Lettre aux Centrafricains
Mes Chers Compatriotes,
J’ai décidé aujourd’hui de me porter candidat à la magistrature suprême de l’Etat.
Cette décision, je l’ai prise après des mois de réflexion.
Plus que tout, les périls qui pèsent sur l’existence même de notre pays ont fini par vaincre mes réticences. Car l’œuvre est immense. Je le sais.
Le Centrafrique, jadis havre de paix, est devenu le théâtre de toutes les atrocités. Là où régnait l’harmonie entre les différentes communautés de la nation, il n y a plus que pogroms, assassinats et vengeances.
J’ai une pensée pieuse pour toutes ces vies qui ont été arrachées brutalement à l’affection de leurs proches, de leurs familles, touts ces vies qui ne seront pas mises au service de notre pays: paysans, commerçants, fonctionnaires, jeunes et vieux.
Ministre d’Etat dans le Gouvernement de la République mis en place suite à l’Accord de Libreville, j’ai essayé autant que faire se peut, d’être utile.
Ainsi, en prenant tous les risques, en ma qualité de Ministre Résidant du Mbomou, je me suis rendu à Bangassou pour procéder personnellement à l’arrestation du fameux « Colonel » Abdallah, qui y semait la terreur, pour le ramener à Bangui.
Hélas, beaucoup de vies n’ont pu être sauvées.
Je n’ai aucune peine à affirmer que, d’une certaine manière, en ma qualité de membre du gouvernement au moment des faits, je porte également le poids de cette tragédie. Pour une raison simple: gouverner, c’est être responsable. C’est ma conception du service public, et j’assume pleinement cette partie de l’histoire de notre pays.
Je me suis retrouvé dans le Gouvernement d’Union Nationale de Transition, car toute ma vie, j’ai voulu me mêler à l’aventure nationale, en apportant ma contribution à l’édification d’un pays prospère, respecté et ayant sa place dans le monde, par le travail, et une défense sourcilleuse de l’intérêt national.
Cet engagement trouve son fondement dans un constat précoce et affligeant: j’avais noté le terrible complexe d’infériorité de la classe politique de notre pays et son incapacité à faire développer notre pays.
Voila pourquoi, à 22 ans, Président de l’Association Nationale des Etudiants Centrafricains, je me suis retrouvé en exil, après avoir été radié de l’université pour fait de grève.
Le temps ne m’a pas changé. Je suis resté fidèle aux combats de ma jeunesse. Je n’y renoncerai jamais, tant que notre pays ne sera pas relevé, un et indivisible. Tant que vous n’aurez pas cessé de courber l’échine.
Je me battrai pour une véritable réconciliation entre les filles et les fils de notre pays.
De tous les candidats, moi y compris, personne n’est parfait, parce que de chair et de sang.
C’est pourtant parmi ces candidats qu’il faudra choisir un Président pour conduire la destinée nationale par très mauvais temps pour les cinq prochaines années.
Je souhaite que le génie national, qui s’est si souvent trompé, trouve justement le génie nécessaire pour porter à la tête de notre pays un homme qui saura réconcilier les Centrafricains avec eux-mêmes et montrer le chemin de la grandeur, qui passe inévitablement par l’effort.
Je veux être cet homme, qui saura littéralement inscrire positivement notre cher Centrafrique sur la carte du monde.
Je souhaite me consacrer à cette tâche, jusqu’à mon dernier souffle.
Ne confions pas notre commune destinée à ceux qui ne voient notre pays que comme une immense opportunité d’affaires et n’ont que mépris pour la majorité des Centrafricains et parlent d’eux avec condescendance. Construire des écoles, des hôpitaux, des routes, des bibliothèques, ce n’est pas leur préoccupation.
Ne confions surtout pas notre pays à ceux qui ont en eux-mêmes les démons de la division, du tribalisme, et qui ont déjà plongé ce pays dans le chaos.
La haine doit faire place à la fraternité entre nos différentes communautés.
Dieu bénisse la RCA.