ls sont 20 pensionnaires de la prison centrale pour hommes de Ngaragba à avoir choisi le métier de la plomberie. Parmi eux, Aubin (nom d’emprunt), dont la journée commence par le même rituel : enfiler la tenue de travail et surtout les chaussures de sécurité. Après les instructions des formateurs, lui et ses co-équipiers se mettent à l’ouvrage…
C’est une formation professionnelle organisée au bénéfice des détenus de la prison centrale de Ngaragba et celles de la maison d’arrêt et de correction des femmes de Bimbo à Bangui. Pour cette vague, les 50 détenus, dont 7 femmes, ont porté leurs choix sur les métiers de plomberie sanitaire, de menuiserie-bois et de fabrication de fours solaires.
Une action rendue possible, entre mars et juin 2021, grâce au ministère de la Justice via l’ONG Penal Reform International, avec le soutien de la MINUSCA. « On nous en a appris sur la canalisation, et on nous a appris aussi comment on distribue l’eau. Je connais comment on distribue l’eau, comment installer les appareils sanitaires dans une salle de bain. C’est ce qu’on nous a appris. Apres cela, si Dieu me prête la vie je vais sortir, et je vais m’appliquer », confie Aubin.
A la maison carcérale de Bimbo, ce sont des pensionnaires concentrées qui mesurent, coupent, disposent les baguettes et tôles composant les cuiseurs solaires qu’elles apprennent à fabriquer sous le regard vigilant du formateur Mangada Riche Aban, par ailleurs professeur de menuiserie au lycée technique de Bangui. « L’objectif de cette formation est de les préparer à la réinsertion afin qu’à leur sortie elles puissent, soit seules, soit en coopérative, avoir une activité génératrice de revenus permettant de subvenir aux besoins de leurs familles », indique ce dernier. Il est à noter également que le choix des cuiseurs solaires répond à une autre problématique nationale, notamment la réduction du déboisement des forêts pour les besoins des ménages, notamment le bois de chauffe, fait valoir l’instructeur.
La quasi-totalité des apprenants espèrent retrouver une vie meilleure et surtout un emploi une fois leurs peines expirées. C’est tout l’objectif du projet, à savoir permettre à ces jeunes détenus en fin de peine d’obtenir un emploi grâce à la formation reçue, ce qui conduirait à réduire le taux de récidive au sein de la population carcérale.
« Dès que je sortirai de la prison, je ne vais plus m’aventurier, si le bon Dieu me prête vie. J’ai des enfants et mes petits fils à ma charge. Si j’arrive à avoir mes outils personnels, les personnes qui n’ont pas d’emplois je vais les prendre à mes côtés, je vais leur montrer ce que j’ai appris », promet une pensionnaire sexagénaire qui requiert l’anonymat.
Serge, la trentaine entamée, nourrit, lui aussi, des rêves à l’issue de sa formation en menuiserie. Il y a un an et six mois, peu après sa condamnation, le monde s’effondrait autour de lui. « Je remercie la MINUSCA qui nous a amené ce projet. Je croyais que c’était fini pour moi. Auparavant, je n’avais pas de métier, mais maintenant ce n’est plus le cas. Là j’ai déjà un métier. Quand je serai dehors, je serai capable de fabriquer des meubles tels que des lits, des chaises, des armoires, etc. », se réjouit-il. Le jeune garçon de lancer un appel : « La population pense qu’ici à la maison d’arrêt, celui ou celle qui y vient n’a rien à faire, sa vie est déjà foutue. Mais je me suis rendu compte qu’ici, à la maison d’arrêt centrale, on nous a appris quand même quelque chose qui pourrait nous être utile demain ».
Cette formation, qui participe au processus de réinsertion sociale des détenus, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de démilitarisation des établissements pénitentiaire en République centrafricaine. Elle sera sanctionnée par les remises de certificats professionnelles aux bénéficiaires, preuve qu’ils sont désormais aptes à exercer valablement leur métier.