La stratégie globale de réconciliation en RCA prévoie une phase intermédiaire entre la signature de l’Accord de cessation des hostilités de Brazzaville et le Forum de Bangui : les consultations à la base dans toutes les seize préfectures du pays auprès des populations qui ont reçu l’effet de cette crise dans leur chair. La synthèse de ces consultations construira les documents de travail du Forum de Bangui. Samedi dernier, Catherine Samba Panza a annoncé le lancement de cette phase à Boda dans l’Ouest de la RCA. Ce mercredi 14 janvier à Bangui, un séminaire exécutif regroupant les ministres résidents des seize préfectures ; les membres du CNT et du Comité préparatoire est organisé dans la salle de conférence du Stade 20 000 Places et présidé par le Ministre de la communication Victor Waké représentant le Premier ministre.
Janette Dethoua, ministre de la Réconciliation, à cet effet, a précisé le cadre de ce séminaire : « Lors du Forum de Brazzaville marquée par la signature, le 23 juillet 2014 de l’Accord de cessation des hostilités en Centrafrique, des engagements importants ont été pris par toutes les parties signataires. Parmi ces engagements figure l’implication de tous dans le processus global de réconciliation dans notre pays. Si le Forum de Brazzaville constitue une étape déterminante pour le dialogue entre les Centrafricains, il est indispensable de comprendre que cet événement s’inscrit dans la stratégie nationale de réconciliation nationale, en vue de parvenir à une sortie apaisée du conflit dans notre pays. Tirant les leçons des expériences malheureuses du passé, le gouvernement a fait le choix de s’inscrire résolument dans un format de dialogue différent des précédents fora inter-centrafricains. Il s’agit d’un dialogue basé sur la participation inclusive de faire des populations de base le maillon central du processus. » a-t-elle affirmé avant de s’adresser aux participants : « Aujourd’hui, ce séminaire est l’occasion d’apprendre, d’échanger et de vous approprier les outils indispensables pour les opérations de consultation de nos concitoyens que vous aurez la lourde responsabilité de conduire sur l’ensemble du territoire national, mais aussi dans les sites clefs des Etats voisins où se sont réfugiés les Centrafricains. »
Le Séminaire bénéficie de l’appui de la Minusca qui est représentée par Mme Diane Corner Représentante spéciale adjointe de ladite force : « Ces consultations à la base constituent une étape clé dans cette transition qui doit mener à un avenir plus propice pour la République centrafricaine. C’est une opportunité unique qui permettra à tous les centrafricains et les Centrafricaines de s’exprimer, de participer dans le processus politique. »
La vingtaine de participants à ce séminaire ont été outillés sur des grandes thématiques d’ordre pratique. Il s’agit entre autres, de « vision et objectifs des consultations populaires dans le contexte du processus de réconciliation en Centrafrique » ; « Comment créer et maintenir des espaces de confiances pendant les concertations : questions pratiques et contextuelles dans les sous-préfectures ? » ; « Compétences fondamentales dans la conduite des consultations : rôle, qualités et compétences d’un facilitateur (écoute active, savoir poser de bonnes questions » ; « La structure et méthodologie des consultations populaires ».
Le président du Conseil national de la jeunesse Jean Félix Riva qui présente l’attente de la jeunesse vis-à-vis du processus de réconciliation en cours met plutôt l’accent sur l’importance de la pleine implication de la population : « Il ne faut pas perdre de vue que le Forum de Bangui est une étape historique dans notre pays. Pour cela, la jeunesse qui n’a pas seulement été victime, mais aussi acteur dans cette crise attend beaucoup de choses de ce séminaire. Mais, le vœu ardent, c’est de voir l’ensemble du processus se dérouler dans un climat d’apaisement et d’écoute. Nous savons que beaucoup de choses seront dites, mais il faut du temps pour écouter les Centrafricains, les laisser se défouler pour une meilleure implication de toutes les couches de la population, condition sine qua non d’une véritable réconciliation nationale dans notre pays. »
Notons que ce séminaire sera suivi par la formation des experts qui seront déployés dans les provinces, à partir du 19 janvier prochain. La fin des consultations populaires est prévue pour le 6 février, ce qui signifie que le Forum de Bangui n’aura pas lieu en janvier comme initialement annoncé.
Fred Krock, Bangui pour CNC