submergé par la cacophonie politique et l’ambiguïté des contours du dialogue républicain proposé par le président de la république, le citoyen lambda s’interroge :

Au regard de l’architecture juridique du pays, qui est républicain et qui ne l’est pas ?

Qui est dans la république et qui est en dehors ?

Les observateurs de la vie politique centrafricaine étaient unanimes qu’on ne négocie pas avec les terroristes…puisqu’ils ont commencé, pourquoi ne pas continuer ? Pourquoi le pouvoir avait refusé la main tendue de la sous région plus précisément de la CEEAC ?

Doit-on comprendre en filigrane que le dialogue républicain proposé sera sans médiateur ?

Pourquoi le pouvoir ne communique pas assez pour expliquer au peuple la substance de ce dialogue républicain ?

A quand la fin de cette naïveté politique pour enfin définir le format de ce dialogue ?

C’est quoi un dialogue républicain en lieu et place d’un dialogue largement inclusif ?

Ce dialogue conduira t-il à la rupture en vue de redistribuer les cartes politiques aux forces vives de la nation ?

Pensez-vous que le seul usage de la force saura réconcilier durablement les centrafricains ?

Au delà du dictat de l’ambassadeur russe teinté d’une hégémonie bolchevique, la crise socio-politique centrafricaine impose sans détours une large concertation à la base de tous ceux qui se réclament centrafricains sans oublier les différents acteurs c’est à dire un dialogue politique inclusif y compris les groupes armés.

Au regard des péripéties, on remarque que le pouvoir n’a pas la bonne définition de la notion de la « paix ». Hier en signant un accord politique exclusif avec les groupes terroristes, on nous opposait la maxime qui énonce que « la paix n’a pas de prix ». Aujourd’hui sans pour autant définir le prix, la valeur marchande de la paix, on envisage d’imposer au peuple un dialogue encore exclusif…c’est paradoxal et contrasté.

De tout ce cirque digne d’un carnaval brésilien, nous pointons un doigt accusateur sur le peuple à cause de docilité, sa versatilité et qui se laisse souvent orienté par le sens du vent.

Pour finir, nous estimons que ce sont les différentes offensives militaires des groupes armés qui ont mis la pression sur le pouvoir de dialoguer car depuis toujours les actes posés par la COD 2020 précédés de ceux de son ancêtre « E zingo biani » étaient systématiquement considérés comme anti-républicain…maintenant qu’on y est, on ne peut dialoguer sans les groupes armés. Mais attention, ne le dites à personne. Si on demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
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