La Section de Recherches et d’Investigations vit la pire des périodes troubles de son histoire. Une tragédie-comique dirait-on pour expliquer et camoufler les errements de ce centre de recherches et d’investigations. Entre une Minusca, voulant coute que coute mettre de l’ordre, pacifier et lutter contre l’impunité mais confrontée à un contexte insaisissable et une force intérieure centrafricaine connaissant les coins et les recoins sinon les petites arcanes de la réalité socio-culturelle de son pays, il y a bien des égards des raisons de s’interroger et de réaffirmer l’implication des forces de défense et de sécurité intérieure dans n’importe quelle action dont le but serait de traquer les bandits, d’arrêter les malfrats et de réprimer les infractions.
Il y a peut-être à peu près une semaine, les soldats de la Minusca sont partis mettre la main sur des membres d’une famille qui se seraient rendus coupables de vol d’un véhicule de la société de téléphonie mobile Azur. Arrivées sur les lieux à 4h du matin, les soldats onusiens, essentiellement des pays limitrophes de la RCA (nous taisons à dessein les noms) ont intimé l’ordre aux propriétaires de la maison d’ouvrir la porte sinon ils la forceraient. Pris de peur, le père de la famille est sorti. Sans poser de questions, on lui a mis les menottes; son frère veut sortir, ce sont les menottes qui l’attendent et leur jeune garçon qui a connu le malheur de sortir a eu droit au même traitement. C’est assis sur leur puits que les interrogatoires ont commencé. « Où est le véhicule de Azur volé et déposé ici? », dit un haut gradé commandant l’opération. Le père de la famille répond en disant que « il n’y a pas de véhicule volé ici. Il y avait seulement un camion IVEKO mais il est déplacé depuis plus de deux mois ».
Un soldat de la Minusca ayant remarqué que leur équipe était sur une fausse piste, l’a fait savoir à son supérieur mais celui-ci n’a pas obtempéré, préoccupé par les résultats que produira son opération. C’est ainsi que les trois membres de cette famille seront conduits nuitamment à la Section de Recherches et d’Investigations.
Au moment des dépositions, les officiers de police judiciaire de la SRI vont très vite remarquer que les personnes arrêtées n’étaient pas celles qui devaient l’être. Sur le champ, un haut gradé de la SRI a lâché, « c’est ça, les gens veulent travailler seul dans un pays qu’ils ne maitrisent pas. C’est ça la conséquence, on arrête des gens par confusion ». Les trois personnes devaient être libérées aussitôt mais le lieutenant de la gendarmerie chargé de leur libéré n’était pas sur les lieux, préoccupé ce jour par les tractations nées de l’arrestation du général des ex-Anti-Balaka, Rodrigue Ngaibona alias Andjilo. Les pauvres passeront toute la journée à la SRI.
Un autre officier a confié à ces personnes, victimes des errements de la Minusca qu’elles ne sont pas les premières à subir ce genre de sort. « Presque tous les jours, la SRI fait face à ce genre de situation. On nous amène des gens qui n’ont rien à voir avec les faits qui leur sont reprochés. Nous ne savons plus quoi faire, dans la mesure où nos propositions ne sont jamais prises en compte et nos remarques sont toujours considérées comme contre productives. C’est l’un des pays rares de la planète où les soldats nationaux sont laissés pour compte même lorsqu’ils sont en activité ».
Mister