Trois jours après l’arrestation du général Anti-Balaka, Eric Ngaibona alias Andjilo, tout ne semble pas aller sur les rails au sein de la représentation onusienne en Centrafrique. Pour la petite histoire, c’est peu avant la fin de la journée du 17 janvier que le contingent camerounais de la Minusca, basé à Bouca a appréhendé et arrêté l’un des généraux de cette milice auto-défense. Transféré ensuite à Bangui le dimanche 20 janvier, Andjilo est gardé à la Section de Recherches et d’Investigations pour nécessité d’enquête.
Des informations concordantes, recueillies auprès de plusieurs agents de la Minusca, font état des tractations au sein de l’équipe de la Minusca à Bangui. Une véritable bataille est engagée pour trouver une issue pacifique à l’arrestation de Andjilo. «Il y a eu pour les deux jours passés, plusieurs réunions tenues et beaucoup de concertations. Aucune information n’a filtré de ces échanges et rencontres. Depuis octobre 2014, aucun incident d’envergure n’a été enregistré jusque-là. Si l’arrestation de Andjilo tend à faire remonter la tension, il faudrait bien que les gens mettent les bouchées doubles.», explique-t-on à la Minusca.
Un politique centrafricain parle d’un réel coup de massue pour la Minusca. «Il me semble que la neutralité, l’impartialité et les valeurs comme l’égalité ont toujours fondé les actions des Nations Unies dans n’importe quel pays où il y a une intervention onusienne. Or, dans le cas de la RCA, nous constatons, nous autres qu’il y a une justice à double vitesse pratiquée par la Minusca à l’égard des chefs de guerre qui sévissent dans le pays. Nous comprenons la réaction des caciques des chefs de guerre arrêtés. Nous regrettons les prises d’otage. Mais la Minusca est comptable de tout cela », regrette-t-il tout en refusant de décliner son identité.
Joseph Bindoumi, qui est ancien procureur et président de la Ligue Centrafricaine évoque pour sa part, des actions tendant à perturber le prochain forum de Bangui et à déstabiliser la République Centrafricaine. « L’arrestation de Andjilo pour moi c’est un trouble que les gens cherchent à créer dans le pays. Depuis que Andjilo commet des crimes en République Centrafricaine, il est connu de la Sangaris, de la Minusca, et de tout le monde. Et nous avons demandé à plusieurs reprises que les auteurs des crimes comme Ali Daras à Bambari, Nourrédine à Birao et ceux de Kaga-Badoro et Ndélé, y compris Andjilo soient arrêtés. Mais personne n’a voulu le faire. Et c’est à ce moment où les Centrafricains se préparent pour le forum qu’on décide d’arrêter Andjilo, pour mettre de l’huile sur le feu », regrette-t-il.
Interrogés sur d’éventuelles réactions suites à l’arrestation de Andjilo, les services de communication de la Minusca ont affirmé à certains professionnels des médias qu’une réaction de leur part est en cours de préparation. «Nous ne pouvons pas réagir maintenant. Une déclaration est en cours de rédaction. La position de la Minusca et du représentant du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies sera rendue publique quand tout est fait», raconte-t-on dans les coulisses de la Minusca à Bangui.
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