De prime abord, il est malaisé que l’on sous-estime certains prétendants à la présidence de la République sous prétexte qu’ils sont des néophytes dans l’arène politique. De même, il serait judicieux de chercher à comprendre les raisons profondes de la pluralité des candidats à la magistrature suprême avant de l’assimiler à tort et à travers. A contrario, ces diverses candidatures qui s’enchainent en cascade et en cavalcade dans le pays, démontrent à suffisance que le jeu démocratique est l’apanage de tous. Qu’on se l’avoue, l’avalanche des candidats est la résultante des multiples facettes de la crise contemporaine. Le mal ayant pris plusieurs visages, de nombreuses personnalités ont décidé d’affronter sur le terrain des idées, les politicards de tout poil qui n’ont qu’une seule cible : la magistrature suprême.
Tellement l’ethnocentrisme, l’égocentrisme, l’égotisme,le clientélisme, l’affairisme, le népotisme, la « familiocratie », la ségrégation et le mépris garnissent les arrières boutiques de la politicaillerie centrafricaine et les arrières pensées des citoyens endurcis par les crises à répétition, certains Centrafricains assurément révoltés ont décidé de croiser le fer avec les vieux briscards de la politique en vue de favoriser le vent du changement qui tarde à prendre corps dans le pays. De la même manière que les vieux bâtiments s’effritent par petits morceaux, les partis politiques du pays se délitent au point que les habitués de la course à la présidence s’agitent à tout va depuis que la liste des candidats ne cesse de se rallonger.
A entendre Michel Amine, Eddy Symphorien Kparekouti et Sylvain Sami qui sont tous candidats au fauteuil présidentiel, la bataille risque d’être très serrée. Les trois prétendants se sont imprégnés de la méthode « bulldozing », une communication très offensive, pour s’offrir manifestement une place parmi les figures de proue qui lorgnent le pouvoir de Bangui. En vérité, la méthode « bulldozing » consiste à lancer des piques, à polémiquer avec une insistance qui frise la coquetterie et à envoyer sans difficulté des uppercuts aux autres candidats dans l’unique but de se frayer un chemin. Ainsi, l’on entendit déjà des mots crus et des allégations non fondées suscitant au passage un tohu-bohu sans précédent. On se souviendra encore des accusations publiques de Michel Amine contre le président de l’URCA Anicet Georges Dologuelé l’obligeant à sortir de sa placidité de châtelain.
Si Michel Amine le président de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) raffole cette communication offensive, Eddy Symphorien Kparekouti le président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR) et Sylvain Sami le candidat d’Union et de la Réconciliation, l’utilisent avec une attrayante modération. D’un côté, les trois candidats tiennent vaille que vaille à bousculer les lignes politiques des uns et des autres, de l’autre côté ils sont déterminés à se présenter comme les candidats de la rupture. Quand bien même Michel Amine utilise les nerfs de la guerre pour séduire ses potentiels électeurs, il est aisé de reconnaitre qu’ Eddy Symphorien Kparekouti le patron de Bangui International LTD, une Agence Immobilière et de Courtage basée à Dar Es Salam en Tanzanie, s’arc-boute sur la proximité pour persuader les Centrafricains à porter leur choix sur lui. Quant à l’Opérateur économique Sylvain Sami, il croit dur comme fer que c’est la jeunesse qui détient la clé de la présidence. C’est pour cela qu’il compte aller à la rencontre de cette jeunesse ces temps-ci.
Quoiqu’il advienne, c’est le peuple qui sortira vainqueur de ces futures élections générales. Quant à nous, nous continuerons à brandir les mots contre des maux pour recadrer les débats.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste