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RCA : la coalition de l’opposition démocratique boycotte les consultations nationales

Publié le jeudi 29 avril 2021  |  journaldebangui.com
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© Présidence par DR
Dialogue Républicain: Le president de la république a rencontré les confessions religieuses et les présidents des délégations spéciales des préfectures
Lundi 26 avril 2021. Bangui. Le Chef de l`Etat a rencontré, en la salle du cinéma de la Présidence, la plate forme des confessions religieuses, les Présidents des Délégations Spéciales des Chefs-lieux des Préfectures et les Chefs traditionnels.
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La coalition de l’opposition démocratique (COD-2020), dans son ensemble, a refusé de prendre part aux consultations nationales en cours et le dialogue Républicain annoncé par le chef de l’État Faustin Archange Touadera, selon son porte-parole Maître Nicolas Tiangaye, Président du parti CRPS qui précise que le dialogue, s’il doit-il en avoir, il doit être inclusif, c’est-à-dire avec les groupes armés.
Ci-dessous la lettre de la COD-2020 au Président Touadera.

Monsieur le Président,

En date du 14 Avril 2021, Vous aviez bien voulu inviter 10 partis politiques de l’opposition démocratique regroupés dans la COD-2020, pour une rencontre citoyenne en prélude au dialogue républicain que Vous préconisez organiser.

En réponse, nous voulons rappeler qu’avant la tenue des élections groupées du 27 décembre 2020, qui a consacré Votre « victoire » vivement contestée au premier tour, la COD-2020 Vous avait à maintes reprises proposé la convocation d’une concertation des forces vives de la Nation afin d’éviter une crise post- électorale.

A cette revendication qui avait revêtu un caractère national, car elle était soutenue par toutes les composantes de la société centrafricaine et encouragée par la Communauté internationale, Vous aviez opposé une fin de non-recevoir afin de réaliser ce qui est considéré par la plupart des acteurs politiques, observateurs nationaux et internationaux comme un hold-up électoral. C’est une fois le forfait accompli que, sous la pression de la communauté internationale, Vous aviez pris de manière unilatérale la décision de convoquer un « dialogue républicain » dont Vous seul contrôlez toutes les étapes du processus, à savoir l’équipe technique d’appui, le choix des participants et les termes de référence. Ce faisant, vous prenez la responsabilité d’exclure certaines entités, tout en vous assurant de l’allégeance des participants pour la validation de ce que vous nommez « l’Acte d’Engagement Républicain ».

En ses séances extraordinaire et ordinaire des 20 et 22 avril 2021, la COD-2020 après examen des documents joints à ladite Invitation, a relevé d’énormes contradictions, irrégularités et manquements dans la démarche, le contenu et la constitution de l’équipe d’appui technique mis en place.

I) DES CONTRADICTIONS
Monsieur le Président, il y a une contradiction totale entre le décret du 26 mars 2021 portant création de l’équipe technique, les termes de référence du 12 avril 2021 qui sont le socle des évènements que Vous voulez organiser et le contenu de Votre message à la Nation du 18 avril 2021.

En effet, alors que dans le paragraphe 7 des termes de référence il est fait mention d’une consultation nationale qui constitue la première étape susceptible de conduire notre pays à un dialogue républicain, le décret verrouille cette approche consultative et en fait une approche définitive, fixant déjà la finalité du dialogue par la synthèse unilatérale des différentes consultations et la signature d’un acte républicain aux contours flous.

Ce décret en lui-même se contredit en ce qu’il annonce des consultations nationales comme préalables au dialogue républicain (article 2 alinéa 1).

Par ailleurs, il met en place une équipe technique d’appui pour « assister le Président de la République, Chef de l’Etat lors des concertations nationales préalables au dialogue républicain » d’une part et lui assigne d’autre part les tâches suivantes :

« – proposer la liste des participants aux consultations nationales ; établir le document final de synthèse des différentes consultations ; préparer le projet de l’Acte d’Engagement Républicain ; proposer une date pour la tenue de la séance de validation de l’Acte d’Engagement Républicain ; dresser le rapport des travaux ».

De ce fait, l’équipe technique d’appui devient de facto un comité préparatoire, un comité d’organisation et un secrétariat de rédaction du rapport d’un dialogue fictif.

Or, dans la partie de Votre discours du 18 avril qui annonce l’ouverture des consultations, vous avez déclaré ce qui suit : « L’objectif recherché de ces rencontres consistera à recueillir vos avis, recommandations et suggestions sur les résultats escomptés du dialogue républicain, ainsi que l’agenda d’intérêt national prioritaire, les principes fondamentaux à préserver et la méthodologie, y compris la conduite du dialogue, son format, ses animateurs et facilitateurs… »

Il est évident que cet objectif est assez éloigné de l’esprit du décret du 26 mars 2021 et des termes de références du 12 avril 2021.

De tout ce qui précède, la COD-2020 se pose la question sur le contenu et le contour de « l’Acte d’engagement républicain » alors qu’aucune allusion n’est faite de la date et du déroulement des travaux du dialogue républicain proprement dit. D’autant plus que les termes de référence de la Consultation Nationale précisent, entre autres, que « le Président de la République, Chef de l’État conduira personnellement ces consultations selon le chronogramme établi ».

Revenant à Votre message à la Nation du 18 avril 2021, Vous avez réaffirmé Votre disponibilité à engager un dialogue républicain avec l’opposition démocratique et toutes les forces vives de la Nation pour sortir notre pays de cette crise interminable qui plombe son développement socio-économique.

Dans la foulée de Vos propos, Vous aviez pris le soin de préciser que, pour ce qui concerne les groupes armés membres de la Coalition des Patriotes pour le Changement, (CPC) qui ont causé tant de souffrance à la population, à notre armée et aux forces alliées venues soutenir nos forces, il ne peut y avoir de concertations autres que celles qui leur sont offertes dans le cadre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation. Les responsables et complices devront répondre de leurs actes devant la justice. De ce fait, les combattants de nationalité centrafricaine devront obligatoirement passer par le désarmement et procéder à la dissolution de leur groupe sous le contrôle du Comité Exécutif de Suivi de la mise en œuvre de l’Accord.

Cette posture fait ressortir clairement Votre volonté de tenir deux dialogues républicains : le premier avec l’opposition démocratique et les forces vives de la Nation, et le second avec les groupes armés signataires de l’APPR, ce qui de l’avis de la COD-2020 serait loin de trouver des solutions appropriées à la crise actuelle et procurer une paix durable à notre pays.

Votre position est le reflet des déclarations de Monsieur Vladimir TITORENKO, Ambassadeur de la Fédération de Russie qui, au mépris des usages diplomatiques et de la souveraineté de la RCA, donne l’impression de se substituer à Vous pour prendre les décisions relatives au dialogue républicain.

II) DES IRREGULARITES ET MANQUEMENTS
Votre démarche unilatérale de la mise en place du comité d’appui technique et de la désignation des membres qui sont issus majoritairement des pouvoirs publics enlève tout caractère inclusif et républicain au dialogue que Vous entendez organiser, car la constitution de toutes équipes préparatoires et organisationnelles d’un dialogue républicain devrait être l’émanation de toutes les forces vives de la nation.

En définitive, le décret présidentiel verrouille toute possibilité de la tenue d’un véritable dialogue républicain comme annoncé dans Vos discours.

Par ailleurs, les traitements humiliants et infamants que Vous réservez à certains leaders de l’Opposition démocratique (interdiction de voyager, confiscation de leurs passeports, demande de levée de leur immunité parlementaire, etc.), montrent clairement Votre volonté d’étouffer toute contradiction pendant Vos concertations.

La concertation des forces vives de la Nation au dialogue politique inclusif doit mettre en perspective les enjeux suivants: ramener la paix sur tout le territoire centrafricain en réglant définitivement le problème des groupes armés ; régler durablement la crise postélectorale ; opérer les réformes structurelles au plan institutionnel ; mettre un terme à l’impunité et aux graves violations des droits de l’homme commises tant par les groupes armés que par les mercenaires Russes de la société privée WAGNER, la milice du régime dénommée « les Requins » et les pouvoirs publics (tueries, enlèvements, exécutions extra-judiciaires, pillages, incendies de maisons d’habitation et d’édifice publics, viols, arrestations arbitraires, atteintes à la liberté de circulation des opposants etc…) ; mettre en œuvre une véritable politique de réconciliation nationale ; traiter les questions de mauvaise gouvernance.

Pour atteindre les objectifs cités ci-haut, le dialogue politique inclusif devrait obéir aux exigences incontournables ci-après :

La Représentativité du Comité Préparatoire

La réussite de ce prochain dialogue repose sur la mise en place préalable d’un comité préparatoire élargi à toutes les composantes de la société centrafricaine, avec la mission de définir en toute indépendance le cadre formel du déroulement des assises avec les objectifs à atteindre.

L’inclusivité:

Elle implique la participation de toutes les forces vives de la Nation (partis politiques, société civile, pouvoirs publics, syndicats, plateforme des confessions religieuses, diaspora et groupes armés).

Le Consensus national

Ce consensus national sera dégagé de la synthèse des travaux et des compromis dynamiques que doivent s’imposer tous les participants sans exclusive.

Le parrainage/facilitation

Il serait illusoire d’envisager une sortie de crise sans l’appui et la contribution de la communauté internationale. La COD-2020 salue et soutient les initiatives entamées par les institutions sous régionales notamment la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL).

C’est pourquoi le dialogue politique inclusif doit être placé sous les auspices de la communauté internationale.

La supervision

Afin d’assurer la neutralité et l’impartialité des travaux, la COD- 2020 exprime le vœu que la direction des débats soit assurée par le Médiateur Permanent de la CEEAC sur la crise centrafricaine.

Le Comité de suivi et de mise en œuvre des recommandations
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