Hémicycle de l’Assemblée Nationale
BANGUI, LE 30 MARS 2021
- Excellence, Monsieur Evariste NDAYISHIMIYE, Président de la République du Burundi, Très Cher Frère ;
- Monsieur le Général Ibrahim Jaber IBRAHIM, Membre du Conseil Souverain de Transition du Soudan ;
- Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Représentant du Président de la République Démocratique du Congo ;
- Mesdames et Messieurs les Premiers Ministres, Représentants des Chefs d’Etat du Cameroun, du Rwanda, du Gabon ;
- Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ;
- Mesdames et Messieurs les Ministres, Représentants des Chefs d’Etat de la Guinée Equatoriale, du Congo, du Tchad, de l’Afrique du Sud, de l’Ouganda, de la France, de l’Angola ;
- Madame la Vice-Présidente de la CEEAC ;
- Monsieur le Représentant de la Secrétaire Générale de l’OIF ;
- Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
- Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Madame et Messieurs les Anciens Chefs d’Etat ;
- Madame le Président de la Cour Constitutionnelle ;
- Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
- Mesdames et Messieurs les Chefs de Missions diplomatiques, Postes Consulaires et Représentants des Organisations Internationales ;
- Mesdames et Messieurs les Chefs des Délégations des pays amis et institutions partenaires ;
- Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;
- Distingués invités ;
- Mesdames et Messieurs ;
- Mes Chers Compatriotes ;
La République Centrafricaine, notre riche et beau pays, est l’un des pays précurseurs en matière de démocratie en Afrique.
Dès 1980, notre pays a organisé des élections pluralistes, mais cette expérience fut interrompue par un coup d’Etat en 1981.
Notre pays a renoué avec la démocratie en organisant des élections libres, transparentes et inclusives en 1993, après plusieurs années de tensions sociales et politiques qui ont affaibli l’Etat, déstructuré la société, brisé la cohésion sociale et l’unité nationale.
Après le coup d’Etat du 15 mars 2003 qui a mis un coup d’arrêt à la démocratie née des élections de 1993, le Peuple centrafricain croyait, non sans raison, avoir renoué définitivement avec la démocratie et l’Etat de droit, par les élections présidentielles et législatives de 2005 et 2011.
Malheureusement, les contestations post électorales de 2011 et la rébellion qui en a résulté ont, à nouveau, mis en péril la jeune démocratie et plongé le pays dans un conflit armé au relent communautaire, sans précédent, le 24 mars 2013.
Après une longue transition politique, souvent émaillée de graves violations des droits de l’Homme, de destructions des biens, de pillages des ressources naturelles et des velléités de partition du pays, le Peuple centrafricain croyait conjurer le mal en organisant le Forum de Bangui en mai 2015, puis les élections présidentielle et législatives en 2015-2016.
La Constitution issue de ce Forum de Bangui, promulguée le jour de ma prise de fonction le 30 mars 2016, a fixé les bases fondamentales de la société et les principes de la République.
Convaincu après plusieurs décennies de crises militaro-politiques de l’impérieuse nécessité de préserver l’unité nationale, le Peuple centrafricain a retenu le suffrage universel direct ou indirect comme seul mode d’accession aux institutions éligibles, chargées de diriger l’Etat.
Le Peuple centrafricain, détenteur de la souveraineté nationale, a ainsi banni l’usurpation de sa souveraineté par coup d’Etat, rébellion, mutinerie ou tout autre procédé non démocratique, déclarant que ces procédés inscrits dans la Constitution constituent des crimes imprescriptibles et que toute personne qui accomplirait de tels actes lui aura déclaré la guerre.
En dépit de ces garanties constitutionnelles, la démocratie et l’Etat de droit sont à nouveau gravement menacés par une nouvelle tentative de coup d’Etat, perpétrée par une association des malfaiteurs dénommée Coalition des Patriotes pour le Changement, CPC.
- Excellences ;
- Mesdames et Messieurs ;
Je l’avais dit le 30 mars 2016, mon mandat marquait le début d’une nouvelle ère, affirmant notre volonté commune d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays, après plusieurs années d’indépendance, ponctuées des coups d’Etat, des mutineries et des rébellions.
Au cours de mon premier mandat, nous nous sommes attelés à l’œuvre de la réconciliation nationale, à reconstituer l’unité nationale durement ébranlée, à reconstruire l’Etat par la mise en place des institutions républicaines, à reconstruire nos forces de défense et de sécurité en mettant un accent particulier sur leurs caractères pluriethnique, républicain et professionnel, à jeter les bases solides d’un développement socio-économique, à reconquérir notre place dans le concert des Nations.
Bien plus, nous avons lancé des chantiers de construction et de réhabilitation d’infrastructures, transformé l’image de nos villes, initié des projets de relance de la production à travers tout le pays et entrepris de satisfaire les besoins vitaux de nos populations, à travers plusieurs chantiers d’infrastructures, comme les écoles, les hôpitaux, les routes, les ponts dont certains viennent d’être détruits par méchanceté par les membres de la CPC, les projets agricoles, énergétiques et la fibre optique.
Notre pays avait enregistré un taux de croissance économique de 4,5% en 2019, pour la troisième année consécutive, avec une projection de 5% à moyen terme, ce qui constituait l’un des meilleurs taux de croissance dans la sous-région.
Le développement du numérique a par ailleurs permis le paiement mobile des salaires des fonctionnaires et la numérisation des services des impôts et taxes qui ont contribué au relèvement du niveau des recettes domestiques et la qualité des services publics.
Malheureusement, l’avènement du Covid-19 et de la CPC ont provoqué la revue en baisse de notre croissance à moins de 2% et le retard dans la réalisation de certains projets vitaux, à l’exemple des champs solaires dont la mise en exploitation était prévue pour cette année.
C’est sur la base de ces résultats tangibles que le Peuple centrafricain m’a souverainement renouvelé sa confiance pour travailler davantage et améliorer son quotidien et sa sécurité.
- Excellences ;
- Mesdames et Messieurs ;
L’événement qui nous réunit ce jour, dans cette Maison du Peuple, symbole de la Démocratie et de la souveraineté nationale, exprime l’aspiration profonde du Peuple centrafricain à consolider les bases de la démocratie, de l’Etat de droit, de la paix, de l’unité nationale et de la bonne gouvernance, posées le 30 mars 2016, et à affermir l’irréversible marche de notre pays vers une paix durable et un développement harmonieux.
En effet, le 27 décembre 2020, le Peuple centrafricain a réaffirmé son attachement au suffrage universel comme seul mode d’accession à la magistrature suprême de l’Etat, en me renouvelant souverainement sa confiance pour un mandat de cinq (5) ans, dès le premier tour du scrutin présidentiel.
Ces élections, organisées conformément à la Constitution, ont été jugées libres, transparentes et équitables par les observateurs nationaux et internationaux.
C’est avec beaucoup d’émotion et un fort sentiment d’humilité devant l’immensité de la tâche qui est désormais la mienne, ainsi que de reconnaissance pour la confiance renouvelée, que je viens de prêter, devant Dieu et devant vous, le serment que notre Constitution prescrit au Président de la République, avant son entrée en fonctions.
A cet instant précis, je voudrais saluer, avec respect, les mémoires des victimes innocentes des crises militaro-politiques ainsi que celles de Covid-19, et exprimer à leurs proches notre compassion et notre solidarité dans la douleur.
Je tiens particulièrement à rendre hommage au courage de tous nos héros des forces de défense et de sécurité nationales, ceux de la MINUSCA et des forces alliées russes et rwandaises, qui ont accompli leur devoir jusqu’au sacrifice suprême, pour la cause de la paix, de la démocratie, des droits de l’homme, de la souveraineté nationale, de l’unité et de l’intangibilité du territoire centrafricain.
- Excellence, Monsieur Evariste NDAYISHIMIYE, Président de la République du Burundi ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants des Chefs d’Etat ;
Votre présence parmi nous, en dépit des charges contraignantes qui sont les vôtres et du contexte particulier, marqué par la pandémie du COVID-19, est le témoignage éloquent de votre amitié et de votre solidarité à l’égard du Peuple centrafricain.
Cette présence, hautement remarquée et saluée par le Peuple centrafricain, est aussi le signe indiscutable de l’intérêt particulier que vous accordez à tout ce qui contribue au renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit en République Centrafricaine.
Au nom du Peuple centrafricain et en mon nom personnel, je voudrais vous saluer et vous remercier chaleureusement pour cette présence qui nous honore et vous rassurer de ma détermination et disponibilité à poursuivre avec vos pays de franches relations de coopération, d’amitié et pour ceux de la sous-région, de bon voisinage.
Je voudrais également saluer et remercier du fond du cœur les délégations des pays et institutions partenaires ainsi que tous nos invités et leur souhaiter un agréable séjour en terre centrafricaine, hospitalière et généreuse.
Je ne peux, hélas, citer chacun d’entre nos illustres invités, mais permettez-moi d’avoir des mentions particulières à mon Frère Evariste NDAYISHIMIYE, Président de la République du Burundi.
Je vous prie de trouver ici la gratitude du Peuple centrafricain pour les efforts sans cesse déployés pour ramener la paix et la sécurité dans notre pays et dans la sous-région.
Permettez-moi, Excellences, Mesdames et Messieurs, de saisir cette occasion solennelle pour saluer et remercier vivement, à nouveau, tous mes concitoyens qui, désireux de sortir de la spirale de crises militaro-politiques sans fin, et convaincus des résultats tangibles de mon premier mandat et de la pertinence de mon projet de société, ont bravé tous les écueils et porté massivement leur choix sur ma modeste personne, au premier tour de l’élection présidentielle du 27 décembre 2020.
Je félicite également tous les électeurs qui ont librement exercé leur droit civique en votant pour d’autres candidats, faisant ainsi de notre démocratie une réalité vivante.
Je les assure de ma disponibilité à travailler avec tous les concitoyens, quelle que soit leur appartenance politique, régionale, ethnique ou religieuse, car nous formons un seul peuple et poursuivons un seul idéal : le bien-être du peuple centrafricain.
Je félicite l’Autorité Nationale des Elections et la Cour Constitutionnelle pour les efforts déployés, en collaboration avec tous les acteurs politiques et sociaux ainsi qu’avec d’autres partenaires pour l’organisation et la tenue des élections, en dépit des circonstances difficiles.
Je tiens à féliciter nos forces de défense et de sécurité nationales et la MINUSCA pour leur professionnalisme dans l’application du plan intégré de sécurisation des élections et leur retenue face aux provocations des ennemis de la démocratie, ce qui a contribué à la bonne tenue des scrutins.
Excellences,
Mesdames et Messieurs ;
Les élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2020 ont été rendues possibles grâce au soutien constant de la communauté internationale.
Je voudrais réitérer notre meilleure appréciation des précieuses contributions des Nations-Unies, de l’Union Européenne, l’Union Africaine, la CEEAC, la CIRGL, la CEMAC, la CEN-SAD et le G5.
Je voudrais porter ici le témoignage de la gratitude du Peuple centrafricain à tous les pays amis et frères, notamment la République Française, les Etats-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, le Portugal, le Royaume du Maroc, l’Afrique du Sud qui ont apporté des contributions significatives à l’œuvre de reconstruction centrafricaine grâce à leurs engagements politiques à nos côtés.
Je ne saurais oublier les contributions des pays voisins, particulièrement la République du Congo, la République Démocratique du Congo, le Cameroun, le Gabon, le Tchad et le Soudan qui ont permis de contrer la grave menace de déstabilisation des institutions de la République et juguler les conséquences humanitaires de la crise.
Je ne manquerai pas de souligner notre profonde gratitude à l’égard de nos partenaires techniques et financiers comme la Banque Mondiale, le FMI, la BAD, la BDEAC, le Fonds saoudien, le PNUD, et toutes les institutions spécialisées des Nations-Unies qui ont permis l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, des programmes et projets dans tous les secteurs vitaux pour le bien-être du Peuple centrafricain.
- Madame le Président de la Cour Constitutionnelle ;
- Mesdames et Messieurs les Juges Constitutionnels ;
Je voudrais vous remercier pour vos propos aimables et vos précieux conseils que je m’appliquerai à observer au cours de ce nouveau mandat, dans l’intérêt supérieur de notre pays.
Je tiens à vous féliciter et vous encourager pour l’indépendance et la rigueur dont vous faites preuve dans l’accomplissement de votre mission de gardiens de la Constitution.
Mes Chers Compatriotes ;
Je me sens honoré et revigoré par la confiance que vous venez de me renouveler pour continuer à présider aux destinées de notre pays.
En m’élisant massivement dès le premier tour du scrutin présidentiel, vous avez, au-delà de ma personne, choisi la démocratie, l’Etat de droit, la préservation de l’unité nationale retrouvée, de la cohésion sociale et la paix, gages du progrès économique et social.
A cet instant de mon intervention, je dois vous dire que la tâche qui nous attend est immense, car nous inaugurons ce nouveau mandat sous le coup des défis sécuritaires, humanitaires, sanitaires, économiques, environnementaux, pour n’évoquer que ceux-là.
Ce second mandat qui s’ouvre aujourd’hui devrait être celui de la transformation de notre pays pour jeter ainsi les bases d’une prospérité partagée et inclusive.
Cette transformation dont j’ai largement parlée dans mon projet de société devrait s’articuler autour de trois grands axes visant à œuvrer pour une société plus inclusive, une économie plus ouverte et de meilleures capacités pour nos populations.
Le premier axe sera d’œuvrer pour une société plus inclusive en améliorant les relations entre les individus et les relations entre les individus et nos institutions.
Cela nécessite:
- l’amélioration de la Sécurité et de la Protection de nos populations ;
- la promotion des droits fondamentaux, des libertés individuelles et de la tolérance sociale ;
- la bonne gouvernance et le fonctionnement effectif et sans corruption des gouvernements ;
- la construction d’un capital social positif permettant la solidité des relations interpersonnelles et sociales, la confiance institutionnelle, l’établissement de normes sociales et la participation civique des citoyens.
Le deuxième axe sera de construire une économie plus ouverte à la concurrence, qui encourage l’innovation et l’investissement, favorise l’activité économique et le commerce et facilite la croissance inclusive.
Cela nécessite:
- un meilleur climat d’investissement en protégeant les investisseurs et en rendant les investissements plus disponibles ;
- étendre et renforcer les règlementations permettant aux entreprises de se créer, d’être compétitives et de se développer ;
- améliorer la qualité des infrastructures destinées à favoriser le commerce ;
- construire une économie efficace capable de produire de la richesse durablement et avec la pleine participation de notre main d’œuvre.
Le troisième axe consistera à améliorer les capacités de nos populations pour qu’elles soient en mesure, par l’autonomie et l’autodétermination, de générer de la prospérité pour notre pays.
Cela nécessite :
- une application effective des cinq verbes du feu Président Barthélemy BOGANDA, sur le socle de la sécurité et de la paix garanties à tous ;
- de meilleures conditions de vie, notamment dans les domaines des ressources matérielles, du logement, des services de base et de la connectivité ;
- une bonne santé et un meilleur accès aux services requis ;
- une meilleure éducation qui doit se traduire par une amélioration de notre taux de scolarisation, de nos résultats en la matière et de la qualité des quatre cycles du système éducatif, ainsi que du niveau de compétence de nos populations adultes ;
- la protection de notre environnement naturel afin de rendre l’impact du milieu physique plus favorable à la vie quotidienne des populations et à celle des générations futures.
- redorer l’image de la République Centrafricaine à l’extérieur par une diplomatie de développement axée sur les relations ciblées qu’elle entretient avec les pays amis et sur son intégration effective au sein des institutions internationales, régionales et sous-régionales.
Pour atteindre ces objectifs, le Gouvernement poursuivra la mise en œuvre effective mais actualisée de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019 qui reste le cadre politique reconnu et seul valable pour le règlement global de la crise centrafricaine.
Avec l’appui de l’EUTM-RCA et des instructeurs russes, nous poursuivrons la mise en œuvre du Plan National de Défense et de la Loi de programmation militaire pour la période 2019-2023.
Il s’agira, en effet, de poursuivre le recrutement et la formation de 1023 jeunes citoyens par an afin de rajeunir notre outil de défense, adapter et renforcer la formation de tous les éléments pour la défense de l’intégrité du territoire et la protection des personnes et des biens.
Nous poursuivrons la réalisation de notre vision de l’armée de garnison ainsi que le plaidoyer pour la levée totale de l’embargo sur les armes à destination de l’Armée Nationale.
En ce qui concerne les forces de sécurité intérieure, une attention particulière sera accordée au renforcement de leurs capacités afin de consolider la restauration de l’autorité de l’Etat tant souhaitée par la population.
Mon vœu, qui est d’ailleurs celui de la majorité des Centrafricains, est qu’à l’issue de ce mandat, il n’y ait plus aucun groupe armé actif sur le territoire national et que le DDRR soit complètement achevé.
A cet égard, j’exprime ma profonde gratitude à la Fédération de la Russie et à la République du Rwanda pour leurs appuis à nos Forces de défense et de sécurité dans les opérations de pacification de notre pays.
Mes Chers Compatriotes ;
Les atrocités et les humiliations subies pendant plusieurs années de conflits fratricides doivent nous inciter à nous fixer des lignes rouges communes et, la ligne rouge qui me paraît la plus importante, est l’impunité zéro pour tous les auteurs des crimes et délits.
Sans ces lignes rouges, nous risquons de retomber dans les pièges du passé et la paix, la sécurité et la prospérité recherchées ne seront jamais trouvées.
C’est pourquoi la lutte contre l’impunité sera la colonne vertebrale de mon nouveau quinquennat.
Je réaffirme mon engagement à continuer à œuvrer pour une justice indépendante, équitable, véritable garantie pour tous les citoyens quel que soit leur statut.
A cet effet, j’engagerai le Gouvernement à mener une réforme profonde de la justice afin de régler le problème de la lourdeur des procédures qui assure une impunité de fait aux auteurs des crimes de sang et des crimes économiques.
Nous ne laisserons plus certains politiciens en mal de légitimité, qui privilégient leurs intérêts personnels sur l’intérêt général, s’attaquer impunément aux institutions de la République et maintenir le peuple dans des souffrances indicibles, sous divers prétextes.
Je dois rappeler que le glas de l’impunité systématique des bourreaux du Peuple centrafricain a sonné.
Oui ! Nous avons l’obligation de rendre justice à toutes les victimes des crimes perpétrés dans le cadre des conflits armés qui ont endeuillé notre pays.
Soigner les souffrances de la guerre en luttant efficacement contre l’impunité tout en prévenant de nouveaux cycles de violence est indispensable au relèvement du pays.
C’est dans ce cadre que la Cour Pénale Spéciale est à pied d’œuvre. C’est également dans ce cadre, qu’en février 2020, j’ai promulgué la loi portant création de la Commission Justice, Vérité, Réparation et Réconciliation pour panser les plaies des décennies de conflits.
La célébration prochaine de la 5ème édition de la Journée Nationale du 11 mai, dédiée à la mémoire des victimes des conflits politico-militaires en Centrafrique, marque une fois de plus mon refus de l’impunité et traduit, si besoin en était, ma détermination à placer les victimes au cœur du processus de consolidation de la paix et du vivre ensemble.
Aussi, le Gouvernement s’emploiera à créer, avec l’appui de nos partenaires, un fonds d’indemnisation des victimes.
Dans le cadre du respect des droits humains, nous poursuivrons les efforts pour abolir la peine de mort, conformément aux recommandations que notre pays a acceptées lors de ses deux derniers Examens Périodiques Universels, par les Nations-Unies.
- Excellences ;
- Mesdames et Messieurs,
L’un des axes majeurs de mon nouveau mandat sera l’amélioration du climat des affaires.
Les contraintes que constituent l’insécurité, la faible disponibilité d’électricité, le coût élevé du transport sont en voie de résorption, suite aux initiatives qui sont lancées dans les secteurs concernés au cours du premier quinquennat.
L’adoption prochaine par l’Assemblée Nationale du projet de loi portant plafonnement des dommages et intérêts en matière de licenciement abusif à la suite de la loi sur le Partenariat Public Privé que j’ai promulguée, contribuera à améliorer encore notre environnement des affaires.
Pour bâtir un pays économiquement viable, financièrement crédible, jouissant d’une prospérité équitablement partagée, le Gouvernement s’attèlera à augmenter substantiellement les ressources domestiques par un effort de mobilisation plus accru des recettes intérieures pour lesquelles des mesures prises sous le premier mandat pour leur sécurisation, devront être renforcées.
Ainsi, la lutte contre la corruption, les détournements des deniers publics et les infractions assimilées sera menée par des services mieux formés et protégés.
Une réforme profonde des organes de contrôle supérieurs de l’Etat et j’ai cité l’Inspection Générale d’Etat et l’Inspection Générale des Finances, permettra de systématiser les contrôles et les audits des entreprises et établissements publics ainsi que des organismes bénéficiaires des subventions de l’Etat.
Ces organes de contrôle auront la capacité d’ester en justice contre les auteurs de détournements de deniers publics.
Mes Chers Compatriotes ;
Nous ne pourrons assurer le relèvement économique et la relance des secteurs productifs que si nous investissons dans le développement du capital humain.
Nous rendrons effectives la transformation agro-industrielle et la structuration des chaînes de valeur dans les différents secteurs agro-pastoraux.
Par ailleurs, nous allons développer le potentiel hydro-énergétique, solaire et de biomasse afin d’accroître l’électrification des zones rurales mais aussi urbaines, régler durablement le problème d’accès à l’électricité et d’accélérer le développement des projets structurants (miniers, forestiers, routiers, industriels).
C’est dans cette perspective que des efforts seront déployés pour réaliser les études de faisabilité d’importants sites de la Lobaye, de Dimoli, Palambo et de Lancreno et mobiliser des partenaires pour leur construction.
Il est à noter que plusieurs projets entrepris au cours du premier quinquennat seront rendus fonctionnels avant le premier trimestre 2022 afin de juguler les délestages.
Nous poursuivrons l’amélioration des services sociaux de base en continuant à donner de l’eau potable à la population par la réalisation des forages sur l’ensemble du territoire et la sécurisation des installations de la SODECA tant à Bangui que dans l’arrière-pays.
Le Gouvernement poursuivra le renforcement de notre capacité de protection et de production des ressources naturelles.
Un accent particulier sera mis sur l’élaboration du programme-pays pour l’accès aux financements du fonds vert climat et l’élaboration d’un projet de loi d’organisation forestière pour la bonne gouvernance du secteur.
Dans le domaine de la santé, nous avons commencé durant le premier mandat la revitalisation et la reconstruction du système de santé en considérant la santé comme un investissement et non une dépense.
Notre second mandat sera concentré sur la mise en place d’un système de santé robuste, pleinement réactif, efficace et efficient, accessible à toutes les composantes de notre population et qui ne laisse personne de côté.
La priorité clairement affichée depuis mon premier mandat est celle de la santé de la mère et de l’enfant en visant les efforts devant concourir à la réduction d’au moins un tiers des taux de mortalité maternelle, néo-natale et infanto-juvénile qui caractérisent notre pays.
Dans cette perspective, la politique nationale de vaccination élaborée guidera nos efforts durant les cinq prochaines années, y compris les efforts dans le cadre de la vaccination contre le COVID-19.
Mes Chers Compatriotes ;
Nos besoins en infrastructures routières et de communication pour désenclaver la République Centrafricaine et accroître les échanges économiques sont énormes.
Ces besoins offrent ainsi des opportunités d’investissement en infrastructures routières et en communication, notamment le déploiement de la fibre optique sur l’ensemble du territoire.
L’objectif à terme est d’assurer l’interconnexion de notre pays aux réseaux du Cameroun, de la République du Congo, du Soudan et la Mer rouge.
Cette infrastructure offrira une connexion haut-débit à plus de 30% de la population et des opportunités de développement dans les zones rurales ainsi que la création d’un Centre de données national et la construction d’un Centre d’incubation à l’Université de Bangui pour la formation des Startups.
L’extension du réseau national par la phase II du projet CAB permettra de renforcer le processus de numérisation de l’administration pour améliorer la mobilisation des recettes publiques et la transparence dans la gestion.
Des efforts seront déployés pour développer les services postaux financiers via les applications mobiles et créer la Banque Postale à participation publique majoritaire pour offrir des services de proximité à nos compatriotes.
Dans le cadre du désenclavement de notre pays, nous envisageons d’ouvrir d’autres corridors.
La priorité sera donc accordée à :
- la réhabilitation du port de Zinga de manière à utiliser la voie Zinga-Pissa-Bangui durant toute l’année pour les échanges commerciaux ;
- la création du corridor 13 Bangui-Mbaïki-Mongoumba sur co-financement de la BDEAC, la Banque Mondiale et l’Union Européenne;
- la poursuite des discussions avec la Banque Mondiale pour la réalisation des travaux du Projet de Connectivité Rurale sur l’axe Kanga-Bandoro-Ndélé-Birao-Soudan afin de faciliter les échanges internationaux.
Il y a nécessité de consacrer davantage d’efforts au renforcement du cadre légal ainsi que des capacités professionnelles des medias, surtout en cette ère du numérique pour en faire de vrais acteurs dans la construction de la paix.
Dans le cadre de la politique de décentralisation, déconcentration et régionalisation, nous allons renouer avec la démocratie à la base et la gouvernance locale, abandonnées depuis 1988, en organisant les élections locales qui seront suivies de la mise en place du Sénat.
Je saisis cette occasion pour solliciter encore une fois, le soutien et l’accompagnement de la communauté internationale pour boucler le cycle électoral et créer les meilleures conditions d’émergence de nouveaux pôles de développement dans notre pays.
La politique en faveur de la jeunesse et des femmes sera toujours au cœur de mon action au cours de ce mandat.
Afin de soutenir le dynamisme de la jeunesse et la résilience des femmes centrafricaines, le Gouvernement recherchera des financements en vue de la création d’un fonds d’investissement assorti des programmes de formation pour les jeunes et les femmes.
Des réformes profondes seront réalisées pour faire du sport un véritable support de développement en renforçant les capacités des fédérations sportives et des infrastructures sportives publiques.
En matière de l’urbanisme, nous poursuivrons la réalisation du projet Grand Bangui dans le cadre de la promotion des nouvelles villes résilientes, durables et inclusives.
Mes Chers Compatriotes ;
Dans cette nouvelle République en construction, l’opposition a un rôle très important et fondamental à jouer dans l’ancrage de notre démocratie et le lieu privilégié de son exercice, est cet hémicycle dans lequel nous lançons ce second mandat.
A cet effet, je veillerai à la stricte application de la loi relative aux partis politiques et au statut de l’opposition ainsi qu’à la promotion d’un Etat de droit fondé sur une démocratie pluraliste et participative.
Mon ambition demeure constante : je veux que chaque Centrafricain vive dans la paix et la sécurité et qu’il soit fier de son pays ; qu’il vive dans l’unité, la dignité et qu’il travaille sereinement pour le développement de son pays.
Je ne ménagerai aucune énergie pour asseoir solidement les valeurs d’intégrité morale, de probité, d’équité, de transparence, du goût de l’effort et surtout de la lutte contre l’impunité et la corruption.
Il nous revient de reconstruire notre pays, de mobiliser les bonnes volontés, d’apaiser les querelles stériles, de surmonter les divisions, de privilégier l’amour du prochain au nom de l’intérêt général.
Dans un contexte international marqué par une crise sanitaire et économique sans précédent, nous devons nous faire confiance mutuellement et nous élever au-dessus des circonstances du moment, en fixant nos yeux sur l’émergence de notre pays à moyen terme.
C’est d’ailleurs au nom de cet intérêt général que j’ai annoncé l’ouverture prochaine des consultations nationales en vue d’un dialogue républicain qui nous permettra, j’ose espérer, d’aboutir à une décrispation totale de la crise et de relancer notre pays sur la voie de développement.
Mes Chers Compatriotes,
Je viens de fixer les grandes orientations de la politique de la Nation pour ce nouveau quinquennat.
Le Gouvernement qui sera mis en place devra les traduire en actions concrètes pour répondre aux défis quotidiens de nos concitoyens.
En ce qui me concerne, je peux affirmer que pendant tout le mandat qui s’achève, je n’ai pas changé. Je suis resté un Président de la République à temps complet, un Président proche et à l’écoute de son peuple.
Le serment que je viens de prêter solennellement devant Dieu et devant la Nation est la démonstration de la force de notre Constitution.
A travers ce serment, nous affirmons ainsi la promesse de notre jeune démocratie qui fait son chemin.
Nous affirmons que ce qui nous lie en tant que Nation est bien au-delà de nos religions et de nos origines.
Nous affirmons que ce qui vibre en chacun de nous est notre adhésion au rêve de nos pères fondateurs, notre rêve à tous, le rêve centrafricain.
C’est au nom de ce rêve, qu’ensemble, nous gagnerons le défi de la paix, de la sécurité et de la réconciliation nationale.
C’est au nom de ce rêve, qu’ensemble, nous gagnerons le défi du développement de notre cher et beau pays.
En cette journée d’investiture, ne laissons pas les prophètes de malheur et d’apocalypse nous voler l’avenir.
En ces moments où le roulement des bottes et des armes tend à expirer, retrouvons désormais le silence et la sérénité tant espérés, pour édifier ensemble, main dans la main, la charpente salvatrice de la Paix et vaincre de façon définitive, la fatalité.
Vive la démocratie!
Vive la République Centrafricaine!
Je vous remercie.
La prestation de serment du Président de la République Faustin Archange TOUADERA Publié le: 31/3/2021 |
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