N’DJAMENA (LNC) — C’est menottes aux poignets, habillé d’un boubou jaune que le chef rebelle Abdel Kader Baba Laddé est arrivé vendredi en 8 à N’Djamena sous forte escorte.
Il a été immédiatement conduit au bureau du procureur de la République auprès du tribunal de N’Djaména Alghassim Khamis, qui lui a aussitôt signifié les motifs de son inculpation :
Rébellion, détention illégale d’armes, association de malfaiteurs, incendie volontaire de villages et viols.
Après son audition, son dossier a été transmis au doyen des juges d’instruction du tribunal de N’Djaména qui a ouvert une information judiciaire.
Quelques jours plus tôt, il avait été arrêté par les forces onusiennes de la MINUSCA, qui le remettront ensuite aux autorités centrafricaines; elles-mêmes avaient lancé un mandat d’arrêt international contre lui, sur instruction de N’Djamena, suite à une pression forte de l’hôte du palais Rose.
LES DESSOUS D’UNE MAGOUILLE
Etonnant de noter que celui qui encore il y a peu était le préfet tchadien de la région de la Grande Sido, et en outre fort apprécié dans la région comme préfet pour ses nombreuses actions sociales, soudainement soit devenu un paria, traité en malfaiteur.
Car les faits qui lui sont reprochés remontent à bien avant sa nomination en tant que préfet.
Le pouvoir tchadien découvrirait-il soudainement le passé plus que sulfureux de ce récurent des rébellions ?
Pour comprendre..
Abdel Kader Baba Laddé était jusqu’en 1998, un sous-officier de la gendarmerie tchadienne, date à laquelle il entrera en rébellion contre le régime d’Idriss Déby Itno, et fonde le Front populaire pour le redressement (FPR).
Dès lors, il passe avec ses troupes en République centrafricaine – pays servant souvent de base arrière aux différents groupes rebelles tchadiens, tant les frontières sont poreuses.
En RCA, Baba Laddé ne chôme pas, prêtant souvent main forte aux différents groupes irrédentistes centrafricains.
Et même, on retrouvera certains de ses hommes au sein de la coalition Séléka lors de son offensive en mars 2013 sur Bangui.
Depuis, il était dans le collimateur du président tchadien, toujours vivant dans crainte d’une nouvelle agitation rebelle contre son pouvoir.
Sous pression, Baba Laadé finira par signer sa réédition sans condition au début du mois de septembre 2012.
Mais 2 ans plus tard, surprise, en juillet 2014, il est nommé préfet de la région frontalière de la Grande Sido. Manière à l’époque pour le pouvoir de N’Djamena de le garder sous contrôle.
Mais fin novembre, il sera relevé brutalement de ses fonctions.
Mais Baba Laddé ne quittera pas la zone.
Officieusement, Idriss Déby le soupçonnait de ne pas lui être loyal, de ne toujours pas plier, et de continuer à alimenter des mouvements rebelles en profitant de sa position de préfet.
C’est ainsi que de N’Djamena, ordre fut donné de l’arrêter.
Prévenu à temps par un officier ami de l’armée, il aura juste le temps de s’enfuir.
En colère, Idriss Deby ordonnera alors à la MINUSCA de l’arrêter coûte que coûte.
Ce qui sera fait.
Puis suivra la parodie banguissoise de sa remise aux autorités centrafricaines, car le fait était déjà acté qu’il serait remis au pouvoir tchadien.
Bangui, dans une hypocrisie monstre justifiera son extradition au Tchad en disant respecter un accord de coopération judiciaire avec le Tchad.
Quant à la MINUSCA, difficile pour elle de se justifier, elle qui déjà ne traque aucun des fauteurs de trouble en Centrafrique.
Ainsi, comme toujours, quand Idriss Deby tousse, la Centrafrique s’enrhume.