C’est le grand revirement de la journée avec la réaction de la Coordination Nationale des Anti-Balaka qui est devenue depuis quelques mois un Parti Politique et dirigé par Patrice Édouard Ngaïssona. Une source proche de ce dernier nous a fait comprendre qu’il est en train de faire tout pour détacher la milice Anti-Balaka des actes commis par ces bandits. La même source parle même d’un acte de sabotage orchestré par des opposants à Ngaïssona en vue de briser son rêve politique. Le président du Parti centrafricain pour l’Unité et le Développement (PCUD) est plus que jamais anéanti. Comment explique-t-on ce revirement?
D’abord souvenez-vous du 29 novembre de l’année dernière quand le Patron des Anti-Balaka Monsieur Patrice Édouard Ngaïssona déclarait lors d’une assemblée générale extraordinaire organisée par la Coordination Nationale des Anti-Balaka dans la salle de conférence du complexe sportif Barthélémy Boganda à Bangui qu’à partir de ce jour, la milice Anti-Balaka n’existe plus et à cet instant-même, aucun élément Anti-balaka ne doit utiliser les armes, quel qu’en soit le motif. Les armes doivent être toutes enterrées. Un grand discours qui n’a, semble-t-il, pas d’effets sur le terrain. Pourquoi?
Lire article : Anti-Balaka, c’est désormais le Parti Centrafricain pour l’Unité et le Développement (PCUD)
Ngaisso l’Homme incontournable.
Pour comprendre, revenons-nous un peu sur le passé du Président du PCUD (Ex-AntiBalaka) Monsieur Ngaïssona. Depuis plus de dix (10) ans, ce Monsieur évolue dans l’ombre de la famille Bozizé et de l’Ancien Président François Bozizé. Il a bâti toute sa richesse à travers les différentes relations entretenues avec les poids lourds du régime défunt de Bozizé. Il fut d’ailleurs le dernier Ministre de la jeunesse et des Sports du dernier gouvernement de Bozizé dirigé par Professeur Faustin-Archange Touadéra. Or, après la chute du pouvoir de Bozizé et la création de la Milice anti-balaka puis leur attaque sur Bangui, Patrice Édouard Ngaïssona cherche à se positionner sur l’échiquier politique national comme l’homme incontournable dans la résolution de la crise qui a touché la Centrafrique. Avec besoin, il a pris la tête de la milice Anti-balaka et devient Coordonnateur National. Un poste qui n’existait pas auparavant mais créé dans la foulée et secrètement par l’ancien Président François Bozizé pour coodoner les actions des Anti-Balaka. Or, plus la crise dure, plus Ngaïssona devient populaire au milieu Anti-Balaka dit modéré. Il multiplie des réunions avec les autorités, avec le gouvernement, avec la Communauté internationale. Petit à petit, l’homme dévient incontournable et Ngaïssona n’est plus Ngaïssona du début de l’événement.
Ngaissona se détache de son Oncle Patron François Bozizé
Vu la position occupée dorénavant par le Coordonnateur des Anti-Balaka, celui-ci se détache petit à petit de son Oncle patron l’Ancien Président François Bozizé. Les contacts téléphoniques deviennent de plus en plus rares et on assistait même à des échanges des petits mots choquants entre eux. L’un commence à accuser l’autre de trahison. Désormais, deux clans se créent au sein même du groupe Anti-Balaka : l’un qui est resté fidèle à l’ancien Président François Bozizé (souvent considéré comme l’aile dure des Anti-Balaka) et un autre à Ngaïssona (L’aile modérée). Le Patron de la Coordination Nationale ne supporte plus cette division et décide d’officialiser son indépendance de la famille Bozizé.
De la Milice Anti-Balaka au Parti Politique
En octobre de l’an dernier, Monsieur Ngaïssona décide de convoquer de la Coordination Nationale des Anti-Balaka son équipe pour leur expliquer son désir de transformer cette milice à un parti politique. Il a avancé quelques arguments et toute l’équipe est favorable. Une date est fixée et le numéro des Anti-Balaka officialise son parti politique le 29 novembre 2014 à Bangui en présence de beaucoup des diplomates et hommes politiques. C’est un succès pour cet homme qui a longtemps vécu sous son Mentor l’ancien président François Bozizé. Le clan Bozizé n’a pas supporté cette mutation surtout que Ngaïssona et son équipe étaient tous des militants du parti KNK de l’ancien Président Bozizé. Le KNK (Kwa Na Kwa) est affaibli négligé par le nouveau parti de Ngaïssona qui recupere quasiment tous les jeunes de ce parti.
Riposte de Bozizé.
Pour anéantir et réduire la montée en puissance de Ngaïssona, le clan Bozizé utilise une stratégie simple : saboter tout acte posé par le Président du PCUD et créer un petit groupe d’extrême-droite au sein même des Anti-Balaka. C’est le début d’une guerre silencieuse et sans merci.
Les braquages, vols, viols et enlèvements de ces derniers mois sont des œuvres de l’aile extrémiste dirigée secrètement avec main de fer par le clan Bozizé afin de, non seulement contrecarrer les actions de Ngaïssona, mais perturber aussi les élections programmées pour Juin – Juillet 2015 le tout dans une perspective d’un retour obligatoire de l’ancien Président François Bozizé à Bangui car la vie est dure à l’étranger.
Bangui, Gisèle MOLOMA pour CNC