Washington s'était engagé à donner 5 millions de dollars à qui permettrait la capture du numéro deux de l'Armée de résistance du Seigneur. Un pactole que réclament les rebelles de l'ex-Séléka...
Peut-on récompenser les rebelles de l'ex-Séléka, l'ancienne coalition qui a fait tomber François Bozizé ? Depuis l'arrestation de Dominic Ongwen dans le nord-est de la Centrafrique, le 5 janvier, c'est le dilemme auquel Washington est confronté. Car la tête du numéro deux de la sanguinaire Armée de résistance du Seigneur (LRA), la rébellion ougandaise de Joseph Kony, était mise à prix : les États-Unis avaient promis 5 millions de dollars (environ 4,3 millions d'euros) à qui permettrait sa capture. Les Séléka, qui affirment avoir remis Ongwen aux forces spéciales américaines, espèrent empocher le pactole.
Au-delà de l'enjeu financier - "Les Séléka ont d'autres moyens de financement", estime un diplomate européen à Bangui -, il s'agirait d'une reconnaissance symbolique de la part des États-Unis. Car sur la scène internationale, les anciens rebelles auraient bien besoin de redorer leur blason : sous le coup de sanctions des Nations unies pour les exactions commises en Centrafrique, ils affrontent encore régulièrement les soldats français de l'opération Sangaris.
Encore des exactions
En novembre 2013, l'ex-président Michel Djotodia, de la Séléka, avait affirmé pouvoir obtenir la reddition de Joseph Kony - ce dont doutaient certains experts. C'était à la veille de l'intervention française qui allait démanteler la rébellion centrafricaine. Grâce à leur contribution à la capture d'Ongwen, les ex-rebelles pensaient donc enfin gagner la reconnaissance dont ils rêvaient, ce qui explique sans doute leur impatience. "Non seulement les Américains ne nous ont pas donné l'argent, mais ils n'ont pas reconnu ce que nous avons fait sur le terrain", s'est énervé Mounir Ahamat, commandant en second de la région de Sam-Ouandja, sur les ondes de la BBC, le 9 janvier.
Depuis, les États-Unis ne démentent ni ne confirment le versement d'une récompense. "Pour des raisons de sécurité, nous ne révélons pas publiquement si des paiements du Programme de récompense pour les crimes de guerre sont effectués", explique Rodney Ford, le porte-parole du bureau des affaires africaines du département d'État. Pour Washington, démentir tout paiement serait prendre le risque de se priver de précieuses collaborations ultérieures. Car même si les redditions au sein de la LRA n'ont jamais été si nombreuses qu'en 2014, ces miliciens en guenilles commettent encore des exactions : ils auraient enlevé près de 300 personnes en Centrafrique, selon l'ONG The Resolve LRA Crisis Initiative.
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