A quelque chose malheur est bon, dit-on.
Approuver dans le schéma actuel de l’histoire de Centrafrique depuis la fin de l’année 2012, c’est presque admettre que l’avènement de la Séléka et la déstabilisation du pays, avec toutes les exactions qui vont s’en suivre, aurait été ou serait une bonne chose. Ainsi, le malheur subi par le peuple centrafricain dans son ensemble, pourrait être perçu comme un martyre salutaire, salvateur. Ce serait donc dire ou croire que ce drame aura été bénéfique pour le pays, en dépit des lourdes pertes humaines enregistrées avec une irruption qui n’a été rien de moins qu’infernale.
Nous sommes très loin de croire que le changement survenu en Centrafrique, en dépit du fait qu’il a permis de mettre un terme à un système de gouvernance contesté par la plupart des centrafricains, soit l’expression, l’illustration, de la forme de gouvernance souhaitée par le peuple.
A quelque chose malheur est bon, c’est tout simplement comprendre que le malheur, qui a frappé les centrafricains, a permis quelque part à ces derniers de prendre conscience d’un certain nombre de choses, qui les aideront à organiser, à orienter et à concevoir la gouvernance de leur pays d’une manière à sortir des sentiers battus, ces sentiers qui ont conduit le pays à la ruine.
Ainsi, on peut le constater à travers les réactions, les prises de position des uns et des autres par rapport à certaines décisions majeures, ces décisions qui demain, permettront d’échafauder l’armature de la gouvernance du nouveau Centrafrique.
La nomination d’un représentant de la diaspora, par les pouvoirs publics de Bangui, a soulevé, au sein de cette diaspora, surtout celle de France, un tollé tel que de tous les coins du pays, on a entendu des voix s’élever pour protester contre une telle nomination, qui semblait leur tomber sur la tête comme le verdict du président de tribunal anéantissant tous les espoirs de l’accusé.
Les représentants de certaines associations ne s’en sont pas laissé compter, mêlant parfois leur voix, d’une manière tonitruante avec l’espoir d’être entendus mieux que les autres. Certains allant jusqu’à ne pas accepter de reconnaître l’existence des autres, pour la simple raison qu’ils craignaient l’ombre qui risquait de s’abattre sur eux. D’autres aujourd’hui croient que parce qu’ils ont déclaré leur structure de manière officielle, cela leur confère le droit de parler au nom de l’ensemble, quand bien même ils n’auraient reçu aucun mandat de la part de ceux-ci.
A se poser la question de savoir, alors, que reprocheraient-ils au gouvernement de nommer à sa convenance, un représentant dont le profile sied à ses méthodes de gouvernance ?
La démocratie centrafricaine est en plein balbutiement. Elle se cherche. Et dans cette quête, la diaspora a l’avantage de percevoir les problèmes avec les yeux de quelqu’un qui est à la fois loin et près de la scène, donc l’observation de quelqu’un capable de s’élever pour ne pas voir les problèmes sous le prisme d’un passionné aveuglé par ses propres inclinations intérieures.
Le Centrafrique a besoin de sa diaspora, toute sa diaspora avec ses compétences diverses, et il faut plutôt travailler à rassembler cette diaspora qui en a tellement besoin, au lieu de songer toujours à être en première, et de tout faire pour que les choses soient ainsi, sans avoir au préalable réuni les conditions pour que les choses soient ainsi. Ceci relève des mauvais plis que nos responsables ont pris depuis, et il est temps de faire les choses autrement, avec l’adhésion d’une majorité réelle.
Il en va de notre avenir, il en va de l’avenir de notre pays.
Adolphe PAKOUA