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Afrique centrale : le défi sécuritaire reste persistant dans la région du Lac Tchad

Publié le mardi 8 juin 2021  |  Corbeau News Centrafrique
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© Autre presse par Catianne Tijerina
Des Casques bleus de la MINUSCA lors d`une patrouille à Bangui
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« La dynamique sécuritaire dans les pays limitrophes du Tchad, y compris la Libye, le Soudan et la République centrafricaine, ainsi que les développements liés aux activités des groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad, pourraient affecter négativement la dynamique interne au Tchad », a ajouté François Lounceny Fall.

Aussi, selon lui, les Nations Unies et la communauté internationale devraient continuer à s’engager auprès de ces pays voisins, en étroite consultation avec les autorités nationales et les institutions régionales.

« La situation au Tchad, à la suite du décès du défunt président Idriss Déby Itno, a mis en évidence les défis auxquels la sous-région est confrontée pour faire face aux conséquences des changements inattendus de gouvernement », a souligné le chef de l’UNOCA, le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale.

Conformément à la position adoptée par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine et le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) qui s’est tenu vendredi dernier, la priorité des Nations Unies sera de soutenir les efforts de l’Union Africaine et de la CEEAC pour accompagner la transition au Tchad.

« L’UNOCA mobilisera le système des Nations Unies et travaillera avec les partenaires concernés pour soutenir un dialogue inclusif visant à assurer une transition rapide vers un régime démocratique et constitutionnel dans le pays. Un soutien extérieur cohérent à la transition dans le cadre de coordination mis en place par l’UA sera important », a-t-il insisté.

Il a fait état de la menace persistante générée par les agissements de Boko Haram dans la région du Lac Tchad. Notant que la situation sécuritaire dans la région s’est détériorée, il a prôné un renforcement de la coordination entre les quatre pays concernés, d’autant que les besoins humanitaires ont augmenté et que les ressources diminuent.

« La menace accrue et aggravée que représente Boko Haram dans le bassin du lac Tchad reste une grande préoccupation », a également fait valoir le diplomate guinéen.

La situation déjà tendue dans les régions camerounaises anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’est aggravée, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme

Covid-19 et menaces diverses

Par ailleurs, le Représentant spécial a indiqué que la violence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun n’a pas diminué. Une nouvelle escalade de la crise entraîne davantage de souffrances pour la population civile et des violations généralisées des droits de l’homme, aggravées par l’impact de la Covid-19.

François Lounceny Fall a également regretté le fait que les groupes armés non étatiques continuent de représenter une menace pour la paix et la sécurité dans toute la région, avec un impact horrible sur les populations civiles, à l’instar de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Évoquant les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), il a indiqué que la pandémie de Covid-19 a continué d’avoir un impact, bien que la situation s’améliore progressivement, grâce à une combinaison de programmes de vaccination et de prévention mis en œuvre par les gouvernements de la sous-région.

L’Afrique centrale reste à ce jour la sous-région du continent africain où le nombre d’infections et de décès dus au Covid-19 est le plus faible. Au 15 mai, les données officielles montrent que 222 882 cas ont été signalés dans la région et que 3 635 personnes ont perdu la vie depuis le début de la pandémie.

Le Représentant spécial a rappelé que la 51ème réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) organisée à Bujumbura, le 28 mai, outre la situation au Tchad et en République centrafricaine, a abordé la question des processus électoraux en Afrique centrale. Le segment ministériel a recommandé l’élaboration d’un protocole sous-régional sur la gouvernance électorale et les élections démocratiques en Afrique centrale.

Depuis le dernier examen de la situation en Afrique centrale, en décembre, des élections ont eu lieu dans quatre pays, à savoir la République centrafricaine, le Tchad, le Gabon et la République du Congo alors que la sous-région se prépare aux prochaines élections, notamment à Sao Tomé-et-Principe le 18 juillet.

S’agissant du Burundi, il a fait état de consultations avec les autorités nationales et les partenaires internationaux qui ont mis en évidence les efforts déployés par le pays pour remédier à ses fragilités et aller de l’avant.

« Je pense que l’aide de la communauté internationale serait nécessaire pour soutenir les efforts nationaux visant à reprendre la coopération avec les partenaires internationaux, à promouvoir la réconciliation et l’unité nationales, à faire face à la crise économique et financière, à répondre aux enjeux de la Covid-19, à atteindre les Objectifs de développement durable, promouvoir les droits de l’homme, lutter contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et relever les défis de la sécurité climatique », a-t-il souligné.

Des femmes préparant la terre avant de planter des pommes de terre, à Gashikanwa, au Burundi.

Piraterie et changement climatique

Le Représentant spécial a par ailleurs estimé que la criminalité maritime dans le golfe de Guinée reste une menace sérieuse pour les Etats de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Au cours du premier trimestre de cette année, la région maritime de l’Afrique centrale a enregistré plus d’incidents que celle de l’Afrique de l’Ouest, malgré les mécanismes bilatéraux en place pour faire face à l’insécurité maritime.

Abordant enfin l’impact négatif du changement climatique, François Lounceny Fall a fait valoir que cette tendance va probablement s’aggraver au cours des prochaines décennies, et devrait se traduire par une augmentation des catastrophes naturelles, entravant les progrès socioéconomiques et exacerbant les tensions politiques et sécuritaires dans la sous-région.

« L’on devrait s’attendre à ce que les lourdes conséquences climatiques exercent une pression croissante sur les capacités des gouvernements et des communautés à faire face aux multiples défis, avec des conséquences potentiellement importantes pour la paix et la sécurité », a-t-il mis en garde.

Enfin, le Représentant spécial a plaidé pour une prorogation de trois ans du mandat de l’UNOCA, conformément aux recommandations du Secrétaire général, pour une période allant du 1er septembre 2021 au 31 août 2024.

« Les développements récents, en particulier la transition au Tchad, ont mis en exergue plusieurs obstacles à la paix et la sécurité pouvant avoir des conséquences négatives sur la paix et la stabilité régionales », a-t-il déclaré.

La prorogation du mandat de l’UNOCA permettrait au Bureau de consolider son partenariat avec la CEEAC réformée, en vue notamment de prévenir les conflits et préserver la paix, de renforcer la bonne gouvernance et l’intégration régionale, mais aussi de relever les défis en matière de sécurité transfrontalière, a-t-il fait valoir.
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